Céréales
Les conditions climatiques influencent déjà la moisson 2024
Selon Arvalis et Intercéréales, la récolte de blé tendre 2024 pourrait être caractérisée par des rendements en forte baisse après une année marquée par des conditions climatiques exceptionnelles.
Selon Arvalis et Intercéréales, la récolte de blé tendre 2024 pourrait être caractérisée par des rendements en forte baisse après une année marquée par des conditions climatiques exceptionnelles.
Le 5 juillet, l’institut technique Arvalis et l’interprofession Intercéréales ont publié une estimation avant récolte du rendement de blé tendre en France. Ce dernier atteindrait 64 q/ha en 2024, soit 13 % de moins qu’en 2023, en raison d’une année exceptionnellement pluvieuse. La teneur en protéines des grains est, quant à elle, estimée à 11,6 %, une valeur stable par rapport à 2023. Selon les prévisions, le rendement national en blé tendre atteindrait 64 q/ha en 2024, soit - 13 % par rapport à 2023 et - 11 % par rapport à la moyenne 10 ans, dû à des conditions climatiques singulières tout au long du cycle du blé. Les pluies se sont installées sur l’ensemble des régions et sont venues fortement perturber les conditions de semis puis de croissance du blé, avec des impacts variables selon les types de sols. S’agissant de la qualité des grains, la teneur moyenne en protéines du blé tendre français atteindrait 11,6 % en 2024, une valeur équivalente à 2023 et très proche de la moyenne décennale.
Campagne «compliquée»
«Cette campagne restera comme l’une des plus compliquées à gérer sur une période aussi longue. Les agriculteurs ont dû s’adapter à des conditions particulièrement difficiles afin de positionner au mieux leurs interventions au champ. L’année a tout d’abord été marquée par des pluies régulières et continues du semis jusqu’à la récolte (+ 40 % en moyenne en France par rapport aux vingt dernières années), puis par une forte pression des adventices et des maladies et, enfin, par une baisse du rayonnement affectant une grande partie du territoire (- 7 % en moyenne sur la France par rapport aux vingt dernières années et jusqu’à - 15 %). Ces conditions climatiques ont ainsi fortement affecté le fonctionnement des cultures et donc la production», explique Jean-Pierre Cohan, directeur R&D d’Arvalis.
Dépendants du climat
«Les conditions extrêmes de cette année nous rappellent à quel point le travail des agriculteurs est dépendant du climat. Les outils d’adaptation sont essentiels pour faire face à ces perturbations et sécuriser la production. Néanmoins, cette récolte 2024 couplée aux stocks de fin de campagne permettront à la filière céréalière française d’assurer la souveraineté alimentaire à la fois de notre pays et de nombreux pays dans le monde», ajoute Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales.
Chez Arvalis, bien qu’il ne s’agisse pas d’un aveu de faiblesse, on reste à l’heure qu’il est prudent sur les estimations : «ces données restent des prévisions, la réalité des rendements et de la qualité de la récolte ne seront effectivement vérifiées qu’à la fin de celle-ci». Et dans certaines situations, certains estiment déjà avoir pris du retard tandis que pour d’autres, rien ne presse encore vraiment.
Selon l’AGPB, les céréaliers sont «fragilisés économiquement»
Réagissant à la parution des estimations de récolte en blé tendre, le président de l’Association générale des producteurs blé, Éric Thirouin, s’est inquiété : «Nous payons un lourd tribut aux pluies diluviennes de ces huit derniers mois, c’est indéniablement une année dont nous auront du mal à nous relever si rien n’est entrepris pour renforcer notre résilience à tous les niveaux.» En effet, Arvalis et Intercéréales ont estimé cette baisse à - 13 % par rapport à 2023 et - 11 % par rapport à la moyenne quinquennale. L’AGPB pointe notamment du doigt «la multiplication des impasses techniques liées aux réglementations et restrictions concernant la protection des cultures» et un effet ciseaux qui a grevé le budget des céréaliers : Des «résultats agronomiques critiques (…) viennent s’ajouter à une situation économique en chute libre sous l’effet d’une explosion des charges conjuguée à un effondrement des cours du blé tout au long de la campagne 2023-2024», a précisé Éric Thirouin. Il appelle «l’ensemble de la classe politique à prendre la mesure de ce qui se joue pour la compétitivité et la durabilité des fermes céréalières afin de reprendre au plus vite les travaux initiés depuis des mois».
Dans les Hauts-de-France, des estimations de rendement plus faibles qu’en 2023 pour toutes céréales et le colza
Le Comité régional «grandes cultures» de la région des Hauts-de-France s'est réuni le 3 juillet 2024 à la station de recherche et d’expérimentation d’Arvalis à Villers-Saint-Christophe (02). À cette occasion, un point détaillé a été présenté sur l’anticipation des moissons à venir. Le comité a ainsi pris connaissance des analyses et des estimations établies par FranceAgriMer, par les services de la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf) et par les instituts techniques Arvalis et Terres Inovia, concernant les surfaces de production, les conditions de culture et les prévisions de rendement pour la récolte 2024. Au vu de leurs connaissances et de leurs observations quotidiennes du terrain, les membres du comité ont estimé que les prévisions de rendements moyens, dans l’état actuel de la situation, s’établissaient autour des valeurs suivantes pour la région : 79 qx/ha pour le blé tendre (baisse de 10 qx/ha par rapport à 2023) ; 70 qx/ha pour l’orge d’hiver (baisse de 20 qx/ha par rapport à 2023) ; 64 qx/ha pour l’orge de printemps ( baisse de 5 qx/ha par rapport à 2023) ; 34 pour le colza (baisse de 2 qx/ha par rapport à 2023). Les conditions climatiques de l’année imposent néanmoins les plus grandes réserves, tant au niveau qualitatif que quantitatif.