Les bilans céréales s’alourdissent encore
FranceAgrimer estime que les stocks de report 2015-2016 s’annoncent supérieurs à la moyenne des cinq dernières campagnes.
Lors de son dernier conseil spécialisé céréales, FranceAgriMer a actualisé ses bilans prévisionnels pour la campagne commerciale 2015-2016. Pour toutes les céréales, ils s’alourdissent. Ainsi, le stock de report français de blé tendre devrait quasiment doubler par rapport au niveau moyen des cinq dernières campagnes pendant lesquelles il tournait autour de
2,6 Mt et, en un mois, le stock «disponible», qui s’ajoute à ce stock, a progressé de 41 000 t (+ 1,6 %) à 2,62 Mt. «Les opérateurs de la filière sont conscients que ce disponible risque de se retrouver en juin dans la case stock de fin de campagne», convient Rémi Haquin, président du Conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer.
Des débouchés divers pour le blé français
Concernant les débouchés, les prévisions d’utilisation sur le marché français restent globalement inchangées à près de 15,6 Mt. Si les prévisions de ventes vers l’Union européenne sont révisées à la hausse, à 7,49 Mt (+ 0,5 %), les exportations à destination des pays tiers sont maintenues à 11,5 Mt. Le cumul des embarquements depuis les ports français atteignait 3,8 Mt au 4 décembre et 3,4 Mt au 30 novembre, soit 3 % de moins que l’an passé à la même date.
Les achats algériens (1,8 Mt) étaient en nette hausse (+ 50 %). Mais ce redressement ne compense pas le recul sur d’autres destinations, comme l’Egypte. En dépit d’un récent achat de 120 000 t par le Gasc, l’organisme étatique égyptien, les ventes de blé français sur cette destination sont largement en retrait par rapport à l’an passé à la même époque (- 57 %). En outre, 124 000 t de blé tendre ont été chargées à destination de l’Indonésie et autant vers le Mexique, pour des usages fourragers et meuniers.
Orge : des alternatives à la Chine
Après cinq mois de campagne, la France est toujours offensive sur le marché des orges, même si la dynamique a considérablement ralenti au mois de novembre. Ses exportations à destination des pays tiers atteignaient 2,6 Mt début décembre, soit 1,2 Mt de plus qu’en 2014 à la même date. La Chine représentait 90 % des ventes cumulées, mais le débouché se raréfie, constate FranceAgriMer.
Dans ce contexte, l’organisme public prévoit en 2015-2016 des exportations vers les pays tiers de 3,3 Mt, en baisse de 300 000 t par rapport à sa précédente prévision. Au final, FranceAgriMer estime le stock possible de report de fin de campagne à 2,17 Mt, soit plus du double du stock de report de la campagne précédente (960 000 t). Pour le maïs grain, FranceAgriMer a ajusté à la hausse (+ 176 000 t) la collecte à 11,58 Mt et table sur un stock de fin de campagne légèrement au-dessus de 2,5 Mt, niveau moyen des cinq dernières campagnes.
La sole céréalière progresse encore
Les premières estimations par le ministère de l’Agriculture des semis de céréales d’hiver pour la récolte 2016 font apparaître une extension générale de la sole, qui atteindrait 7,34 millions d’hectares contre 7,22 Mha l’an dernier, soit 1,6 % de plus que l’an dernier et 5,7 % de plus que la moyenne quinquennale. Dans cette progression générale des semis d’hiver, le blé tendre représente 5,22 Mha, soit une hausse de 1,5 % sur l’an dernier, mais portée à 5 % pour la moyenne quinquennale. Les surfaces d’orge augmenteraient de 1,5 % sur 2015, avec 1,32 Mha, ce qui en porterait la progression sur cinq ans, à + 15,5 %. En revanche, le ministère annonce un nouveau repli des surfaces de colza (- 1,7 %, avec 1,45 Mha).
Des chiffres confirmés par l’Usda
Le département américain de l’Agriculture (Usda) a revu à la hausse ses estimations de production mondiale et de blé, tout en abaissant ses prévisions pour le maïs et les oléagineux. La production mondiale de blé pour 2015-2016, déjà «record», devrait atteindre près de 735 Mt de blé (2 Mt de plus qu’estimé le mois dernier), en raison d’une récolte meilleure que prévu au Canada. Les prévisions d’exportations mondiales de blé sont aussi relevées (+ 1,3 Mt) en raison «d’une offre plus importante, de changements de politiques attendus en Argentine et d’une demande plus forte de plusieurs pays importateurs». En revanche, l’Usda s’attend à ce que l’Union européenne exporte 1 Mt de moins que prévu, à cause de la «concurrence, en particulier des origines mer Noire».