Biodiversité
Les vingt-cinq priorités contenues dans le Pacte haies
Lors du dernier Salon de l’agriculture, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a précisé les mesures pour favoriser la plantation de 50 000 km de haies durables d’ici 2030, s’attirant un satisfecit de l’Afac-agroforesterie.
Lors du dernier Salon de l’agriculture, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a précisé les mesures pour favoriser la plantation de 50 000 km de haies durables d’ici 2030, s’attirant un satisfecit de l’Afac-agroforesterie.
Les haies semblent faire l’unanimité. Tout le monde s’accorde sur la beauté d’un paysage bocager. L’Inrae a convaincu les non-initiés de ses bienfaits : stockage du carbone, conservation de la biodiversité, régulation des inondations, protection des animaux, stabilisation des sols, production de bois, etc. Après avoir appris que 23 000 km de haies avaient encore disparu depuis cinq ans, le monde agricole, mais aussi les citadins ont favorablement accueilli le «Pacte en faveur de la haie» annoncé en septembre dernier par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, (Masa). Celui-ci a pour ambition de planter 50 000 km de haies d’ici 2030.
Observatoire de la haie
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Aussi attendait-on des précisions pour lever les obstacles et mettre en pratique ce pacte qui prévoit de consacrer 110 millions d’euros (M€) chaque année à la restauration du bocage. C’est ce qu’a fait Marc Fesneau au Salon de l’agriculture, en précisant de manière détaillée, dans «un plan d’action», la mise en place de ce programme.
Avant tout, il faut «simplifier la réglementation», a-t-il indiqué. C’est une des critiques les plus souvent entendues. Planter des haies relève de plusieurs cadres juridiques, l’agriculture, l’environnement, l’urbanisme. Le ministre a annoncé la création d’un guichet unique par département, pour informer et sécuriser les candidats à la plantation, agriculteurs et collectivités locales, afin que ces derniers connaissent mieux leurs droits et leurs devoirs. De plus, un observatoire de la haie va être créé. Il permettra de caractériser les haies sur la France entière de manière quantitative et qualitative, de connaître les zones de continuité écologique. L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) est chargé d’établir une cartographie à cet effet. La recherche et l’enseignement seront renforcés pour mieux connaître le rôle des haies à l’adaptation au changement climatique et leurs performances économiques. Des actions seront menées pour valoriser les bois et les plaquettes bocagères issus des haies, en développant la commande publique pour l’approvisionnement des chaudières biomasse. Pour le ministère de l’Agriculture, la création d’un atelier bois rentable devrait être la motivation déterminante des agriculteurs car la plantation et l’entretien des haies exigent beaucoup de travail. Enfin, les labels sur la haie seront favorisés pour garantir leurs richesses écologiques.
Satisfaction des associations
Ces annonces ont été saluées par l’Afac-agroforesterie, l’association qui fédère les initiatives en faveur de la haie sur tout le territoire. Philippe Hirou, son président, y voit un tournant majeur des politiques publiques de la haie : «La haie peut participer au revenu des agriculteurs et à ce qu’ils soient fiers de ce qu’ils font. L’agriculture a besoin d’un nouveau pacte avec la société. La haie en fait partie», a-t-il déclaré.
Parmi les satisfactions figure la «logique de consortium», la mobilisation de plusieurs structures d’animation territoriale selon les projets. Ainsi Chambre d’agriculture France, l’Inrae, l’IGN, les collectivités locales, le ministère de l’Agriculture, l’OFB les scieries, les pépiniéristes, les fédérations de chasseurs et l’Afac-agroforesterie seront associés. Le «plan d’action» met également l’accent sur un enjeu crucial, souligné par Philippe Hirou lors de ses rencontres avec la presse au Salon de l’agriculture : «la partie immergée de l’iceberg : ne plus perdre de haies». Pour l’Afac-agroforesterie, il ne suffit pas de planter de nouvelles haies, encore faut-il conserver celles existantes. Pour cela, il faudrait ne pas les raboter de manière intempestive le long des chemins mais adopter une gestion durable. «Les haies vieillissantes souffrent de la sécheresse. Il faut rajeunir les arbres, garder les ronces au besoin. Une haie de qualité doit être large, un mètre de ligneux, un mètre de bordure de chaque côté, ce qui fait une canopée de 6 à 10 mètres de large, pour mieux stocker le carbone et créer un micro-climat», indique-t-on à l’Afac-agroforesterie. Une gestion durable qui sera sanctionnée par le «Label haie».