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L'opposition toujours rude d'un député de la majorité contre le RIP sur les animaux

Un échange informel entre le président de la FDSEA 80, Denis Bully et le député de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, hier a été l'occasion d'aborder le projet de référendum d'initiative partagée (RIP) sur le bien-être animal et d'autres sujets.

Les positions d'un député-éleveur ne sont pas les plus faciles à défendre au sein d'une majorité dont plusieurs membres sont signataires du RIP sur les animaux, mais Jean-Baptise Moreau est confiant : le RIP a peu de chance d'aboutir.
Les positions d'un député-éleveur ne sont pas les plus faciles à défendre au sein d'une majorité dont plusieurs membres sont signataires du RIP sur les animaux, mais Jean-Baptise Moreau est confiant : le RIP a peu de chance d'aboutir.
© V.F.

Quarante-minutes d'échange entre un responsable professionnel agricole et un député à l'agenda chargé, c'est en général un temps relativement long, mais « entre éleveurs, on se comprend » se sont accordés le président de la FDSEA 80, Denis Bully et le député de la Creuse, Jean-Baptiste Moreau. « Maintenant, ce sont les autres qu'il faut réussir à convaincre... »

Au menu de la discussion offerte le 11 septembre par l'entremise du député de la 4ème circonscription de la Somme Jean-Claude Leclabart – il était également agriculteur - lors des journées parlementaires LREM à Amiens, le projet de référendum d'initiative partagée sur les animaux, la loi Egalim, la place de l'élevage dans l'agriculture, la gestion de l'eau ou encore la simplification administrative. Le 24 août dernier, Jean-Baptiste Moreau s'était en effet distingué en signant une tribune dans un quotidien national dans laquelle il s'érigeait « contre les apparentes bonnes intentions RIP qui ne sont en réalité que le cheval de Troie de revendications plus radicales ».

Toujours opposé au RIP sur les animaux

Fin de semaine dernière, le député-éleveur a renouvelé son opposition au RIP, ainsi que celle du ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie : « Bien entendu, je reste opposé à ce RIP et je peux dire que le ministre de l'Agriculture l'est aussi aussi, bien que je ne sois pas son porte-parole », a-t-il dit. Au sein de l'Assemblée Nationale, et plus particulièrement de la majorité présidentielle, le message n'est pas forcément facile à porter, même si le député creusois est confiant : « On a des collègues, y compris de la majorité, qui se sont laissés attirer par les sirènes, mais je ne pense pas qu'il y ait encore des députés qui vont signer ce RIP. Au contraire, on en voit même certains retirer leur signature ».

Ce qui l'inquiète en revanche, c'est une autre proposition de loi – celle qui demande entre autres l'interdiction de l'élevage en cages – déposée par cinq députés du groupe Ecologie democratie solidarite (EDS) et anciens membres de la majorite. « Sur le bien-être animal, il y a sans doute des choses à faire, mais c'est plutôt du côté des animaux de compagnie qu'il faut regarder, constate Jean-Baptiste Moreau. Pour ce qui est des animaux de rente, il y a déjà eu pas mal de choses faites. Dans le même temps, il faut rappeler que mettre 100% des animaux dehors n'est pas non plus une solution. Il faut être prudent et ne pas tomber dans une forme de surenchère en sachant qu'aux yeux de certains, tout ce que nous pouvons faire n'est pas suffisant ».

Loi Egalim et retombées économiques

Au sujet de la loi Egalim – Jean-Baptiste Moreau en avait été le rapporteur à l'Assemblée Nationale -, député et responsable professionnel regrettent que les avancées promises par la loi ne se soient pas encore concrétisées. La faute à qui ? A certains maillons des filières qui ne joueraient pas le jeu, selon M. Moreau : « Quand je vois que les négociations commerciales n'ont pas encore commencé et que des industriels annoncent déjà que les prix ne pourront pas être revalorisés, je trouve que c'est un mauvais signal qui est envoyé aux producteurs et plutôt une première bonne nouvelle pour la distribution. Ce n'est pas normal ».

Au sein de la filière lait, si Jean-Baptiste Moreau constate des « avancées », notamment grâce à la contractualisation, « le pire reste dans la viande », avec « une absence d'organisation de la filière et donc peu de contractualisation ». A la clé, il existe donc un déséquilibre entre offre et demande structurel : « Quoi que l'on fasse, même quand l'offre est inférieure à la demande, le prix payé aux éleveurs ne change pas... ».

Abattoirs et petites gares

Qu'il s'agisse de la place de l'élevage dans les territoires ou le développement des circuits circuits, Denis Bully a souligné que « si l'on veut vendre localement, encore faut-il qu'il y ait des outils locaux de transformation... » Mais pour le président de la FDSEA 80, « le problème, c'est toujours l'argent, même pour des projets qui ne demanderaient pas des dizaines de millions d'euros. Le désengagement de l'Etat n'est pas acceptable. Il en est de même des abattoirs comme des petites gares ou des hôpitaux. On les abandonne alors qu'ils rendent des services considérables et qu'ils font vivre des territoires ». Conscient de ces difficultés pour y être confronté dans son département, Jean-Baptiste Moreau l'assure : « il y aura des choses pour les abattoirs. La difficulté aujourd'hui, c'est que nous outils d'abattage sont en surcapacité par rapport à notre cheptel national, mais qu'ils sont concentrés ».

Concernant la gestion de l'eau, « quand on veut faire une retenue d'eau, il faut un certain temps, pour ne pas dire un temps certain... » a encore défendu le député. Avant d'établir une passerelle toute trouvée pour expliquer son intention de déposer un amendement destiné « à accélérer les procédures » lors de l'examen de la loi d'accélération et de simplification de l'action publique (Asap). Cette loi devrait en effet permettre « d'accélérer et libérer les projets industriels sur nos territoires, en simplifiant les procédures préalables aux implantations industrielles ». Mais là encore, le débat s'annonce rude avec des élus écologistes qui dénoncent déjà de possibles atteintes à l'environnement.

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