Le sorgho, une plante d’avenir
Face au changement climatique, le sorgho, céréale originaire d’Afrique, suscite de plus en plus d’intérêt. Elle peut être utilisée en alimentation animale et humaine. En France, sa culture progresse vers le nord. Malgré ses atouts la production stagne cependant, faute de débouchés.
Face au changement climatique, le sorgho, céréale originaire d’Afrique, suscite de plus en plus d’intérêt. Elle peut être utilisée en alimentation animale et humaine. En France, sa culture progresse vers le nord. Malgré ses atouts la production stagne cependant, faute de débouchés.
«C’est une plante au potentiel étonnant et qui présente un éventail de solutions pour accompagner la transition agro-écologique.» Pour Régis Boisseau, délégué régional sud-ouest de la Semae, l’interprofession des semences, le sorgho est la plante la mieux adaptée pour affronter le réchauffement climatique. La France est le premier producteur européen de sorgho et de semences de sorgho. Traditionnellement cultivée en Occitanie et en Provence, la culture se développe au nord d’une ligne Bordeaux-Lyon, principalement dans la région Centre-Val de Loire, grâce aux nouvelles variétés mises au point qui améliorent la précocité et la résistance au froid. Une plante résistante à la sécheresse Le sorgho est originaire d’Afrique où sa culture remonte à plusieurs milliers d’années. Elle s’est répandue sur les autres continents durant le XIXe siècle.
Aujourd’hui, après le maïs, le riz, le blé et l’orge, c’est la cinquième céréale la plus produite au monde, essentiellement aux États-Unis et en Australie. En Europe, la production a augmenté de 20 % en cinq ans et la France est le premier producteur. C’est bien évidemment sa résistance à la chaleur et à la sécheresse qui suscite son intérêt aujourd’hui et qui pourrait en faire un complément au maïs. Elle peut supporter des températures de 35°, et surtout, elle consomme 30 % d’eau en moins que le maïs. Pour Aymeric de Coussergue, riziculteur mais aussi multiplicateur de semences de sorgho en Camargue, la résistance de cette plante s’explique par «un système racinaire ramifié, qui lui permet d’aller chercher l’eau en profondeur, doublé d’une surface foliaire plus petite que le maïs et donc moins sujette à évaporation.» Elle est par ailleurs beaucoup moins consommatrice d’azote ou d’autres intrants.
Production irrégulière
Le débouché principal en France est celui de l’alimentation animale, en grains secs pour les volailles, en grains humides pour les porcs. Le sorgho fourrager est utilisé pour le bétail, en pâture ou en ensilage, dont la moitié consommé directement à la ferme. Le reste étant exporté en Espagne pour l’élevage porcin. En alimentation humaine, le sorgho qui est plus répandue à l'état sauvage sous les climats tropicaux et subtropicaux que sous nos latitudes, présente l’avantage d’être une céréale sans gluten et riche en protéines. La plante peut être consommé en farine, en biscuiterie ou en bière. À noter aussi le marché de niche que constitue l’oisellerie.
Enfin, le sorgho peut-être une ressource pour la méthanisation. Malgré ces atouts reconnus et les recherches variétales qui ont permis d’élargir les zones de culture, la production est encore irrégulière. Elle est passée de 300 000 tonnes en 2020 à 200 000 tonnes aujourd’hui. Pour les acteurs de la filière et notamment Eurosorgho, fruit d’un rapprochement entre Artéris et Euralis en 2009, ce plafonnement s’explique par des problèmes de débouchés en France. D’une part, on constate une faible intégration de cette plante dans l’alimentation animale et, d’autre part, il y a une méconnaissance de ses qualités pour une meilleure utilisation dans l’alimentation humaine.