Lutte contre le varroa : objectif 1er des apiculteurs
La 6e journée du développement apicole s’est déroulée la semaine dernière, à UniLaSalle Beauvais.
L’agriculture y participait, avec la présence de Fabrice Riquier, directeur de la Chambre d’agriculture de l’Oise, et de Bruno Haas, agriculteur en charge des dossiers environnementaux au niveau régional, qui ont expliqué le travail sur l’apiculture réalisé dans le département, comme, par exemple, la charte Agri-Api. Cette dernière a ainsi eu pour but de faciliter le travail et la communication entre agriculteurs et apiculteurs. Les apiculteurs présents à la réunion ont abondé en ce sens : «Les jachères mellifères sont à développer», «l’organisation de tours de ruchers, comme les tours de plaine, sont très intéressants également», «il faut développer au maximum les ruchers-écoles».
Ensuite, Etienne Bruneau, apiculteur belge et responsable professionnel apicole, a brossé le tableau du marché du miel dans le monde. Quelques chiffres : la récolte moyenne de miel en 2016 était de 22 kg/ruche en France et de 20,38 kg/ruche en Europe. Le prix des miels toutes fleurs au détail en 2014 était de 9,40 €/kg en France alors que le prix en fûts était de 4,60 €. Enfin, les pays exportant le plus de miel vers l’Union européenne sont la Chine, l’Ukraine, l’Argentine et le Mexique.
Varroa mon ennemi
L’après-midi était consacré au thème principal de la journée : être performant en apiculture et limiter les pertes hivernales, c’est possible ! Pour cela, l’exemple de deux apiculteurs. D’abord, Guillaume Lecat, apiculteur à Lannoy-Cuillère, a présenté son exploitation, orientée vers la production de gelée royale et menée en technique alternative (bio). Il détient quatre cents ruches et produit 1,2 kg de gelée royale par ruche et par an. Le problème majeur qu’il rencontre est le varroa, car celui-ci est très difficile à maîtriser, d’autant plus en bio. Il recourt à deux techniques : les cagettes Scalvini® (pour isoler la reine afin de pouvoir traiter avec les produits autorisés) et le retrait de couvain (ensemble des œufs, larves et nymphes protégés par les nourrices).
Ensuite, Philippe Bequet, apiculteur à Toutencourt, au nord d’Amiens, a parlé de son exploitation, orientée quant à elle vers la production de miel et la sélection. Il détient trois cent cinquante ruches : deux cents pour la production de miel et cent cinquante pour l’élevage. Son atelier élevage lui prend plus de la moitié de son temps de travail en saison, mais il lui permet de pallier les pertes hivernales. Ces dernières s’élèvent à 15 % sur son exploitation. Pour lutter contre le varroa, il utilise également les cages Scalvini®, ainsi que les lanières Apivar® (bandes qui permettent la diffusion de l’amitraze, antiparasitaire).
Alban Maisonnasse, en charge de l’expérimentation et des dossiers techniques à l’Adapi (Ada de la région Paca), a ensuite présenté les résultats de différentes expérimentations pour lutter contre le varroa. «Le varroa est tout le temps présent, dans toutes les colonies. Dans une ruche, il y a une colonie d’abeilles et une de varroas. La charge de varroas augmente de mars à août dans les ruches, puis diminue d’août à décembre. Un traitement en décembre est donc nécessaire pour commencer la saison avec la population la plus basse possible. Il y a quatre périodes clés dans la gestion du varroa : la fin de saison pour un premier traitement, l’automne pour le comptage, l’hiver pour un second traitement, et le début de saison pour le comptage et un traitement de rattrapage éventuel», dit-il. Parmi les solutions présentées : l’acide oxalique, les cages Scalvini®, la suppression de couvain, les lanières Apivar® et l’Aluen Cap (traitement à l’acide oxalique de longue durée).
Si la lutte contre le varroa semble la problématique la plus forte des apiculteurs, il n’est pas moins vrai que la filière doit aussi s’organiser. C’est exactement le message que Jean-Michel Serres, conseiller régional et président de la commission agriculture et agro-alimentaire, a fait passer en rappelant que le conseil régional a la volonté d’aider les apiculteurs professionnels dès lors qu’ils seront organisés. A bon entendeur…
Les familles professionnelles de l’apiculture
Les réseaux Ada France, Interapi et l’APPNP ont ensuite été présentés. Ada France est la fédération nationale du réseau de développement apicole. Association régie par la loi 1901, créée en février 2013, elle a pour objectif de concourir par tous les moyens au développement de l’apiculture, en assurant la coordination nationale des actions des associations régionales de développement apicole et groupements apicoles qu’elle représente. Elle accompagne les apiculteurs professionnels et pluriactifs dans l’installation et la gestion de leur exploitation, et participe activement aux réflexions liées à la filière apicole dans les instances locales et nationales.
Interapi est, quant à elle, l’interprofession des produits de la ruche. Elle se construit autour de trois axes stratégiques : contribuer activement à la résolution des problèmes de production des produits de la ruche ; qualité, traçabilité et promotion des produits de la ruche ; structurer l’économie de la filière.
L’APPNP regroupe les apiculteurs professionnels en Pays du Nord-Picardie. Grégoire Dussenne, salarié de la Chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais, est le conseiller-animateur de la structure.