L'OP des betteraviers de Roye abat ses dernières cartes
Si les rendements sont bien sûr une préoccupation du moment, la question des Op est dans toutes les conversations des planteurs Saint Louis Sucre. Benoit Gerbaux, président de l’OP des betteraviers de Roye revient sur l’adhésion des planteurs à ce projet d’Organisation de Producteurs pour la sucrerie de Roye qui recevra également les betteraves des planteurs d’Eppeville en 2020.
Si les rendements sont bien sûr une préoccupation du moment, la question des Op est dans toutes les conversations des planteurs Saint Louis Sucre. Benoit Gerbaux, président de l’OP des betteraviers de Roye revient sur l’adhésion des planteurs à ce projet d’Organisation de Producteurs pour la sucrerie de Roye qui recevra également les betteraves des planteurs d’Eppeville en 2020.
La mise en place des OP requiert-elle l’approbation de Saint Louis Sucre ?
L’OP des betteraviers de Roye n’est pas un projet bâti contre Saint Louis Sucre…..mais bien par des planteurs pour les planteurs. Sa raison d’être c’est d’assurer une recette durable et équitable dans un réel partenariat avec notre fabricant, situation que nous ne connaissons plus depuis la fin des quotas. Pour autant, c’est vrai la mise en place de notre OP suscite de nombreuses et vives réactions de la part de Saint Louis Sucre.
Pourquoi Saint Louis Sucre est hostile vis-à-vis de l'OP des betteraviers de Roye et qu'il semble silencieux voir bienveillant vis à vis d’autres ?
C’est bien le regroupement de l’offre des planteurs de Roye et d’Eppeville dans un seul contrat entre l’OP et Saint Louis Sucre qui dérange, c’est-à-dire le transfert de propriété des betteraves à l’OP.
Pourquoi parle-t-on de transfert de propriété ?
Parce ce que le projet d’une OP pertinente ne peut passer que par le transfert de propriété. Les planteurs confient la commercialisation de leurs betteraves à l’OP qui négocie un contrat unique de plusieurs centaines de milliers de tonnes de betteraves avec Saint Louis Sucre. Il ne s’agit pas d’enlever la liberté de chacun, mais bien de se regrouper pour vraiment peser dans la discussion.
Les planteurs reçoivent également des informations sur un autre projet d’OP baptisée Avenir Sucre. Celui-ci dénonce une main-mise de la CGB sur votre projet ? Y-a-t-il divergences de vues entre les planteurs ?
Deux représentants en Commission de répartition de la valeur (CRV) ont initié avec une quinzaine d’agriculteurs un autre projet d’une OP unique pour les 2 usines Saint Louis Sucre. Bien sûr, la CGB soutient et encourage le projet d’OP des betteraviers d’Etrépagny et celui des betteraviers de Roye. L’objectif de la CGB est légitime : défendre le revenu des planteurs de betteraves par les moyens appropriés. Mais ce dossier n’est pas syndical comme certains veulent le laisser croire. C’est un dossier économique et uniquement économique. L’OP est un outil à notre disposition pour équilibrer le poids des producteurs vis-à-vis d’un industriel. Et je m’interroge, pourquoi dans toutes les autres productions le regroupement de l’offre serait une solution et pas dans la betterave. A comprendre sa communication, « Avenir Sucre » accepte le contrat 2020 tel que proposé par Saint Louis Sucre. Elle souhaite une OP sans transfert de propriété : nous ne partageons pas cette analyse. Concrètement, cela signifierait que cette OP n’aurait qu’un simple mandat de négociation pour l’ensemble de ces adhérents, c’est-à-dire un pouvoir bien limité. Saint Louis Sucre gardant toute latitude de passer le contrat avec les planteurs qu’il y ait accord ou pas de cette OP. Dit autrement, on reviendrait au fonctionnement d’une CRV que l’on connaît et qui n’a apporté aucun résultat allant dans le sens d’une relation contractuelle plus équilibrée avec le fabricant. Ce qui est sûr, c’est que la division ne fait le jeu que d’un interlocuteur, Saint Louis Sucre. C’est pour cette raison que nous leur tendons à la main pour discuter, rapprocher nos points de vues et travailler ensemble.
Pourquoi vouloir aller vite dans la mise en place des OP ?
Le projet d’une OP efficiente passe cependant par une vraie négociation d’un contrat 2020. Remettre à plus tard la mise en place d’une OP, c’est approuver un contrat proposé de manière unilatérale par Saint-Louis Sucre. Un contrat qui paraît bien séduisant avec l’annonce d’un prix garanti, mais seulement en apparence. Un contrat doit faire référence obligatoirement à des accords interprofessionnels, c’est la réglementation européenne qui l’exige. Les accords interprofessionnels sont en négociation et ne sont donc pas signés. Le contrat proposé n’est donc pas valable et n’aurait pas dû être envoyé. Néanmoins, Saint Louis Sucre demande un retour de contrat pour le 30 octobre. Il faut donc avant cette date que tous les planteurs ayant compris le sens de notre OP, renvoient leur bulletin d’adhésion afin de regrouper un maximum de volumes.
Que signifie cet engagement de 3 ans ?
La démarche de l’OP s’inscrit dans la durée. Le but n’est évidemment pas de ficeler les planteurs. Les volumes à produire chaque année pourront être modulés au sein de l’OP. L’idée de l’engagement c’est qu’un planteur produisant pour Saint Louis Sucre s’engage à le faire via l’OP des Betteraviers de Roye pendant 3 ans.
A ce jour, quel est le volume de betteraves engagé dans l’OP des Betteraviers de Roye ?
On s’approche d’un volume engagé correspondant à 50 jours de campagne de la sucrerie de Roye. Pour autant, nous devons être bien plus nombreux encore. Et c’est dans les 10 jours qu’il faudra faire le compte. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons du poids dans les discussions avec Saint Louis Sucre. Pour chacun d’entre nous, le choix est simple : soit on signe le contrat Saint Louis Sucre, soit on adhère à l’OP avant le 30 octobre.
La Scica peut-elle se passer du décret ministériel instaurant les OP dans le secteur de la betterave ?
Du fait du transfert de propriété, et de par son statut de Scica, l’OP des betteraviers de Roye peut se passer du décret pour commercialiser les betteraves de ses adhérents auprès de Saint Louis Sucre. En revanche, en absence de décret ministériel, une OP sans transfert de propriété ne peut fonctionner.