Les structures équestres face au confinement
Les centres équestres, fermés au public depuis le confinement, subissent l’arrêt de leur activité. Ils doivent aussi s’organiser pour s’occuper des chevaux habituellement soignés par leurs propriétaires. Exemple à Belloy-sur-Somme.
Comme dans tous les centres équestres, depuis que le Gouvernement a décrété le confinement, plus personne ne peut entrer dans les Écuries de Belloy-sur-Somme. Seuls les salariés et les gérants s’activent pour s’occuper des chevaux. Les règles ont cependant été floues pour ces structures. «L’enseignement a d’abord été arrêté, ainsi que l’accueil du public, explique Élise Magnier, gérante. Mais nous avons d’abord pensé que les propriétaires étaient autorisés à venir s’occuper de leurs chevaux en pension en respectant des consignes.» Un planning a été mis en place pour organiser les venues des cavaliers : pas plus de cinq personnes à la fois, sur des créneaux de deux heures maximum, et des consignes strictes d’hygiène. «Finalement, le CRE (Comité régional d’équitation des Hauts-de-France, ndlr) nous a indiqué qu’il fallait fermer pour tout le monde.»
En effet, l’arrêté du 15 mars 2020 précise que les établissements recevant du public (ERP) «ne peuvent plus accueillir du public jusqu'au 15 avril 2020». Cette mesure concerne tous les établissements sportifs couverts ainsi que les établissements de plein air. «Sur la base de ce texte, chaque dirigeant d'établissement équestre doit décider de fermer totalement sa structure au public, en particulier si l’établissement est en mesure d'assurer la surveillance, l'entretien et l'activité physique normale et régulière des équidés stationnés dans sa structure, précise le CRE. Si le dirigeant décide de laisser les propriétaires accéder à leur équidé, cela doit répondre à des nécessités absolues concernant le bien-être des poneys et des chevaux.» «Suite à cela, je n’ai reçu aucun message d’incompréhension des propriétaires, confie Élise. Mais beaucoup sont inquiets. Nous devons parfois les rassurer plusieurs fois par jour en leur donnant des nouvelles de leurs chevaux, par message ou au téléphone…»
À Belloy, le moniteur des écuries a pris des congés et sera au chômage partiel si le confinement devait se prolonger. Les deux autres salariés, eux, s’activent encore plus que d’habitude. «En plus de sortir tous les chevaux au paddock, nous devons assurer les soins dont les propriétaires se chargent habituellement. Curer les pieds, changer les couvertures… Cela gratuitement. Ce n’est pas dans notre esprit de facturer en ces circonstances.» Élise reconnait néanmoins avoir la chance de disposer de pâtures. Les chevaux et poneys d’enseignement y ont été mis en vacances. Pour les centres équestres limités en espaces extérieurs, les sorties des chevaux sont un casse tête. Élise ne peut en revanche pas travailler les chevaux, car elle est blessée. «Le service de remplacement pourrait peut-être me permettre de faire revenir mon moniteur pour cela.»
Et au niveau de la trésorerie ? «Ça va faire mal !» Les cours d’équitation représentent la moitié du chiffre d’affaires annuel. Les écuries de Belloy-sur-Somme fonctionnent en paiement au trimestre. «Les clients me demandent quelle sera la procédure de remboursement. Mais je ne peux rien décider tant que je ne connais pas la durée de la fermeture.» À cela s’ajoutent les stages qui n’auront pas lieu, les cours aux propriétaires, et la perte de pensions. «Presque dix chevaux sont partis à l’annonce du confinement. Les propriétaires ont préféré les mettre en pâture.» Élise pense perdre trois quarts de son chiffre d’affaires en tout. «On compte sur l'aide du Gouvernement, et de la solidarité pour passer cette période.»
Le tourisme vert à l’arrêt
Beaucoup d'énergie est également dépensée aux soins des chevaux, au Domaine du Lieu Dieu, à Beauchamps. Tout le domaine de loisir, estampillé «Bienvenue à la ferme» est désert depuis ce week-end. Activités équestres, nautiques, tir à l’arc, paintball, volley ball, balades à pied et en vélo, hébergements insolites : les activités qui y sont proposées sont toutes soumises à fermeture. «Nous sommes neuf personnes à y travailler en tout, dont sept salariés, précise Jérôme Maillard de Thézy, co-gérant avec son épouse. Ce mois-ci, nous pourrons les payer, mais à partir du mois prochain, si cela dure, les salariés de la partie tourisme seront en chômage partiel.» Le professionnel a «le moral à zéro», car mars est habituellement le mois «où les gens retrouvent l’envie de partir en vacances avec l’arrivée des beaux jours, et où nous recevons les acomptes.» Mais le compte en banque ne se rempli pas. «Les seuls appels que nous recevons sont des annulations.» L’entreprise compte sur les mesures d’aide annoncées par le gouvernement (report des prélèvements…). «Mais rien ne vaut une pleine activité.»