Cipan & SIE
Les appels à ne pas semer dans le vent se multiplient
La profession agricole maintient la pression sur l'Etat et son administration pour obtenir une dérogation à l'implantation des couverts végétaux pièges à nitrates (Cipan) et à vocation de surfaces d'intérêt écologique (SIE) compte tenu des difficultés d'implantation.
La profession agricole maintient la pression sur l'Etat et son administration pour obtenir une dérogation à l'implantation des couverts végétaux pièges à nitrates (Cipan) et à vocation de surfaces d'intérêt écologique (SIE) compte tenu des difficultés d'implantation.
A mesure que la date butoir pour l'implantation des couverts de type Cipan et SIE se rapproche, la pression ne faiblit pas. La profession agricole continue de multiplier les appels du pied auprès de l'Etat et de ses services déconcentrés en région pour obtenir une dérogation à l'obligation de semis. En cause : la sécheresse qui compromet les chances de levée. Pour Marie-Françoise Lepers, la secrétaire générale de la FDSEA de la Somme, « on est face à une situation irréaliste. On nous oblige à semer des couverts en sachant très que rien ne lèvera... C'est un énorme gâchis ! ».
Ce jeudi 1er septembre, avec d'autres agriculteurs adhérents de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, elle participait à une opération de sensibilisation des pouvoirs publics en installant sur des bâches marquées à la peinture les revendications de la profession. Cible de l'opération : la Première ministre, Élisabeth Borne, qui effectuait un déplacement dans le département de la Somme. Plusieurs banderoles ont ainsi été déployées le long du tracé emprunté par Mme Borne, d'Airaines à Amiens. « Le but de l'opération n'était pas de perturber cette visite, rappelait Marie-Françoise Lepers, mais de faire passer quelques messages ».
« Un cadre, mais pas de carcan »
Dimanche dernier, lors de l'inauguration de Plaine en Fête, le sujet de la sécheresse et de ses conséquences était déjà sur toutes les lèvres, avec en ligne de mire l'obtention d'une dérogation à l'obligation de semis : « Nous réclamons de la liberté. Quand ça ne peut pas lever, on ne doit pas semer. Quand la prairie naturelle ne pousse plus, nous devons pouvoir y semer de la luzerne ou du méteil. Un cadre, mais pas de carcan », avait défendu le président de la FDSEA 80, Denis Bully. Depuis, les élus continuent de demander une autorisation de ne pas semer les Cipan et SIE qui ne lèveraient pas faute de sécheresse et pas de sanction pour ceux qui ont semé́ mais dont les plantes ne lèvent pas.
Ce vendredi 2 septembre matin, une nouvelle mobilisation est prévue, cette fois sous la forme d'une conférence de presse. Le rendez-vous est pris chez un agriculteur de l'Amiénois qui a semé des couverts, sans encore apercevoir une quelconque levée. Début de semaine prochaine, une rencontre sur le terrain pourrait également avoir lieu avec le nouveau préfet de la Somme.
Mobilisation à Beauvais
Dans le département voisin de l'Oise, FDSEA et JA, confrontés à la même problématique, ont prévu un rassemblement devant la préfecture à Beauvais, le même jour : « Les agriculteurs de l'Oise sont à bout », résume le président de la FDSEA 60, Régis Desrumaux. Les raisons ? Elles sont multiples, comme le décrit le responsable professionnel : « Nous sommes inquiets face à la sécheresse, l’impossibilité de semer les prochaines récoltes de colza, l’inquiétude sur les récoltes à venir des betteraves qui souffrent du manque d’eau, la très mauvaise récolte d’ensilage de maïs pour alimenter les animaux, s’ajoute l’absurdité des décisions de l’administration qui impose à ce jour de semer des couverts intermédiaires (CIPAN) pour couvrir le sol dixit la réglementation PAC. Les agriculteurs ne peuvent pas travailler le sol, tellement le manque d’eau rend impraticable la terre. Quel intérêt de semer ces cultures alors qu’il n’y a pas de pluie ? En plus de pouvoir être semée, la graine a besoin d’eau pour pousser…. » Seulement, poursuit M. Desrumaux, « l’administration reste sourde à ce qui semble être du bon sens ».
La Région apporte son soutien
Mobilisés chacun à leur manière, FDSEA et JA ont reçu le jeudi 1er septembre un soutien politique : celui de la Région Hauts-de-France. Dans un courrier adressé à Georges-François Leclerc, le préfet de région, Xavier Bertrand et sa vice-présidente chargée de l'agriculture Marie-Sophie Lesne rappellent au représentant de l’État le contexte dans lequel les agriculteurs sont plongés en raison d’une sécheresse persistante : « Les agriculteurs nous ont fait part de leur inquiétude et de leur colère face à une décision – celle qui les obligent à semer Cipan et SIE avant le 7 septembre (ndlr) -, qu’ils estiment peu réaliste (…) Dans la mesure où 12 litres de GNR sont nécessaires pour semer un hectare de culture en SIE et que la majorité des semis ne prendra pas, ce serait un gâchis énergétique », pointe la Région. A l’heure de la sobriété recommandée, maintenir une obligation vouée à l’échec fait tâche. Ce pourquoi les élus régionaux appuient la demande de la profession agricole de « suspendre l’obligation réglementaire de plantation des SIE sur l’ensemble du territoire régional pour 2022 ».