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Les exportations vers la Chine s’effondrent début 2022

Entre ralentissement de la demande et recrudescence de Covid, les exportations européennes de porc vers la Chine sont divisées par deux sur les deux premiers mois de 2022, constate l’Ifip (Institut du porc). 

La France a exporté 24 000 t de viande de porc vers la Chine en janvier et février, soit - 50,5 % en un an.
La France a exporté 24 000 t de viande de porc vers la Chine en janvier et février, soit - 50,5 % en un an.
© Pixabay

«En février, les exportations [de viande de porc] de l’Union européenne à destination de la Chine sont au plus bas», alerte l’Ifip (Institut du porc) dans son baromètre de mai. Selon l’institut technique, «pour la plupart des fournisseurs de la Chine, les volumes sont réduits de moitié» par rapport à la même période de 2021. C’est le cas de la France, qui «a exporté 24 000 t vers la Chine» en janvier et février, soit - 50,5 % en un an. Résultat : les exportations européennes vers l’Empire du milieu «rejoignent les niveaux de décembre 2018», avant que le cheptel chinois ne soit décimé par la peste porcine africaine (PPA). Depuis, la production reprend du poil de la bête chez le premier producteur et consommateur mondial, réduisant d’autant ses besoins en viande importée. S’y ajoutent une baisse saisonnière de la demande (vacances de printemps après le Nouvel an chinois), ainsi que l’impact de la recrudescence du Covid. «De grandes villes sont de nouveau confinées et les ports sont engorgés en raison du manque de main-d’œuvre», explique l’Ifip. Et d’ajouter que «pour lutter contre l’épidémie, les autorités chinoises ont imposé de nouvelles mesures de contrôle sur les aliments». 

 

Volumes redirigés en Asie et Royaume-Uni 

Toutefois, «les volumes sont redirigés sur les autres marchés asiatiques et au Royaume-Uni», note l’Ifip. Trois destinations sont particulièrement dynamiques : les Philippines (+ 26,3 % en un an), la Corée du Sud (+ 122,8 %) et le Japon (+ 50,1 %). Vers le Royaume-Uni, «le commerce est aussi plus intense que l’an dernier (+ 10,3 % en deux mois 22/21)», notamment grâce à «l’amélioration des chaînes d’approvisionnement après les difficultés liées au Brexit». Sur janvier et février, la baisse des exportations européennes vers les pays tiers se limite donc à 27,5 % en un an (- 31 % pour la France), selon les chiffres de la Commission européenne. 

De leur côté, les États-Unis ne sont pas épargnés par le reflux de la demande chinoise, avec des exportations en baisse de 48 % (en valeur) sur les trois premiers mois de 2022, d’après la US Meat Export Federation (USMEF, exportateurs de viande). Toutes destinations confondues, le deuxième exportateur mondial conclut le premier trimestre sur une baisse de 17 % en valeur en un an. «Il s’agit de la décroissance la plus élevée jamais enregistrée, pour un premier trimestre, depuis au moins 2011», remarque le CDPQ (Centre de développement du porc du Québec) dans sa lettre hebdomadaire.

 

Une stratégie de long terme 

Face aux nombreux défis (hausse des coûts des intrants, peste porcine africaine, nette baisse des exportations à destination de la Chine, concentration accrue des opérateurs, volatilité des prix) auxquels est confronté le secteur porcin, des eurodéputés de la commission de l’Agriculture ont appelé, le 10 mai, à lancer une nouvelle stratégie de long terme pour les producteurs de viande de porc. Celle-ci doit permettre de repenser la dépendance des producteurs vis-à-vis des aliments importés en provenance de pays tiers mais aussi la dépendance aux achats chinois de viande de porc. 
Pour répondre à tous ces enjeux, le directeur général adjoint de l’Agriculture à la Commission européenne, Michael Scannell, a rappelé qu’«un groupe de réflexion sur la viande de porc venait d’être lancé, avec une réunion conjointe du groupe de dialogue civil sur les produits animaux (section viande de porc) et du groupe d’experts de l’OCM (section produits animaux) organisée le 6 avril dernier et animée par des interventions et des présentations de toutes les parties prenantes clés». Lors de la seconde réunion qui aura lieu le 25 mai, «il est prévu d’examiner la dimension sociale et structurelle du secteur, y compris, par exemple, les modes de consommation, les nouvelles demandes des consommateurs, les perspectives du secteur biologique...», indique-t-il. Et de préciser que «le groupe de réflexion espère présenter d’ici janvier 2023 un rapport final qui comprend une analyse globale des conséquences de la guerre en Ukraine sur le marché, de la situation de la peste porcine africaine ou encore des plans stratégiques de la Pac». 
R. M. 
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