Les rencontres Saint-Hubert dans la Somme
Les Rencontres Saint-Hubert sont le moment privilégié de l'année où chaque chasseur qui chasse avec un chien peut témoigner de la relation particulière qui les unit.
Ils seront dès ce samedi matin dans les starting-blocks. Une trentaine de chasseurs de la Somme et leurs compagnons à quatre pattes vont participer à une nouvelle édition des Rencontres Saint-Hubert, «le concours du chasseur sachant chasser avec son chien», sur les territoires des O-de-Selle et alentours. Pas vraiment une compétition, même si un classement vient départager les concurrents, les Rencontres Saint-Hubert sont d'abord un moment de partage entre un chasseur, son chien, et d'autres chasseurs. Pour la Fédération des chasseurs de la Somme qui assure le volet pratique de l'organisation, il s'agirait de «joutes amicales marquées par des échanges entre concurrents, ainsi qu'entre représentants du monde cynophile et celui de la chasse. Le sens du Saint-Hubert est de montrer que le binôme homme-chien est incontournable dans l'exercice de la chasse». Président national des Rencontres Saint-Hubert depuis 2017, Serge Guilbert en est également l'une des chevilles ouvrières dans la Somme où le concours existe depuis 1987. D'abord à l'initiative de la société centrale canine, il a ensuite été soutenu par la Fédération départementale des chasseurs. Tout naturellement, samedi, il sera juge dans l'une des catégories d'un concours qui s'adresse autant aux chasseurs confirmés qu'à ceux qui débutent, qu'ils soient chasseurs ou chasseresses, pourvu qu'ils aient la passion de la chasse chevillée aux bottes. «C'est une journée qui renforce la chasse parce qu'elle en donne une belle image et qu'elle permet de nombreux échanges, assure M. Guilbert. En général, quand on y participe une fois, on y revient.»
Des espoirs de finale nationale
Quel que soit le département dans lequel elles sont organisées, les Rencontres Saint-Hubert suivent un déroulé immuable : lorsqu'il se présente au jury, le candidat débute son parcours en se présentant, en évoquant son arme, son mode de chasse et bien entendu son chien. Viennent ensuite les questions d'ordre cynophile et cynégétique, avant de se lancer dans la quête d'un gibier pendant une vingtaine de minutes. Reste aux juges à apprécier la manière dont le couple chasseur-chien «fonctionne», et à leur attribuer une note. Pour cela, pas besoin non plus que le chien présente de grandes origines, pourvu qu'il soit bon sur le terrain, volontaire et obéissant. Chaque candidat qui aura réussi à se hisser en tête de sa catégorie aura des rêves de finale régionale, voire nationale en tête ; ce qui n'est pas impossible à atteindre pour un chasseur samarien, comme l'ont montré de précédentes éditions. Organisée sur le camp militaire de Mourmelon en novembre, une finale régionale précédera la finale nationale prévue pour avoir lieu sur un autre camp militaire, à Sissonne, en janvier 2020. «Si l'on se prépare correctement, et que l'on a un peu de chance, on peut aller loin», témoigne Serge Guilbert.
Un double regard sur la chasse avec un chien
«Si je n'avais plus de chien, je n'irai plus à la chasse», finit par admettre M. Guilbert, même si cela se devine sans mal. S'il a opté pour un épagneul breton depuis de nombreuses années, «C'est un bon à tout faire. Il est agréable à la maison, gentil avec les enfants. À la chasse, il est polyvalent». Sa passion pour la cynophilie n'est pas vaine, et se traduit par de multiples engagements : au sein de l'association canine territoriale nord de la Picardie, du club de l'épagneul breton, de celui de l'épagneul picard ou encore de la société centrale canine. En parallèle à ces nombreuses responsabilités, il est également juge en fiel-trial et à l'occasion d'expositions canines. Demain, lorsqu'il aura endossé son costume de juge des Rencontres Saint-Hubert, il portera un regard double sur le candidat et le couple formé avec son chien : celui du passionné de chiens, mais aussi du chasseur.
Un épagneul, des épagneuls
Passionné d'épagneul breton, Serge Guilbert n'en reste pas moins attentif à la dynamique d'autres races, dont celles emblématiques des Hauts-de-France et, plus particulièrement, de Picardie. Si les épagneuls picards et bleu de picardie ne sont pas les représentés lors des Rencontres Saint-Hubert, c'est d'abord pour une raison d'effectifs. Chaque année, on compterait entre 80 et 120 naissances pour la première, et entre 70 et 80 pour la seconde. Bien qu'elle ne soit pas picarde, mais normande, l'autre race qui intéresse particulièrement le président de l'association canine territoriale nord de la Picardie est l'épagneul de Pont-Audemer. Administrateur de la Société centrale canine (SCC), Serge Guilbert jette un oeil attentif à sa commission zootechnique qui s'attache à sauvegarder la race. Une étude a été lancée dernièrement pour en recenser les effectifs. «Ce chien fait partie du patrimoine de la Normandie, mais à défaut d'effectifs suffisants connus, il est rattaché au Club de l'épagneul picard depuis une vingtaine d'années. L'objectif est de ne pas perdre la race, mais cela est compliqué puisqu'on ne connaît qu'une dizaine de naissances par an.» Pour avoir pratiqué la chasse en plaine «pendant deux saisons» avec un épagneul de Pont-Audemer, M. Guilbert lui reconnaît des qualités non négligeables : «Son arrêt est court, mais il est très bon au rapport. C'est plutôt un chien de marais. On espère d'ici quelques temps le ramener au niveau auquel il devrait être.»