Céréales
L’export de grains pénalisé par les mauvaises récoltes
Faute de grains et de compétitivité, les exportations françaises de céréales ne décollent pas. L’arrivée sur les marchés des céréales de l’hémisphère sud pèse sur l’évolution des prix des grains.
Faute de grains et de compétitivité, les exportations françaises de céréales ne décollent pas. L’arrivée sur les marchés des céréales de l’hémisphère sud pèse sur l’évolution des prix des grains.
L’ensemble de la filière céréalière pâtit des 10 millions de tonnes (Mt) de blé et des 2 Mt d’orges en moins qui n’ont pas été récoltées l’été dernier. «Pour les coopératives, cela représente plus de 300 millions d’euros de pertes de marges, ce qui n’est pas sans conséquences sur leur santé économique», a déclaré Dominique Chargé, président de La coopération française en marge du congrès conclu le 18 décembre dernier. Sur la scène internationale, ces millions de tonnes de grains exportables en moins affaiblissent l’influence de notre pays alors que la concurrence est rude.
Peu de blé dur
À l’export, après plus de cinq mois de campagne de commercialisation, le bilan est désespérant mais pas surprenant. La France n’a vendu qu’1,2 Mt de blé vers les pays tiers et 700 000 t d’orges et de malt. FranceAgriMer vient de revoir ses objectifs de campagne (3,5 Mt pour le blé et 2,1 Mt pour l’orge) en baisse de 500 000 t. Pour ne pas hypothéquer leur prochaine récolte 2025 de céréales, les agriculteurs se sont vu proposer des aides financières à la trésorerie par leur coopérative, selon Dominique Chargé. Mais il est d’ores et déjà acquis que la superficie de céréales d’hiver (6,3 millions d’hectares ; + 6,6 % sur un an) serait à peine équivalente à la moyenne quinquennale. Jamais aussi peu de blé dur (206 000 ha) n’a été semé. À Rouen, l’augmentation récente du prix de la tonne de blé (+ 20 € en un mois) ne profite qu’à la marge aux céréaliers français compte tenu de la faiblesse de l’offre hexagonale. A Bordeaux, les cours du maïs n’ont gagné que quelques euros. Mais en Ukraine et en Russie, le bilan économique de six mois de campagne est bon. Les deux pays ont expédié plus de la moitié de leur blé exportable (58 Mt). Mais il leur reste 30 Mt à vendre. Selon la Commission européenne, l’Ukraine a livré 2,88 Mt de blé et 4,9 Mt de maïs vers l’Union européenne auxquelles s’ajoutent 1 Mt de maïs vers la Turquie et 244 000 t vers la Corée du sud.
Illusions
Les prix mondiaux des grains ne reflètent toujours pas les fondamentaux des marchés des céréales. Les productions mondiales de blé, d’orges et de maïs sont déficitaires de près de 35 Mt, souligne FranceAgriMer, le 18 décembre dernier au terme du Conseil mensuel «grandes cultures». Les stocks de fin de campagne du blé (258 Mt ; 32 % de la consommation mondiale, Chine comprise) et de maïs (296 Mt ; 24 % de la consommation mondiale) seront les plus faibles depuis près de dix ans. En Russie, les conditions de cultures du blé d’hiver se détériorent semaine après semaine. Seuls 31 % de la superficie sont en bon état alors que la proportion était de 74 % l’an passé. Le site Ukragroconcult rapporte que «le ministère russe de l'Économie a revu à la baisse ses prévisions de récolte de blé en Russie pour 2025 de 3 Mt à 78,7 Mt». Autrement dit, la production potentielle de grains serait à la fois inférieure de 10 Mt à la moyenne quinquennale et la plus faible depuis 2021 (76 Mt). En fait, l’Australie et l’Argentine illusionnent les marchés avec leur 36 Mt de blé exportables selon le ministère américain de l’Agriculture (USDA). Mais l’Île continent a les moyens de reconquérir en Asie du sud-est les parts de marché perdues l’an passé. Quant au maïs, l’évolution des cours mondiaux de la céréale pâtit des perspectives de production très favorables au Brésil (127 Mt, + 3 % sur un an). Et les États-Unis n’ont pas fini d’exporter leur récolte.