Les marchés européens tirés par les protéines animales
La demande en protéines animales dans un contexte de prix bas des matières premières agricoles sera le principal moteur de croissance pour l’agriculture européenne dans les dix prochaines années.
Des prix relativement bas et un marché tiré par la demande en protéines animales, c’est dans les grandes lignes ce que prévoit la Commission européenne pour le secteur agricole dans les dix prochaines années. Les services de la direction générale de l’agriculture ont présenté leur rapport annuel sur les perspectives à moyen terme pour les marchés agricoles, lors d’une conférence à Bruxelles.
Dans un contexte général de baisse des prix de l’énergie et des matières premières, la demande mondiale croissante et les prix abordables des aliments pour animaux devraient favoriser le secteur de l’élevage, le lait, la volaille et le porc. L’utilisation totale d’aliments composés pourrait augmenter de 2,9 % dans les dix prochaines années.
Point sur les céréales
La demande de céréales dans l’Union européenne devrait donc croître de 6 % à l’horizon 2026, principalement pour la production d’aliments pour animaux, et c’est surtout le maïs qui en tirera parti. Par contre, pour les oléagineux, Bruxelles anticipe un recul progressif de l’utilisation du colza au profit du soja. Résultat : les superficies diminuent et les importations de soja augmentent.
Cette tendance marque un renversement par rapport à la dernière décennie qui s’explique par le fait que l’utilisation des aliments pour animaux deviendra le principal moteur de la demande en oléagineux, étant donné la stagnation de la demande de biocarburants, en raison de l’incertitude politique.
L’augmentation de la demande et de la production de biocarburants de l’Union européenne devrait, elle, progresser jusqu’en 2020 (à 6,5 % de l’énergie du secteur des transports). Mais, au-delà de cette date, difficile pour les auteurs du rapport d’y voir clair avec la proposition mise sur la table par la Commission pour limiter à 3,8 % les biocarburants de première génération en 2030.
La majeure partie de l’augmentation de production proviendra alors des matières premières et des importations non agricoles plutôt que des matières premières communautaires, à l’exception du maïs utilisé pour produire de l’éthanol, estiment néanmoins les services de la direction générale de l’agriculture.
Volaille, porc et lait tirés par l’export
Pour le secteur de l’élevage, les productions de volailles, de porc et de lait devraient augmenter et celle de bœuf légèrement reculer, concurrencée par les importations.
La production de porc devrait, elle, se développer de façon marginale (moins de 1,3 % d’ici 2026 par rapport à ses niveaux élevés de 2016).
Dans le contexte d’une augmentation limitée de la consommation intérieure, cette hausse dépendra des exportations qui devraient croître régulièrement, soutenues par la demande mondiale et des prix faibles. Mais la concurrence des Etats-Unis et du Brésil devrait être forte.
La production de viande de volaille devrait, de son côté, progresser d’environ 5 % sur la période, tirée là encore par la demande mondiale. Les exportations de l’Union européenne devraient atteindre 1,7 million de tonnes en 2026 (+ 15 %). Mais les prix seront sous pression et resteront inférieurs aux niveaux observés en 2011-2015 en raison d’une concurrence accrue.
Enfin, pour le secteur laitier, les contraintes environnementales joueront un rôle majeur à l’avenir, limitant le développement de la production dans certaines régions d’Europe. L’augmentation de la production laitière de l’Union européenne au cours de la prochaine décennie devrait donc être modérée (+1,3 million de tonnes de lait par an en moyenne) et inférieure à celle des dernières années.
Néanmoins, l’Union européenne devrait devenir le premier exportateur mondial de produits laitiers d’ici 2026, juste devant la Nouvelle-Zélande, prévoient les services de direction générale de l’agriculture.