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Les huit commandements d’une vénerie du 21e siècle

Près de 500 veneurs et amis de la vénerie ont participé vendredi dernier à une rencontre militante pour la défense de la chasse à courre autour du président de la Société de vénerie, Pierre de Roüalle, dans l’Oise.

Pierre de Roüalle lors de sa rencontre avec les veneurs et amis de la vénerie de Picardie, le 4 septembre dernier, dans l’Oise.
Pierre de Roüalle lors de sa rencontre avec les veneurs et amis de la vénerie de Picardie, le 4 septembre dernier, dans l’Oise.
© V. F.



Le Plessis-Brion, son château, son parc et quelque 478 veneurs ou sympathisants venus écouter le discours de Pierre de Roüalle. En cette fin de journée du début du mois de septembre, à mesure que le soleil disparaît derrière les grands arbres, le ton est martial. Le président de la Société de vénerie l’assure : «La bataille n’est pas perdue», alors que les attaques subies par les adeptes de ce mode de chasse n’ont jamais aussi nombreuses, répétées et de plus en plus violentes. Et puis il a eu le lancement du projet de référendum d’initiative partagée sur les animaux, dont l’une des mesures consiste à «interdire la chasse à courre, le déterrage et les chasses dites traditionnelles». L’attaque est on ne peut pas plus frontale. Pour y répondre, la Société de vénerie assure «avoir bien pris la mesure» de l’enjeu et s’est associée à d’autres organisations représentatives des modes de chasse pour faire face : «Le monde de la chasse a rapidement réagi et c’est tant mieux, rappelle M. de Roüalle. La vénerie sous terre est autant concernée que nous. L’ANCGG (chasseurs de grand gibier, ndlr), les utilisateurs de chiens courants, le conseil du cheval dans différentes régions se sont tous mobilisés avec des arguments différents». Pour l’heure, s’il ne constate pas une augmentation fulgurante du nombre de parlementaires signataires, Pierre de Roüalle n’estime pas pour autant avoir gagné : «Est-ce que notre mobilisation est suffisante ?» Personne n’ose pour l’heure s’avancer.

Une remise en question
C’est aussi dans ce contexte de crise que la Société de vénerie s’interroge sur ce qu’elle considère comme souhaitable pour une vénerie «du 21e siècle». Et son président d’égrainer ses recommandations – il y en a huit au total - vis-à-vis de la pratique et des chasseurs. La première ? Tenir un comportement irréprochable : «Le moindre incident qui survient pendant une chasse peut nous être fatal. Dans le contexte actuel plus encore qu’hier, nous ne devons pas commettre d’erreur. Ce n’est que comme cela que la vénerie tiendra (…) Je suis pour le maintien de la vénerie dans tous les massifs, mais il faut aussi que la pratique évolue dans certains. Sur le principe, nous ne devons abandonner aucune forêt. Si on en perd une, on prend le risque de perdre celle d’à côté, et ainsi de suite. Mais cela doit passer par les équipages qui doivent prendre conscience qu’il faut prélever moins et mieux.» La seconde recommandation consiste à entretenir des rapports plus réguliers entre équipages et élus locaux : «Chaque délégation doit aller à la rencontre des élus de son territoire, organiser des visites de chenil, les inviter à une chasse.»

«Ne plus vivre cachés»
Sans ces recommandations, l’ouverture prochaine d’une nouvelle saison de chasse pour les veneurs, qu’ils pratiquent à pied, à cheval ou sous terre, n’est pas faite pour rassurer le président de la Société de vénerie : «À partir du 15 septembre, je n’ai qu’un souhait, c’est d’être au 31 mars en espérant qu’entretemps, il n’y ait pas eu de gros incident.» Pour aider les équipages victimes de sabotage, la Société de vénerie compte sur la solidarité entre veneurs – il s’agit de la 6e recommandation – et appelle chacun à adhérer à l’association des veneurs ou à effectuer un don auprès d’un «Fonds vénerie» destiné à «faire mettre en œuvre notre défense et mieux faire connaître la chasse à courre». Au passage, Pierre de Roüalle rappelle le soutien entier de la Société de vénerie à l’équipage de chasse présent en forêt de Retz en novembre 2019 au moment de la disparition tragique d’une jeune femme. Enfin, en ce qui concerne l’association et les équipages qu’elle représente, «nous devons communiquer davantage». La communication, quelque soit la forme qu’elle prend (découverte de la vénerie, renforcement des alliances et partenariats, activité sur les réseaux sociaux) rassemble les objectifs 3, 4 et 5 prônés par la Société de vénerie. «Si nous ne le faisons pas, nous sommes foutus... Nos ennemis sont bien organisés. Ils sont bien meilleurs que nous», constate Pierre de Roüalle. Et même si cela peut surprendre, «c’est sur Twitter et les réseaux sociaux que les choses se passent. Nous ne devons plus vivre cachés.»


Interdiction de la glu, RIP : où les chasseurs ont prévu de se rassembler ?

Avec la suspension de la chasse à la glu dans le sud de la France puis le projet de référendum d’initiative partagée (RIP) sur le bien-être animal, les chasseurs de France ont trouvé deux bonnes occasions (au moins) de manifester leur mécontentement. C’est dans ce contexte que les chasseurs à la glu désormais privés de leur loisir ont prévu une mobilisation ce samedi 12 septembre, à Prades (66), la ville dont le Premier ministre est originaire. S’ils n’en sont pas à l’initiative, la fédération nationale des chasseurs (FNC) et son président Willy Schraen appellent néanmoins depuis quelques jours à soutenir ce mouvement, «pour préserver l’avenir de la chasse, de nos valeurs rurales et de nos modes de vie à la française». Dans la région Hauts-de-France, plusieurs fédérations départementales de chasseurs ont aussi depuis embrayé le pas et relaient l’appel de leur fédération nationale. Car même si la chasse à la glu concerne peu, voire pas du tout, les chasseurs du nord de la France, le soutien à la mobilisation des gluteurs s’explique par la peur de voir d’autres pratiques également interdites. Les rassemblements, qu’ils soient prévus ou spontanés, devraient également être l’occasion de parler du projet de RIP sur le bien-être animal et ses conséquences.

Rencontre avec des parlementaires
Dans le Pas-de-Calais, une mobilisation est ainsi prévue devant la permanence parlementaire du député Bruno Bilde (ex-RN, non inscrit), ce samedi 12 septembre, à Liévin, de 10h à 12h. Son tort ? Etre parmi les signataires du RIP ; et être le seul de ce département à l’avoir fait. Dans l’Oise, alors qu’une action commune à la fédération des chasseurs et de la FDSEA 60 était envisagée devant la permanence de Pascal Bois, député de la 3e circonscription et lui aussi signataire du RIP, celle-ci a été annulée après qu’une entrevue entre ait été négociée entre Guy Harlé d’Ophove (FDC60), Régis Desrumaux (FDSEA60) et le député, pour le lundi 14 septembre, en début d’après-midi. «Concernant Laurence Rossignol, sénatrice et également signataire du RIP, nous envisageons des actions pour qu’elle revienne sur sa signature en espérant une ouverture au dialogue. Faute de permanence, il nous est en effet impossible d’organiser une quelconque action symbolique à ce jour», précisait il y a quelques jours la fédération des chasseurs de l’Oise. Dans le Nord, où aucun rassemblement n’est appelé, la fédération départementale des chasseurs expliquait le 9 septembre sur sa page Facebook «intervenir actuellement auprès des parlementaires pour leur expliquer ce qu’est réellement le RIP et les conséquences dramatiques pour notre société». Elle a depuis publié la liste des 7 parlementaires nordistes qui soutiennent le RIP et l’adresse de leurs permanences, avant d’appeler à «aller à leur rencontre ce samedi matin». Et dans la Somme ? Seul un parlementaire, le député LFI François Rufin a témoigné jusqu’à présent d’un soutien au RIP. Profitant de la tenue des journées parlementaires de la LREM, depuis jeudi et jusqu’à samedi à Amiens, certaines associations cynégétiques du département seraient néanmoins tentées de «venir rendre visite» aux parlementaires ; mais du côté de la fédération des chasseurs de la Somme, il n’y avait jusqu’en milieu de semaine pas d’appel officiel à organiser un rassemblement devant Mégacité. Sur sa page Facebook, la FDC 80 affiche elle aussi simplement un relais de la manifestation prévue le 12 septembre à Prades (66) sur les terres du Premier ministre, Jean Castex.

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