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Les frères Stammose : quand le fumier devient une ressource énergétique

Jean-Luc (à gauche) et Franck (à droite) entourent Thomas Delacour, de la société Valogreen, le constructeur de l’installation.
Jean-Luc (à gauche) et Franck (à droite) entourent Thomas Delacour, de la société Valogreen, le constructeur de l’installation.
© AAP

Le premier projet de méthanisation agricole de l’Oise vient d’aboutir à Versigny, dans le Valois, et il a été rondement mené par deux frères éleveurs de 48 et 54 ans, Franck et Jean-Luc Stammose. Une belle réalisation de 200 kW électriques. Originaires de Seine-et-Marne, Franck et Jean-Luc Stammose ont bâti un atelier hors sol de 400 taurillons en 1991, nourris à faible coût grâce aux sous-produits d’industries agro-alimentaires, nombreuses dans ce secteur de cultures industrielles (sucrerie, conserverie…).
La gestion des effluents d’élevage se faisait depuis longtemps en bonne intelligence avec les voisins polyculteurs par des échanges paille-fumier, mais l’obligation d’établir un plan d’épandage, confié à la Chambre d’agriculture de l’Oise, et le paiement de la redevance pollution les ont fait réfléchir à leur système d’élevage. D’autant plus que la contrainte environnementale et les nuisances de l’élevage les incitaient depuis un moment à une autre gestion des effluents. Entre-temps, les deux frères entrepreneurs avaient développé une activité de transport, mais l’idée de la méthanisation faisait son chemin.

Un système circulaire
Le pas a été franchi il y a plus d’un an lors de la visite d’une installation Valogreen, à Gamaches-en-Vexin (Eure), chez un polyculteur-éleveur. «Quand on a entendu le co-générateur tourner alors qu’il n’y avait qu’une soixantaine de vaches allaitantes et des résidus de sucrerie pour le faire tourner, on s’est dit qu’avec le fumier de nos 400 taurillons et tous les déchets non utilisables des industries alentour, cela ne pouvait que fonctionner.»
Thomas Delacour, de la société Valogreen, est contacté et le projet se met en place. «On a choisi ce partenaire, car il pouvait s’adapter à notre projet, nous faire du sur-mesure alors que les constructeurs allemands voulaient nous vendre du tout-fait.» Finalement, seul le co-générateur sera allemand.
Xavier Téterel, conseiller bâtiments à la Chambre d’agriculture de l’Oise, est ensuite intervenu en appui pour la demande de permis de construire. Le projet de 1,5 million d’euros a également bénéficié d’une subvention de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
L’électricité est vendue à EDF par contrat de quinze ans au prix de 21 centimes par kW, prix de base. La chaleur représente quand même 60 % de l’énergie produite par le méthaniseur. Elle sert d’abord à assurer à celui-ci une température constante de 40 °C nécessaire à la production de méthane, à chauffer les maisons des deux frères. Le surplus est utilisé dans un séchoir à plat multi-usages.

Aller plus loin
La motivation de Jean-Luc et Franck Stammose et l’efficacité des partenaires, dont la Chambre d’agriculture, ont permis à l’unité de méthanisation de voir le jour en seulement un an, de la réflexion initiale jusqu’à la production effective d’électricité. Un record en la matière. Les deux frères en sont très heureux. «La méthanisation, c’est vraiment un truc d’éleveurs : malgré les alarmes que nous recevons sur nos smartphones, il faut assurer une présence sur place. Dans la phase de mise en route, nous recevions plusieurs alarmes par jour, maintenant, c’est seulement une par semaine. Cela tourne bien.»
Et les deux frères d’imaginer déjà un avenir : «Maintenant que nous valorisons intelligemment et sans nuire à l’environnement les effluents de notre élevage, nous aimerions pouvoir produire du bio-carburant avec le méthaniseur afin de faire rouler notre flotte de camions et les tracteurs de la ferme.» Bref, aller encore plus loin dans la recherche d’une autonomie vertueuse. On ne se refait pas.

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