Lin fibre : réfléchir sa stratégie fongicide
La croissance active du lin, période qui détermine le rendement en fibre, a commencé. Il est donc important de surveiller attentivement l’état sanitaire des linières et, plus particulièrement, l’oïdium (moisissure blanche) dont le développement peut impacter la quantité et la qualité des fibres.
Les conditions climatiques favorisant le développement initial de l’oïdium sont des températures douces (entre 20 et 25°C) et une forte hygrométrie. Les températures sont maintenant encore un peu fraîches, mais la vigilance est de mise car le risque d’expression de la maladie peut être rapide. Des premières étoiles ont été observées autour du 13 mai dans une parcelle du Calvados. Après un mois de mars sec, les pluies ont repris à partir de la mi-avril avec une répartition hétérogène suivant les secteurs. Sur la période du 1er avril 2020 au 10 mars 2020, les Hauts-de-France ont les cumuls de pluie les plus faibles, inférieurs à 36 mm, tandis que les cumuls en Basse Normandie atteignent les 80 mm. Dans tous les cas, le caractère orageux des précipitations de ces dernières semaines laisse apparaître de grandes disparités locales dans ces répartitions. En ce qui concerne les cumuls de température, pour l’ensemble du secteur linier, ils sont largement supérieurs à la moyenne sur les vingt dernières années. Les cumuls sont plus importants pour la Normandie que pour les Hauts-de-France. Les températures élevées rencontrées favorisent une croissance rapide du lin qui devrait se poursuivre. Les dates de floraison sont ainsi prévues pour début juin.
Quel impact de la maladie à des stades précoces ?
Le graphique ci-contre montre la relation qu’il peut exister entre l’intensité d’oïdium – note de
0 à 10 (plus la note est élevée, plus la pression en oïdium est forte) – et l’écart de rendement en lin teillé, en q/ha, entre les modalités traitées et les témoins non traités (nuisibilité). Plus l’oïdium est présent tôt dans le cycle végétatif de la culture et d’autant plus si l’intensité est forte (mycélium fortement développé sur les feuilles), plus l’impact sur le rendement en lin teillé sera important.
L’impact ne se mesure pas seulement sur le rendement puisqu’il a été démontré qu’une dégradation de la qualité était observée, notamment sur la résistance des fibres : les fibres des modalités non protégées présentent une résistance nettement inférieure à celle des modalités protégées contre les maladies.
Quels sont les moyens de lutte ?
Même si l’offre de variétés tolérantes augmente et permet dans certains cas de décaler des interventions (arrivée plus tardive de la maladie), elle ne permet pas de s’affranchir de la protection fongicide qui représente le principal levier pour diminuer l’impact de la maladie sur le rendement. Arvalis travaille chaque année sur la détermination des meilleures combinaisons de produits fongicides possibles en fonction de la pression de la maladie. L’évaluation du risque et la stratégie de lutte se fait à la parcelle. Il faut effectivement raisonner les interventions en fonction de la pression maladie, du stade de la culture, des conditions de végétations. À noter que certaines spécialités peuvent perturber la croissance des lins. Le dernier traitement peut être réalisé jusqu’au stade préfloraison. Attention, une intervention après ce stade peut empêcher la mise en place du rouissage.
Septoriose : à surveiller selon les secteurs
L’hiver particulièrement doux et humide a pu être propice au développement d’un inoculum de la maladie. En végétation, la septoriose s’incube en début de cycle (levée et 10 cm) et avec des conditions climatiques favorables au développement du champignon (forte humidité, températures douces et des pluies régulières). Ce sont les pluies régulières du printemps qui font monter la maladie étage par étage par effet splash sur les feuilles. Les symptômes s’expriment souvent en fin de cycle au moment de la floraison avec l’apparition de brunissure sur les tiges, des taches noires et rondes sur les feuilles. De ce fait, les parcelles situées dans les secteurs concernés par les orages des mois d’avril et mai (9-10 mai) sont à surveiller particulièrement. Le risque septoriose est a priori faible. Une intervention systématique avec du SCORE est inutile. Néanmoins, en cas de conditions favorables à la septoriose et/ou en présence de symptômes, une application de SCORE® à 0,5 l/ha s’avère efficace. Elle permettra de stopper le développement de la maladie, mais ne sera pas curative. L’intervention est possible jusqu’à la floraison si les symptômes persistent et/ou se développent. Son action sur l’oïdium est très faible.