L’Union européenne collectera 160 Mt de lait en 2020
Le potentiel de développement de la filière laitière européenne se situe en France et en Pologne.
Mais, d’ici 2020, la collecte de lait croîtra davantage
dans les autres pays de l’Europe du Nord.
Pas de changement de classement. En 2020, l’Allemagne resterait le premier producteur européen de lait collecté (34,4 millions de tonnes, + 10 % par rapport à 2014) devant la France (28 millions de tonnes,
+ 11 %). La Pologne serait en cinquième position, mais en termes de production, elle ferait quasiment jeu égal avec les Pays-Bas en ajoutant la part de lait autoconsommé (environ 2 millions de tonnes).
Si tout se passe bien d’ici 2020, avec une sortie de crise rapide, l’Union européenne pourrait collecter
160 millions de tonnes de lait en 2020, soit une progression de 9 % par rapport à 2014. Mais la production stagnerait dans les autres pays de l’Est et déclinerait dans les pays balkaniques et méditerranéens. Telles sont les prévisions auxquelles se livre l’Institut de l’élevage dans son dernier dossier intitulé «Lait en Europe du Nord, forces, faiblesses et potentiels en 2020».
La hausse la plus forte de la production de lait collecté est attendue en Irlande. Elle serait de 30 % au cours des cinq prochaines années contre 8 % en Grande-Bretagne et 10 % en Allemagne. En 2020, les quantités de lait irlandais collectées seraient alors supérieures de près de 50 % à leur niveau de 2008. En fait, le seuil de rentabilité de la production de lait en Irlande (250 €/t) rend les éleveurs quasiment invulnérables face aux crises. D’où leur appétit pour produire toujours plus ! Mais, en volume, l’augmentation de la production la plus forte sera allemande en 2020
(+ 8 millions de tonnes par rapport à 2008).
Contraintes environnementales
En Grande-Bretagne, l’avenir de la production de lait, à ce jour déficitaire, est conditionnée par la parité de la livre sterling par rapport à l’euro. Et les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne, et même l’Irlande, pourraient être soumis à de nouvelles contraintes environnementales. Citons, par exemple, la fin de la dérogation accordée aux éleveurs néerlandais d’épandre 250 kg d’azote organique par hectare ou encore l’entrée en application de la réglementation phosphate. Sans parler de la prise en compte, en Allemagne, des substrats des méthaniseurs dans les plans d’épandage des exploitations.
La France et la Pologne disposent, en revanche, d’un potentiel de croissance de leur production de lait le plus important des autres pays de l’Union, bien au-delà de 2020. En plus, les éleveurs français n’abordent pas les années 2014-2020 en position de faiblesse. Ils sont aussi compétitifs que leurs voisins allemands, même si leurs charges sont déséquilibrées (coût alimentaire faible, mais frais de mécanisation élevés). D’ici 2020, les nombreuses zones AOP constituent de réels atouts pour valoriser les produits laitiers français, à l’abri de la concurrence mondiale. Encore faut-il que leur valeur ajoutée profite aux éleveurs. Or, à ce jour, il n’en est rien. Elle est consacrée, selon l’Institut de l’élevage, à la rémunération des salariés employés dans les entreprises de transformation.
Marges de progrès en Pologne
A l’Est, tous les regards sont rivés sur la Pologne en pleine restructuration. En 2020, la collecte de lait atteindrait 12 millions de tonnes. Sa production augmentera et la part du lait autoconsommé sera réduite d’un million de tonnes supplémentaires par rapport à son niveau de 2014. Mais elle représentera encore 15 % de la production totale de lait. L’augmentation de la consommation intérieure, inférieure de près de 80 litres par habitant par rapport à la moyenne européenne, absorbera une partie de la quantité de lait produite en plus.
Sinon, la Pologne, déjà excédentaire (31 % de la production vendue actuellement) compte bien exporter davantage de produits laitiers. Les marges de progrès sont importantes. La production moyenne par vache est de 6 000 kg par an, en progression toutefois de 3 % par an. La restructuration de l’élevage laitier passera par la disparition des plus petits troupeaux (on en dénombre 150 000 en 2013 de moins de cinq vaches) et par l’agrandissement des effectifs de vaches dans les plus grandes exploitations. Seul le nombre de fermes de plus de cinquante vaches croît.