Jeunes agriculteurs
Les projets de Benoît Vaillant, futur ex-président des JA Hauts-de-France
Il y a deux ans, Benoît Vaillant prenait la présidence du syndicat des Jeunes agriculteurs des Hauts-de-France. S’il a décidé de ne pas se présenter à sa succession, le Cambrésien, qui tire un bilan positif de cette expérience, continuera à s’investir.
Il y a deux ans, Benoît Vaillant prenait la présidence du syndicat des Jeunes agriculteurs des Hauts-de-France. S’il a décidé de ne pas se présenter à sa succession, le Cambrésien, qui tire un bilan positif de cette expérience, continuera à s’investir.
D’ici quelques semaines, le syndicat des Jeunes agriculteurs Hauts-de-France aura un nouveau président. Benoît Vaillant, élu en mars 2022, a décidé de ne pas se représenter. «Il était possible de faire un second mandat, mais je viens d’avoir un petit garçon, Axel qui est né le 23 mars dernier, et je souhaite me consacrer davantage à ma famille», explique l’agriculteur installé à Cambrai (59).
Il faut dire que ce mandat n’a pas été de tout repos. «Avec le vice-président, Louis Cauet, et le secrétaire général, Raphaël Catteau, nous avons mis un point d’honneur à être systématiquement représentés au niveau national dans les groupes de travail. Cela est important et permet d’avoir plus de crédibilité lorsqu’il faut taper du poing sur la table. Puis il y a aussi les congrès et les universités d’hiver…», détaille celui qui est à la tête d’une exploitation de 220 hectares en grandes cultures avec sa mère. Il estime avoir accordé au moins une journée par semaine à sa mission de président régional des JA. Le président des JA Hauts-de-France et son équipe ont mené de gros projets durant ce mandat.
Un mandat bien chargé
D’abord la session RGA (Renouvellement des générations en agriculteurs) qui s’est déroulée en janvier 2023, dans la Somme. «Plus de 160 jeunes agriculteurs étaient présents et ont échangé sur le sujet de la place des intercommunalités dans la politique agricole», détaille-t-il. Mais surtout, il y a eu Terres de Jim, porté par les JA du Nord-Pas-de-Calais, en septembre dernier qui s’est d’ailleurs déroulé en grande partie sur ses terres. «C’était une surprise, on avait déposé un dossier de candidature carré. On savait qu’il y avait de la concurrence en face, mais c’est finalement nous qui l’avons remporté.»
Une organisation qui n’a pas été des plus simples, on se souvient de son coup de gueule poussé à l’encontre des services de la préfecture, et notamment de la commission de sécurité, lors des discours d’inauguration. Pour autant, il en tire aujourd’hui un bilan positif : «Il y a eu beaucoup de travail. Mais humainement, c’est une chance d’avoir pu organiser ce genre d’événement. On en ressort grandi !», conclut le Cambrésien.
Des ressentiments envers les pouvoirs publics
Enfin, il y a aussi eu la réforme de l’Aide aux jeunes agriculteurs (AJA) attribuée par le Conseil régional, grâce aux fonds européens, qui s’applique depuis quelques jours. «Auparavant, il y avait une grille avec 17 modulations, nous estimions que ce calcul était juste. Mais dans un souci de simplification, notamment pour gagner du temps sur le délai d’instruction des dossiers, celle-ci a été remplacée par quatre modulations, détaille le futur ex-président de JA Hauts-de-France. Il avait été un moment envisagé un forfait unique. Nous y étions fermement opposés car ce n’est pas la même chose de s’installer en maraîchage bio que sur une exploitation laitière. Et nous avons été fortement entendus.»
Un mandat qui aura également conforté certains de ses ressentiments : «J’ai la sensation qu’on se trouve dans une république bananière. Il y a des échanges avec l’administration, mais rien ne se concrétise derrière… Il y a une lâcheté de la part de l’administration centrale et des politiques qui sont planqués et déconnectés de la réalité. Il faut systématiquement en arriver aux rapports de force, regrette-t-il. C’est ce qui s’est d’ailleurs passé en début d’année lorsque nous avons bloqué les autoroutes. Les messages que nous voulions faire passer, nous les avons dits gentiment durant des années, mais nous n’avons jamais été écoutés. On a parlé de crise agricole, mais ce n’est pas cela, moi j’appelle cela un problème de confiance entre les agriculteurs et les pouvoirs publics.»
Et pour Benoît Vaillant, le rapport de force est loin d’être fini : «Il y a eu des promesses puis l’État commence à faire marche arrière… On leur a laissé plusieurs mois, mais si rien ne bouge, une fois que les travaux aux champs se calmeront - car nous ne pouvons pas nous permettre de laisser crever nos fermes -, nous retournerons sur les autoroutes !» «Être acteur de ce qui joue au niveau des prises de décision», c’est là le sens de son engagement. «Sans nous, par exemple, on pourrait s’approcher du modèle anglo-saxon où des "fermiers" détiennent les outils de production et font travailler les autres. Notre ambition est d’avoir des agriculteurs détenteurs qui peuvent prendre leurs propres décisions sans être à la botte d’un financier. Il ne faut pas oublier que c’est grâce aux JA que les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) ont été créées. C’est le syndicat qui a également voulu les commissions départementales d’orientation agricole (CDOE). Et aujourd’hui, nous sommes le seul pays au monde, excepté dans les systèmes communistes, où il y a une régulation du foncier.»
Des projets plein la tête
Selon Benoît Vaillant, «les jeunes agriculteurs, et les moins jeunes aussi, ont bien compris l’importance du collectif puisqu’il y a une augmentation du nombre d’adhérents. Et c’est important, la corporation doit rester puissante pour que l’agriculture puisse garder une certaine indépendance. C’est cela qui nous sauve aujourd’hui».
Mais pour prendre des responsabilités, c’est plus compliqué. Ça ne se bousculerait d’ailleurs pas aux portillons pour lui succéder. «Pourtant, il ne faut pas hésiter, le syndicat des Jeunes agriculteurs est une bonne école», sourit-il. Ce dernier qualifie son expérience «d’hyper enrichissante». S’il raccroche le costume de président des JA, le jeune papa de 32 ans compte bien poursuivre son investissement auprès du syndicat : «Je vais continuer de porter le dossier du foncier.»
En plus de profiter davantage de ses deux enfants, Madelyne, trois ans, et son tout jeune petit frère, Benoît Vaillant a également des projets personnels : «Je suis le seul agriculteur dans le Nord à planter du soja. Au début, on m’a pris pour un fou. Aujourd’hui, je reçois des appels d’autres agriculteurs qui me demandent des conseils. Le soja est une belle opportunité d’autant qu’il y a un besoin. Mais ce qu’il manque, c’est un outil, une filière… Je vais me pencher sur cela.»