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Agronomie
Maîtriser les risques du semis à la floraison pour réussir le pois d’hiver

Avec 60 % des parcelles qui ne sont pas allées jusqu’à la récolte en France, la campagne 2023-2024 a été particulièrement catastrophique en pois d’hiver. Pour autant, Terres Inovia croit en l’avenir de cette culture aux multiples intérêts. L’institut technique livrait ses préconisations lors de sa journée technique du 20 novembre, à Estrées-Mons.

La très mauvaise campagne peut décourager les agriculteurs à cultiver le pois d’hiver. Mais pour Terres Inovia, le contexte était inédit, et des leviers agronomiques pour limiter la pression maladie existent.
La très mauvaise campagne peut décourager les agriculteurs à cultiver le pois d’hiver. Mais pour Terres Inovia, le contexte était inédit, et des leviers agronomiques pour limiter la pression maladie existent.
© Pixabay

Températures douces et humidité sont les pires conditions pour le pois d’hiver. «Le bilan climatique 2023 est sans précédent. On estimé que 60 % des parcelles ne sont pas allées jusqu’à la récolte en France. Les rendements oscillent de 0 à un peu plus de 50 qx/ha», présente Bastien Remurier, référent national pois chez Terres Inovia, lors d’une journée technique le 20 novembre, à Estrées-Mons. Pour lui, si l’échec sanitaire peut décourager, «il est important de recontextualiser cette pression face à un climat extrême, non représentatif de ces dernières années. Les agriculteurs disposent de nombreux leviers agronomiques pour limiter la pression maladie, et de sauvegarder le potentiel des pois d’hiver».
Choix d’une parcelle moins susceptible d’entretenir la maladie et bonne préparation de sol (évitez les problèmes de lissages et compactions limitant l’infiltration de l’eau), sont les premiers facteurs de réussite. Le principal objectif, ensuite, est d’obtenir un pois d’hiver à 3 feuilles en sortie d’hiver. «La plante atteint son pic de résistance au froid (jusqu’à 
- 15 °C) quand il a atteint le stade 2-3 feuilles. À 6-7 feuilles, la résistance au froid tombe à - 5 °C.» Semer plus tardivement, entre le 15 novembre et le 20 décembre, est donc conseil suivant. «Les pois semés tardivement semblent subir plus tard les premières attaques des champignons, qui favorisent l’installation d’autres maladies telle que la bactériose, avec une moindre gravité.» Attention toutefois aux bonnes conditions de ressuyage.

Troisième conseil : semer suffisamment profond, à 5 cm au minimum, voire 1 cm de plus en cas de semis précoce et en sols soufflants. «Cela évite l’exposition de la graine aux gelées et protège l’épicotyle lors de la phase végétative, zone la plus sensible aux dégâts de gel.» Enfin, la surdensité est à éviter. «Elle entretient la maladie à floraison.» Cette densité est encore plus à soigner pour les nouvelles variétés, qui présentent une ramification de plus que les anciennes. Les préconisations sont de 60 à 70 graines/m2 en sols limoneux, 80 à 90 graines/m2 en sols argileux et 115 graines/m2 en sols de craie.
Dans le choix des variétés, Bastien Remurier préconise des variétés de pois d’hiver productives. «La plupart des variétés récentes apportent un plus», certifie Bastien Remurier (cf. encadré). Les caractéristiques agronomiques des maladies sont à prendre en compte. La tolérance au froid permet de limiter les blessures, porte d’entrée des agents pathogènes. La précocité à montaison en sortie d’hiver est aussi un plus : plus la reprise de végétation est rapide et moins le couvert reste en contact avec l’humidité du sol, et sera moins favorable au développement des maladies. L’architecture du couvert est également important, car plus le couvert est aéré (variétés à entre-nœuds longs, peu ramifiantes, à bonne tenue de tige) et moins il maintient l’humidité.» L’expert ajoute que la tolérance à la chlorose ferrique est un plus pour les sols calcaires et limons froid. «Si cette carence passagère n’a qu’un faible impact direct sur le rendement, le stress et le manque de vigueur occasionnés sur la plante peuvent favoriser le développement des maladies.»

 

Une intervention fongique précoce…

Quant à la stratégie de protection fongicide ? «Dans nos essais, les plantes présentent en grande majorité des symptômes quelle que soit la modalité étudiée. Malgré tout, il est possible de limiter l’impact», présente Bastien Remurier. La modalité la plus viable économiquement, et dans une démarche de raisonnement des intrants, il semble qu’une intervention précoce unique avec un fongicide efficace permette une sauvegarde satisfaisante du rendement, tout en limitant le recours aux fongicides par la suite. La recommandation, en cas d’hiver doux et humide, est donc une intervention précoce, à partir du 20 février (environ le stade 4/5 feuilles du pois), même en l’absence de symptômes.

 

… puis au début de la floraison

Le choix des solutions est également important : «en première intention, porter son choix sur une triazole pour un effet choc. Cette triazole pourra être associée à l’Amistar (strobilurine), en conservant un ratio supérieur en faveur de la triazole. Attention, la spécialité Pictor Active n’est pas autorisée avant le stade Boutons floraux.» Cette première intervention devrait permettre de tenir jusqu’à l’intervention de début floraison, dernier stade permettant d’atteindre le bas des plantes où très souvent, la maladie est installée. «Privilégiez un volume de bouillie de 150 l/ha à 200 l/ha. Ne négligez pas le volume de bouillie pour permettre une bonne pénétration du traitement dans le couvert végétatif. Ensuite, le couvert se referme et les traitements fin floraison permettent seulement de protéger le dessus du couvert», précise-t-on chez Terres inovia.

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