Fertilisation
Les digestats de méthanisation permettent de réduire les apports minéraux
À plus de 2 € l’unité, le prix des engrais azotés a flambé ces derniers mois. Les digestats de méthanisation sont une source d’éléments fertilisants non négligeable pouvant diminuer la part d’apports minéraux lorsque leur utilisation est optimisée. Quel est leur intérêt ? Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour les valoriser au mieux ?
À plus de 2 € l’unité, le prix des engrais azotés a flambé ces derniers mois. Les digestats de méthanisation sont une source d’éléments fertilisants non négligeable pouvant diminuer la part d’apports minéraux lorsque leur utilisation est optimisée. Quel est leur intérêt ? Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour les valoriser au mieux ?
La disponibilité de l’azote dépend du type de digestat et son efficacité dépend de sa date d’apport, de la culture réceptrice et des conditions d’épandage.
Quel est l’intérêt des digestats ?
Les digestats liquides ont un effet «azote rapide» pour les cultures. La part d’azote ammoniacal, directement assimilable, est importante (environ 50 %) et leur rapport C/N faible (< 8) traduit une minéralisation rapide de l’azote organique.
Les digestats solides sont de véritables amendements organiques (apport de matière organique stable - humus). L’azote qu’ils contiennent sera libéré très lentement. La part d’azote ammoniacal est faible et l’azote organique viendra en grande partie enrichir le pool de matière organique du sol. Ces digestats ont donc un intérêt moindre pour l’apport d’azote valorisable directement par la culture suivant l’épandage, mais restent d’excellents engrais de fond.
La composition des digestats est très variable (cf. tab1). Elle varie en fonction du process et du type d’intrants traités. Aussi, il est important de réaliser régulièrement une analyse de son digestat. Vigilance : veiller à ce qu’elle soit bien représentative des lots épandus. Une analyse agronomique complète coûte entre 40 à 50 €, ce qui permet une optimisation de ces effluents. Chaque année, les Satege de la Somme et du Nord Pas-de-Calais proposent des analyses (agronomiques et indésirables) aux unités de leur département. Rappelons que le Satege est un service de la chambre d’agriculture créé en partenariat avec les Agences de l’eau. Il a pour mission de suivre les différents produits organiques épandus sur le département (composts, digestats, boues, effluents industriels…) et apporte des conseils techniques et réglementaires sur les bonnes pratiques d’épandage.
En complément des analyses agronomiques classiques, le Satege réalise quelques cinétiques de minéralisation azote et carbone et analyses de l’indice de stabilité de matière organique. Ces tests permettent d’apprécier le coefficient isohumique des digestats et la vitesse de minéralisation de l’azote. En effet, si la part ammoniacale est de suite disponible pour les cultures (attention à la volatilisation), la part organique va se minéraliser plus progressivement. Ces différentes analyses nous permettent d’acquérir des références et mutualiser les résultats pour en faire un retour aux exploitants d’unité de méthanisation.
Quelle contribution d’azote prendre en compte ?
Le référentiel régional azote fixe les coefficients d’équivalent azote minéral à prendre en compte dans les plans de fumure prévisionnels (cf. Tab 2). Il s’agit de l’azote qui va encore jouer en sortie d’hiver. Ces coefficients varient selon la date d’apport et la culture fertilisée.
Ainsi, par exemple, un apport en sortie d’hiver de 30 m3/ha de digestat liquide (à 4,8 kg N/m3) avant un maïs, avec un coefficient d’équivalent azote de 0,5 correspond à un apport de 72 kg N ha d’azote efficace pour la culture.
On peut considérer que la potasse des digestats est disponible à 100 % et le phosphore à 85 %. Le raisonnement des apports en P et K doit se faire en moyenne à la rotation.
Quand et dans quelles conditions réaliser les apports ?
Pour une valorisation optimale, les digestats liquides sont à épandre au plus près des besoins des cultures ; il faut donc privilégier les apports en sortie d’hiver. Attention, ces épandages en sortie d’hiver sont parfois plus délicats (risque potentiel de tassement de sols). Il est important de réaliser les épandages sur un sol ressuyé, moins sensible aux tassements. Le tassement peut être limité grâce à du matériel adapté comme les systèmes d’épandage sans tonne ou encore des épandeurs à pneus basse pression. Les digestats, riches en azote et très efficaces, peuvent également être épandus sur céréales en place en 1er ou 2e apport.
Pour les digestats solides, des apports après moissons sont recommandés et contribueront à l’entretien organique des sols.
Quel intérêt économique de l’apport de digestat liquide au printemps sur une culture de printemps/été (N-P-K) ?
Un petit calcul simple permet d’estimer l’intérêt économique des épandages des produits organiques en lien avec le coût des engrais minéraux.