Londres vise le libre-échange avec l'Union européenne
Sortie du marché unique européen, négociations d’un accord de libre-échange avec l’UE et d’accords commerciaux avec d’autres pays : tels sont, notamment, les objectifs de Londres pour les négociations sur le Brexit qui doivent être lancées d’ici fin mars.
Theresa May a annoncé le 17 janvier ses douze grands objectifs pour les négociations sur le retrait de son pays de l’Union européenne qu’elle compte enclencher d’ici fin mars, et qui devraient durer au moins deux ans. La Première ministre britannique a affiché notamment sa volonté de sortir du marché unique européen, de chercher un accord de libre-échange «ambitieux» avec l’Union européenne et de passer de nouveaux accords commerciaux avec les autres pays. «Je ferai tout pour que cette négociation aboutisse à une solution équilibrée, dans le respect intégral de nos règles», a réagi le lendemain le président de la Commission de Bruxelles, Jean-Claude Juncker, devant le Parlement européen, à Strasbourg.
Le Royaume-Uni veut, selon Theresa May, contrôler l’immigration en provenance d’Europe et reprendre le contrôle de la loi britannique en mettant fin à la compétence de la Cour de justice européenne. Il cherchera à obtenir un nouvel accord de libre-échange «ambitieux» avec l’Union, avec le meilleur accès possible au marché unique sans en faire partie. «Et puisque nous ne serons plus membres du marché unique, nous ne serons plus tenus de contribuer pour des sommes énormes au budget de l’Union européenne», a déclaré la Première ministre.
En août dernier, le chancelier de l’échiquier, Philip Hammond, avait déjà garanti que le niveau actuel des financements agricoles au titre du 1er pilier de la Pac serait maintenu jusqu’à 2020, en tant que transition vers de nouveaux arrangements nationaux.
Londres a, parallèlement, l’intention de conclure de nouveaux accords commerciaux avec le reste du monde. Theresa May s’est félicitée, à ce propos, que le président américain Donald Trump ait dit que «la Grande-Bretagne n’est pas à l’arrière de la file pour un accord commercial avec les Etats-Unis, mais au début». Elle souhaite aussi un accord douanier entre son pays et l’Union européenne sans dépendre pour autant du tarif douanier commun, mais n’a pas, sur ce point, de «position préconçue».
Mise en garde
Pour que le Brexit soit «fluide et ordonné», la première ministre préconise une mise en œuvre par étapes. Le Royaume-Uni «veut rester un bon ami et voisin de l’Europe. Je sais que des voix appellent à un compromis qui (le) punit et décourage d’autres pays à suivre la même voie. Cela serait un acte d’automutilation calamiteuse pour les pays d’Europe», a-t-elle dit.
Theresa May a confirmé que son gouvernement soumettrait l’accord final avec l’Union au vote des deux Chambres du Parlement avant qu’il n’entre en vigueur. Et, d’ici fin janvier, la Cour suprême du Royaume-Uni doit se prononcer sur la nécessité ou non de consulter les parlementaires avant d’activer l’article 50 du traité européen, ce qui déclenchera un processus de négociations avec l’Union européenne.
Des risques pour la Pac et son budget
La Brexit pourrait se traduire par un «déficit important dans le financement» de la Pac, des modifications dans les règles de gestion du marché, y compris les prix d’intervention, et un risque significatif de perturbations commerciales, selon une note établie par les services de la commission de l’agriculture du Parlement européen. Les mécanismes actuels de la Pac continueraient de fonctionner «sous leur forme actuelle», mais le budget disponible dépendra de la volonté de l’Union européenne de compenser la perte de la contribution du Royaume-Uni et de maintenir la part de cette politique dans le budget communautaire (environ 33 %), souligne cette note destinée au négociateur du Parlement européen pour le Brexit, le libéral belge, Guy Verhofstadt. Le départ du Royaume-Uni pourrait aussi, ajoutent les auteurs, obliger l’Union européenne à renégocier ses accords commerciaux avec les pays tiers compte tenu de la perte du marché britannique.