Les résidus de pesticides surveillés
De juin 2018 à juillet 2019, la France a surveillé les résidus de pesticides présents dans l’air. Dans les Hauts-de-France, les taux de concentration de molécules phytosanitaires sont en dessous de la moyenne nationale.
Connaître les concentrations de résidus de molécules de produits phytosanitaires dans l’air sur le territoire français. C’est l’objectif d’une étude menée par les associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air.
Dans notre région, c’est Atmo Hauts-de-France qui a scruté la qualité de l’air, sur quatre sites, de juin 2018 à juillet 2019.
«Nous avons choisi ces sites selon leurs spécificités, explique Paul Quindroit, en charge de cette étude. Nous surveillons déjà les concentrations en pesticides depuis 2003 à Lille (59), il semblait évident de continuer. À Saint-Quentin (02), des parcelles cultivées sont à 720 mètres du capteur. Sur nos sites ruraux, les capteurs se situent au milieu des zones de production de céréales ou de pommes de terre. À West-Cappel (59), en bordure de la Belgique, les parcelles se situent à 90 mètres du capteur, tandis qu’à Thézy-Glimont (80), elles sont à 340 mètres.»
Spécificités régionales
Après un an de relevés puis un an d’étude, l’heure est au bilan. Parmi les quatre-vingt substances contrôlées, vingt ont été détectées sur l’ensemble des quatre sites. Les molécules d’herbicides en représentent à elles seules 90 %. Principalement utilisés au printemps et à l’automne, les résidus mesurés dans l’air restent à un niveau de concentration très faible, «de l’ordre de quelques nanogrammes par mètre cube», rappelle Nathalie Dufour, responsable du service études à Atmo Hauts-de-France.
Des résidus de lindane, insecticide interdit en France depuis 2007 pour les utilisations en biocide et en 1998 pour l’utilisation agricole, mais très persistant sont encore souvent détectés, mais à des concentrations très faibles (moins de 0,1 nanogramme (ng)/m3). Le glyphosate, souvent décrié, a été retrouvé dans 81 % des échantillons mais sa concentration dans les Hauts-de-France est inférieure à la moyenne nationale (0,2 ng/m3 contre 0,4 pour la moyenne nationale).
«Les Hauts-de-France ont une spécificité puisque c’est la première région de productions végétales, première productrice de céréales, de légumes de plein champs, de betteraves et de pommes de terre, constate l’ingénieur. Des spécificités qui se retrouvent dans les résultats de l’étude, puisque les trois substances qui ressortent le plus parmi toutes celles détectées sont le triallate, le prosulfocarbe et la pendiméthaline.» Ces trois substances sont utilisées pour désherber les cultures légumières, de céréales ou de pommes de terre. Quant au site de West-Cappel (59), le diméthoate, interdit en France mais autorisé en Belgique, n’a pas été détecté.
En dessous de la moyenne nationale
De manière générale, dans notre région, la concentration des molécules détectées durant cette année-là était plus faible que la moyenne nationale.
«On remarque tout de même que les sites ruraux enregistrent globalement des concentrations plus élevées de résidus de pesticides que ceux urbains, explique Paul Quindroit. La distance avec les parcelles cultivées semble être la principale raison.»
Forte d’avoir mesuré les concentrations de résidus à Lille depuis 2003, Atmo Hauts-de-France peut évaluer l’évolution des concentrations qui oscillent entre 1,5 et 4 ng/m3. «En 2018-2019, les concentrations avaient légèrement augmenté, de 7 %, mais 2018 étaient une année moyenne, analyse l’ingénieur. Par rapport à 2016, cette augmentation est de 26 %. Ce serait dû principalement aux conditions météorologiques 2016 étant une année où les précipitations étaient importantes réduisant ainsi, la teneur en résidus dans l’air.» Une analyse partielle qui souligne les besoins d’en connaître davantage sur ces résidus. Il est donc primordial de pouvoir poursuivre ces mesures.
«Grâce à cette étude, nous avons une liste à jour des substances qu’il faut contrôler, annonce le président d’Atmo Hauts-de-France, Jacques Patris. Toutefois, tant que nous n’avons pas de seuils réglementaires définis, nous ne pouvons répondre entièrement aux attentes et inquiétudes de la population.»