Les abeilles, ces petites bêtes indispensables à l’agriculture
Production de miel, mais aussi reproduction des espèces végétales, augmentation des rendements… L’intérêt des abeilles n’est plus à démontrer pour le monde agricole. L’Abeille de Picardie, à Thennes, aide les agriculteurs
à se lancer.
Lorsqu’il était enfant, à la ferme familiale, Laurent Pallenchier devait passer devant les ruches pour aller aux vaches. «Je me faisais piquer, mais il n’y avait rien à y faire, les abeilles m’attiraient», s’amuse-t-il à raconter. L’apiculteur n’a jamais voulu sortir du pot de miel dans lequel il est tombé dès le plus jeune âge. Son activité, basée sur sept ruches au départ, comporte désormais deux cents ruches en haute saison, un magasin de produits et de matériel d’apiculture, et des ateliers de formation réguliers. Ses petites protégées sont l’abeille noire et la frère Adam, dite Buckfast, ainsi que des hybrides issues de ces deux espèces. «En les croisant, la résistance des abeilles noires est conservée, mais sans leur agressivité.»
De plus en plus de particuliers et d’agriculteurs veulent se lancer en apiculture, assure le professionnel. Il livre chaque année environ deux cent cinquante essaims à des clients. Il faut dire que l’abeille séduit : en plus de produire du miel ou de la gelée royale, elles ont un rôle crucial pour l’environnement. «Pour l’agriculture, l’intérêt est énorme. On observe 30 % de rendement de fleurs de colza en plus lorsque la parcelle est bien butinée. Beaucoup de producteurs de trèfle de semence me sollicitent également pour installer des ruches à proximité des champs.» Entre l’achat de la ruche, de l’essaim, de la tenue et de l’enfumoir, il faut compter environ 500 € d’investissement. «L’extracteur à miel est plus coûteux, mais il y a la possibilité de le louer au début.»
Frédéric Carpentier, polyculteur installé à Boussicourt, près de Montdidier, a été séduit par ces arguments et, après une formation avec Laurent Pallenchier, il a franchi le pas. «J’ai commencé avec deux colonies l’année dernière, pour valoriser mes jachères fleuries, un bois et les couverts d’interculture. Je les ai multipliées et j’en ai aujourd’hui six. J’espère monter à terme à une vingtaine de ruches», témoigne-t-il. L’agriculteur a déjà récolté une centaine de kg de miel qu’il commercialise. «Une petite diversification intéressante, d’autant que la charge de travail, concentrée en juin et après la moisson, correspond aux périodes creuses des travaux des champs.» Frédéric Carpentier avoue tout de même qu’on ne s’improvise pas apiculteur. «C’est très technique. Il faut maîtriser les étapes de développement de l’abeille, les traitements, la multiplication des ruches…»
Multiples causes de mortalité
Maintenir ses ruches en bonne santé est le défi de l’apiculteur. Les causes de mortalité sont nombreuses. «On parle beaucoup des effets néfastes des pesticides. C’est vrai. Mais on arrive à travailler intelligemment avec les agriculteurs. Ils nous préviennent avant de traiter et nous retirons les ruches. Et puis il ne faut pas tout mettre sur le dos des pesticides.» En effet, cet été, les abeilles ont surtout souffert du manque de nourriture, dû à la sécheresse. Le varroa, cet acarien parasite de l’abeille, est toujours un fléau. «Depuis quatre ou cinq ans, nous devons aussi faire face au frelon asiatique, qui peut décimer une colonie entière. Cette année, rien que dans le village de Thennes, j’ai piégé cinq nids», se désole Laurent Pallenchier. Le meilleur conseil que l’apiculteur puisse donner est de vivre en harmonie avec ses abeilles. «Ce sont toujours elles qui ont le dernier mot !»
Détenir des ruches, une activité encadrée
Tout apiculteur est tenu de déclarer chaque année les colonies d’abeilles dont il est propriétaire ou détenteur, en précisant notamment leur nombre et leurs emplacements.
Toute colonie doit être déclarée, quelle que soit sa taille (en ruches, ruchettes, ruchettes de fécondation/nuclei). «Cette déclaration concourt à une meilleure connaissance du cheptel apicole français et participe à sa gestion sanitaire, notamment face à la menace que représente le parasite Aethina tumida. Elle permet également d’obtenir des aides européennes dans le cadre du Plan apicole européen qui soutient la réalisation d’actions en faveur de la filière apicole française», précise le ministère de l’Agriculture sur son site internet.
Cette déclaration s’adresse aux particuliers, aux groupements, aux associations, aux entreprises, propriétaires ou détenteurs de ruches, à des fins de loisir ou à des fins professionnelles, pour la production de miel, d’essaims, de reines et d’autres produits de la ruche. La déclaration est obligatoire dès la première colonie détenue. Elle est à faire entre le 1er septembre et le 31 décembre. Quelques cas particuliers tout de même. Les nouveaux apiculteurs doivent réaliser une déclaration de ruches dès l’installation de la première colonie. Si cette première déclaration est réalisée en dehors de la période obligatoire (entre le 1er janvier et le 31 août), il sera nécessaire de renouveler la déclaration en période obligatoire (entre le 1er septembre et le 31 décembre). La réalisation de cette démarche permet l’obtention d’un numéro d’apiculteur. Les apiculteurs qui ont besoin d’un récépissé de déclaration actualisé pour certaines démarches peuvent renouveler une ou plusieurs fois leurs déclarations hors période obligatoire (du 1er janvier au 31 août). Ces apiculteurs sont tout de même tenus de réaliser une déclaration de ruches en période obligatoire (du 1er septembre au 31 décembre).
Déclaration en ligne
La déclaration de ruches est à réaliser en ligne. Cette nouvelle procédure simplifiée remplace Télérucher et permet l’obtention d’un récépissé de façon immédiate. Le numéro d’apiculteur (NAPI) sera demandé lors de la procédure. Les apiculteurs n’ayant pas de numéro NAPI, ou l’ayant égaré, s’en verront attribuer un nouveau de façon immédiate. Les apiculteurs ne disposant pas d’accès à internet peuvent toujours réaliser une déclaration de ruches par voie postale en remplissant le formulaire Cerfa 13995*04. Le délai d’obtention d’un récépissé de déclaration de ruches est d’environ deux mois à compter de la réception du formulaire par l’administration. Les déclarations réalisées sur papier libre ou sur des anciennes versions du formulaire, portant un numéro de Cerfa différent, ne sont pas recevables.
A. P.