Les scientifiques alertent des effets indésirables de la directive nitrate
«L’accent mis par la législation européenne sur la réduction d’azote sans s’intéresser au phosphore pourrait par inadvertance augmenter les menaces sur des nombreuses espèces européennes déjà en danger», alertent les chercheurs dans un article publié le 2 novembre dans la revue Nature.
Leurs résultats se basent sur une analyse des concentrations en azote, phosphore et potassium de 673 sites dans des écosystèmes herbacés dans huit pays du continent européen, dont la Pologne, la Belgique, les Pays-Bas ou encore la Biélorussie. Les régressions statistiques effectuées par les chercheurs sur ces échantillons montrent que la plupart des espèces en danger occupent des sols comprenant des faibles concentrations en phosphore et des ratios azote/phosphore ou potassium/phosphore élevés. «De plus, les niches des espèces menacées sont significativement plus restreintes que celles des espèces non-menacées», expliquent les chercheurs.
La directive nitrate, en diminuant les concentrations en azote, et en modifiant fortement à la hausse le rapport N/P, risquerait donc d’entraîner la disparition d’espèces rares. «Une directive européenne sur le phosphore est nécessaire», concluent les chercheurs, appelant à une meilleure gestion de cet élément dans les sols.