Les agriculteurs aiment le Tour de France et l’Histoire
Le 8 juillet, le Tour de France passera à Amiens. Dans le cadre de cette étape Arras-Amiens, la Fdsea de la Somme participera au concours «Les agriculteurs aiment le Tour».
C'est reparti pour un tour. Durant vingt-deux jours, les amateurs et passionnés de la «petite reine», dans les 190 pays où est diffusé le Tour de France, auront les yeux rivés sur leur écran de télévision quand ils ne seront pas aux abords des routes pour encourager les coureurs. Durant vingt-deux jours, les coureurs cyclistes ne reculeront devant aucun sacrifice, ni aucune souffrance, pour décrocher le maillot jaune ou, à défaut, une bonne place dans le peloton de tête. Sacrifice et souffrance, c'est bien de cela dont il s'agit, parce que tel est ce sport, mais il est aussi dépassement de soi, endurance, volonté de fer et bonheur partagé. Ce qui fait du cyclisme un grand moment festif.
Cette fête, la Fnsea y participe depuis sept ans, au travers du concours «Les agriculteurs aiment le Tour», permettant non seulement de partager ce moment fort de l'été, mais aussi de valoriser l'image des terroirs traversés par la Grande Boucle, bien au-delà du territoire national, puisque le grand départ sera donné aux Pays-Bas, le 4 juillet. Le Tour passera ensuite en Belgique, avant de rejoindre l'hexagone.
Vingt-et-une étapes sont prévues pour une distance parcourue de 3 360 km, avec une arrivée prévue sur les Champs-Élysées, le 26 juillet. Mais, avant d'atteindre Paris, les coureurs passeront par Amiens, le 8 juillet. Ce sera la 5e étape du Tour. les coureurs s'élanceront ensuite, le lendemain, d'Abbeville.
Un coq vu du ciel
Ce retour du Tour de France à Amiens, dix ans après son dernier passage, méritait d'être fêté comme il se doit par les agriculteurs de la Somme. En partenariat avec l'ASO, comité organisateur du Tour de France, la Fnsea a choisi comme thématique pour cette édition 2015 «Le coq», en référence au fil conducteur retenu par la fédération pour 2014-2015, «Produire français pour manger français». Pour l'illustrer, la Fnsea a demandé à toutes les Fdsea concernées par le Tour de se mobiliser pour ce concours.
Chacune devra réaliser un «coq vu du ciel», comprenez visible d'hélicoptère, pouvant être filmé par les cameramen embarqués à bord, et donc repris lors de la diffusion du Tour de France. Pour ce faire, le coq devra faire au minimum 25 m sur 25 m, la structure devra être à plat sur le sol, et devra porter une signature et un slogan. En revanche, les matériaux sont laissés au libre choix des participants : hommes, animaux, cultures, machines, etc. Enfin, la parcelle où sera localisée la structure doit être avant les vingt derniers kilomètres de l'étape.
Une fois les règles connues, la Fdsea de la Somme a été sur le pont. Il a fallu d'abord trouver la parcelle parfaite pour accueillir la structure. Un petit casse-tête l'air de rien, non pas, faute de parcelles disponibles, mais en raison des contraintes médiatiques. Finalement, elle a trouvé son bonheur à 30 km de l'arrivée, à Morlancourt, dans le canton de Bray-sur-Somme. Le propriétaire en est Michel Destombes, agriculteur et maire de la commune. «Je leur ai dit oui tout de suite, raconte ce dernier, car un tel événement n'arrive pas deux fois dans la vie d'une petite commune. Notre village va être vu dans 190 pays.»
Quand l'histoire s'invite dans le Tour
Restait ensuite à définir quel coq représenter ? «C'est Xavier Flinois, vice-président de la Fdsea 80 pour l'arrondissement de Péronne, et féru d'histoire, qui a trouvé l'image du coq que nous allions reprendre. Il s'agit de l'insigne inscrite sur le fuselage des avions de l'escadrille SPA 48 Argonne, ayant combattu dans le ciel de la Somme durant la Grande Guerre», dit Catherine Lebègue, qui participe au comité en charge du Tour, au sein de la fédération.
Point de choix belliqueux, mais une cohérence avec cette étape dite l'étape de la mémoire. En effet, celle-ci passera devant les principaux lieux de mémoire de la Première Guerre mondiale, soit le Mémorial français de Rancourt, l'Historial de Péronne, le Mémorial sud-africain de Longueval, le Mémorial anglais de Thiépval, le Mémorial australien de Villers-Bretonneux. «C'est une étape qui passe sur des champs de bataille. Notre terre a souvent été blessée par les guerres et les invasions qui s'y sont produites, explique Xavier Flinois. Il est important de s'en souvenir, comme de fêter dignement le passage du Tour de France».
Le projet est de réaliser un coq, en toile de jute et avec des bâches, fournis par l'entreprise Saint-Frères, de 40 m sur 28 m. 1 000 sacs de jute de 1,07 m sur 60 cm seront nécessaires. Quant à la bâche, elle couvrira une surface de 300 m2. «J'espère que l'on pourra animer notre fresque avec des éléments humains, dit-il. A la différence d'Abbeville, par exemple, nous n'avons pas de foire agricole dans l'arrondissement de Péronne. Cette fête est donc l'occasion de rassembler les agriculteurs du Santerre autour d'une opération à destination du grand public, permettant de lui montrer nos terres. On attend donc toutes les bonnes volontés de l'arrondissement pour prêter main-forte à la création de notre coq».
L'escadrille SPA 48 Argonne
A sa création sur le terrain de Villacoublay, le 29 mars 1915, elle s'est appelée MS 48, puis N 48, le 20 septembre 1915, puis SPA 48 en février 1918. Elle comprend à ses débuts six pilotes, le capitaine Paul du Peuty, le lieutenant Gaston de Boutigny, le maréchal des logis Abdon Adam et les sergents Bernis, Sadi Lecointe, Georges Chemet et deux observateurs, les sous-lieutenants Alain de la Barre de Carroy et Albert Achard.
Dès le 31 mars 1916, l'escadrille est envoyée sur le terrain de Verdun. Mais beaucoup trop éloignée de son théâtre d'opérations pour être efficace, l'unité déménage sur le terrain de Froidos, au sud-est de Sainte-Ménéhould, où elle s'installe en août. Nouveau déménagement en décembre 1916 sur le terrain de Lhéry-Bonnemaison, près de Fismes. Le 17 septembre 1917, l'escadrille N 48 quitte la Marne, avec armes et bagages, pour le front de l'Aisne et s'installe sur le terrain de Cramaille, au nord-ouest de la Fère-en-Tardenois. L'escadrille a participé aux batailles de l'Aisne, des Flandres et de la Malmaison. Nouveau départ, le 21 janvier 1918, avec armes et bagages sur le terrain de Villeneuve-les-Vertus. En avril, elle est stationnée à Montagne-Fayel, près d'Airaines, où elle survole toute la Somme.
Ses équipages ont remporté 54 victoires homologuées, 48 non homologuées et réalisé 9 826 heures de vol. Le bilan humain est de 11 tués et 12 blessés.