Légumes et pommes de terre : de bons résultats de campagne
Expandis a tenu son assemblée générale la semaine dernière.
Le point sur la campagne pomme de terre et légumes.
Eric Béguin, président d’Expandis, a brossé l’activité de la dernière campagne. La surface totale contractualisée et commercialisée était de 6 570 ha, se décomposant principalement en 3 960 ha de pommes de terre, 2 378 ha en légumes, et 234 ha en plants. Ces surfaces ont donné un peu plus de 165 000 tonnes de pommes de terre, dont un peu plus de 62 % pour le marché de la chips, à peine 28 % pour le marché de la frite et le solde à destination des flocons. Sur cette production de pommes de terre, 68 % ont été travaillées hors de France, principalement sur la Belgique, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, le Royaume Uni, et un peu au Pakistan. «Plus de 32 000 tonnes destinées au marché de la chips sont lavées en exploitation sur nos laveuses mobiles», a précisé le président.
Côté légumes, «la production de jeunes carottes (29 280 tonnes) est essentiellement destinée à la France pour 71 %. Nous apportons sur cette production un service majeur pour nos clients, puisque qu’elle est livrée lavée et prête à l’emploi pour 57 % des tonnages, après le passage à notre station de lavage de Marchais et dans les fermes du Sud-Ouest pour les productions faites sur API».
Les grosses carottes (un peu plus de 7 000 tonnes) sont travaillées pour 2/3 sur l’Hexagone, le solde étant majoritairement travaillé en Belgique.
Les légumes verts (8 300 tonnes) sont livrés pour un peu plus de 20 % en France, le reste est exporté en Belgique et aux Pays-Bas. Les oignons (un peu plus de 8 000 tonnes) et les salsifis (3 400 tonnes) sont, quant à eux, transformés en France.
Enfin, le président Béguin a expliqué que la production de plants de pommes de terre a couvert 50 % des plantations, soit 2 105 des producteurs d’Expandis. Le solde de la fourniture de plants a été réalisé avec des contrats de production incluant la fourniture de ces plants et quelques achats. «Comme chaque fois, des variétés nouvelles ont été testées en développement.»
Avant d’ajouter : «L’ensemble de cette activité a généré un chiffre d’affaires pour Expandis d’un peu plus de 45 millions d’euros en augmentation par rapport à l’an dernier.»
Conclusion : «Cette campagne 2014-2015 a été bonne en légumes et dans la moyenne des cinq dernières années pour les pommes de terre. Celles-ci ont vu l’intégralité des tonnages commercialisés et valorisés, malgré le contexte très particulier de l’année avec un marché libre très déprimé.
Notre politique de contractualisation et nos bonnes relations commerciales en France et en Europe, ont permis de parvenir à ce résultat honorable.»
Poursuivre les évolutions
«La qualité de nos légumes et la garantie en quantité que nous apportons à nos clients sont la clé de voûte de toute notre organisation», a rappelé Pierre Klein, vice-président d’Expandis et président de Prim’Allia. «Nous proposons également de nombreux services qui permettent de bien rémunérer les producteurs.» Ce positionnement a fait, depuis sa création, la réussite d’Expandis, et il est aujourd’hui imiter par d’autres concurrents. «Notre double défi aujourd’hui consiste à la fois à maintenir notre qualité, campagne après campagne, sans dérive, sans laxisme et à la fois réfléchir à un renouvellement de notre originalité.» C’est pourquoi «les conseils d’administration doivent faire preuve de créativité pour trouver de nouveaux services, de nouvelles approches, de façon à maintenir le temps d’avance que nous avions et que nous avons encore». Pour ce faire, ils travailleront, lors d’un séminaire en janvier, sur la pertinence de l’architecture de l’ensemble de l’organisation et sur la mise en place de nouveaux services renforçant la qualité de l’intermédiation afin d’améliorer la rémunération des producteurs.
Pierre Klein s’est, par ailleurs, félicité de la baisse considérable des charges de structure de 10 % en deux ans, «un effort remarquable de gestion au quotidien de l’ensemble des dépenses». L’Union Expandis est donc en bonne santé financière et poursuit ses évolutions pour rester leader sur le marché des pommes de terre et des légumes.
La France a un rôle à jouer dans l’équilibre géopolitique mondial
Durant treize mois, Christophe Dequidt et son épouse ont fait un périple à travers dix huit pays pour mieux comprendre les mécanismes de la mondialisation et le rôle des Etats dans la régulation des marchés des céréales. Ils ont tous deux recueillis des témoignages de paysans, de représentants des Etats, ou encore des responsables d’entreprises agro-alimentaires. Christophe Dequidt a donc proposé un tour du monde des moissons lors de l’assemblée générale d’Expandis.
«90 % du commerce mondial est fait par sept entreprises, en blé, dix pays font 80 % de la production, il existe des fermes allant de 0,4 ha à 1,2 million d’ha, des élevages de 25 vaches laitières à plus de 400 000 pour d’autres», a-t-il expliqué.
Kazahkstan, Russie, Chine, Inde, Australie, Amérique du Sud, Canada… Des systèmes économiques différents, des rendements différents, des surfaces différentes… Et pourtant tous les agriculteurs sont subventionnés et ils produisent en premier lieu pour assurer la consommation de leur population. Lors de sa première étape en Océanie-Australie, Christophe Dequidt note : 14 fois la France avec seulement 22 millions d’habitants, 90 % de la population sur une frange de 150 km en bord de mer, 30 millions de tonnes produites en 2013-2014 (CIC) avec un rendement de 2 t/ha, 2/3 de la production de blé à l’export. Autre pays, autres chiffres : Argentine : en 1930, il était parmi les dix premières puissances mondiales. Il a connu des crises financières à répétition. Des quotas à l’exportation sont instaurés, engendrant des conflits Etat-agriculteurs. 9,2 millions de tonnes de blé sont produites avec un rendement de 2,48 t/ha. En Inde, plus de 30 % de la production de blé est perdue à cause d’un mauvais stockage, de la corruption… L’intervenant a ainsi détaillé les chiffres des pays visités. Il se souvient : «Au Kazakhstan, un seul agriculteur travaillait sur 1,2 million d’hectares. C’est incontrôlable…» Et pourtant, dans ce pays, un écart d’un demi-quintal en plus ou en moins engendre un écart de 9 millions de tonnes sur le marché international. On comprend tout le poids et les variations annuelles qui peuvent intervenir lors d’un incident dans un pays.
Christophe Dequidt s’est voulu rassurant. L’Europe, notamment la France, bénéficie d’un très bon climat, d’une excellence technicité, d’une production régulière et de qualité. Pourtant, il estime que les efforts pour rester compétitifs devront porter sur la génétique, une agronomie encore plus environnementale pour préserver les sols, ou encore les nouvelles technologies. Les agriculteurs devront produire
1 milliard de tonnes de blé en 2050 (contre 700 000 tonnes aujourd’hui). «L’agriculture française a une place dans l’équilibre géopolitique mondial, car nous savons produire. Les gens qui ont faim dans le monde comptent sur nous.»
Christophe et Sylvie Dequidt devraient publier en 2016 un livre souvenir pour le grand public, un rapport à destination des décideurs de la filière dans leurs choix stratégiques et intervenir lors de diverses conférences. A suivre…