Les cinq clés d’une transmission réussie
Transmettre son exploitation, c’est se préparer à la fin d’une histoire et au début d’une autre. Julie Potier, conseillère transmission, nous révèle les clés d’une passation réussie.
Transmettre son exploitation, c’est se préparer à la fin d’une histoire et au début d’une autre. Julie Potier, conseillère transmission, nous révèle les clés d’une passation réussie.
Clé n°1 : lâcher prise
Malgré son envie, je constate souvent que le cédant résiste à laisser la place ! Ce qui est tout à fait normal. La transmission est en effet un tournant décisif dans la vie d’un agriculteur. Cela représente l’aboutissement d’une longue vie professionnelle, le résultat d’un travail. Il va donc lui falloir lâcher prise. Pour cela, il est important de construire son projet petit à petit, d’imaginer d’abord quel repreneur, dans quelles conditions…
Je ne cache pas à l’agriculteur que ce sera une période parfois difficile. Mais je lui fais voir qu’il sera récompensé par une grande satisfaction : celle d’avoir transmis. Il partira aussi rassuré d’avoir passé le flambeau.
Clé n°2 : la complicité du couple cédant/repreneur
La volonté du cédant et le désir de transmettre sont déterminants pour pérenniser son exploitation. Le devenir d’une entreprise dépend également de l’entente entre les deux acteurs clés : le cédant et le repreneur.
Se projeter dans une nouvelle vie pour soi-même et pour son exploitation, c’est en effet choisir son repreneur et partager avec lui des valeurs humaines communes. C’est aussi mettre en place, si la situation le permet, une période «passage de relai» entre le cédant et le repreneur, afin de prendre le temps pour le cédant de partager son expérience et ses savoir-faire de manière à aborder sereinement sa retraite.
Clé n°3 : an-ti-ci-per
Il serait dommage de précipiter la transmission avec la peur de voir son exploitation tomber «dans de mauvaises mains». Cette étape ne se fait pas du jour au lendemain et nécessite du temps. Or, nous constatons que 60 % des chefs d’exploitation de plus de 55 ans ne connaissent pas leur successeur. Pour qu’une transmission se déroule dans les meilleures conditions, elle se prépare et s’anticipe. Il n’est jamais trop tôt pour y réfléchir, se poser les bonnes questions et surtout se faire accompagner.
Clé n°4 : contacter le Point accueil installation transmission
Démarches administratives, évaluation d’exploitation, construction du projet de transmission ou encore recherche d’un repreneur, les questions sont nombreuses lorsqu’il faut penser à transmettre son exploitation.
Le Point accueil installation transmission (PAIT), animé par la chambre d’agriculture, est un lieu d’information et d’accompagnement pour les porteurs de projets et cédants dans le cadre de leur installation ou de leur transmission. J’oriente le cédant vers les structures accompagnatrices et partenaires du PAIT (Initiatives paysannes, la Safer, chambre d’agriculture) en toute confidentialité.
Pour l’accompagnement de la chambre d’agriculture, je peux réaliser un diagnostic global d’exploitation et j’accompagne l’agriculteur dans la réalisation de l’ensemble de ses démarches.
Clé n°5 : voir plus loin
Depuis plusieurs années, le renouvellement des générations n’est pas optimal dans notre région. D’ici à cinq ans, dans les Hauts-de-France, près de 9 000 agriculteurs vont partir à la retraite en cédant leur exploitation. Or, seulement deux tiers des départs seront remplacés. L’enjeu est pourtant de taille : un exploitant agricole génère sept emplois directs ou indirects auprès de la filière agricole (conseil, vente, vétérinaire…).
Les cédants ont donc une carte à jouer en favorisant l’installation de jeunes passionnés. Au-delà de son exploitation, il faut voir que c’est finalement toute la vitalité des territoires de notre région qui est en jeu.