Les éleveurs «sous tension» poursuivent leur lutte au tribunal
De plus en plus d’éleveurs témoignent de signes inquiétants sur leurs animaux après l’implantation de structures émettrices d’ondes électromagnétiques près de leur élevage. Deux audiences traitaient encore du sujet ce 14 juin.
De plus en plus d’éleveurs témoignent de signes inquiétants sur leurs animaux après l’implantation de structures émettrices d’ondes électromagnétiques près de leur élevage. Deux audiences traitaient encore du sujet ce 14 juin.
«Pas à pas, la vérité sera faite…», commente Yann Joly, ex-éleveur laitier de la Somme, sur sa page Facebook. Tout comme lui, des agriculteurs soutenus par l’Anast (Association nationale des animaux sous tension) se lancent dans la périlleuse bataille du pot de terre contre le pot de fer, en attaquant un géant de l’industrie électrique au tribunal. Tous font un constat similaire : les animaux témoignent de signes inquiétants après l’implantation de structures émettrices d’ondes éléctromagnétiques près de leur élevage, allant jusqu’à la perte totale de leur cheptel. Après l’audience du 16 novembre 2021 au tribunal judiciaire de Paris, Yann Joly, qui a vu son troupeau laitier dépérir suite à l’implantation d’un parc éolien en 2011 et 2013, a été débouté. Mais il ne lâche pas l’affaire et soutient de près ses confrères.
Huit ans pour comprendre
Ce 14 juin, à La Rochelle, Joël Monsarat, éleveur de chèvres de Ciré-d'Aunis accusait Enedis de «trouble anormal de voisinage». Un transformateur électrique défaillant aurait eu de graves conséquences sur la santé de ses animaux. Il a mis près de huit ans à faire ce lien éventuel. France Bleu La Rochelle rapporte les propos de son avocate, Nadine Mélin, du barreau de Paris : «Son vétérinaire vient plusieurs fois, constater les dégâts. Il évacue l'hypothèse d'un virus, d'une maladie.» «Jamais je n'aurais pensé que cela puisse venir d'un équipement électrique», avoue l'éleveur. Il fait le lien en 2019, quand ce transformateur est changé, pour une toute autre raison. «Très rapidement, j'ai constaté que mon troupeau allait mieux, reprenait vie, je n'en revenais pas, je ne comprenais pas», se souvient-il. Le jugement a été mis en délibéré au 29 juillet.
La santé en jeu
Le même jour, Murielle et Didier Potiron étaient entendus au Tribunal de Rennes. Les éleveurs bovins se disent confrontés à de graves problèmes de santé de leurs animaux et d’eux-mêmes depuis la construction du parc éolien des Quatre seigneurs en région de Nozay (Loire-Atlantique), où leur ferme est installée. L’audience visait à obtenir du juge qu’il ordonne une nouvelle expertise indépendante sur les câbles enterrés qui conduisent l’électricité des éoliennes au réseau de distribution. Le juge a annoncé qu’il rendrait sa décision le jeudi 18 novembre. Yann Joly confiait un «ressenti favorable».