McCain : «après la crise Covid, la crise climatique»
La chute des prix et le surplus des volumes de pommes de terre engendrés par la crise sanitaire étaient les sujets principaux de l’AG du Gappi (Groupement des producteurs McCain), ce 2 février. Pour l’industriel, la crise climatique aura encore plus d’impact.
La chute des prix et le surplus des volumes de pommes de terre engendrés par la crise sanitaire étaient les sujets principaux de l’AG du Gappi (Groupement des producteurs McCain), ce 2 février. Pour l’industriel, la crise climatique aura encore plus d’impact.
«Les objectifs à long terme de notre entreprise restent inchangés malgré la crise sanitaire», voulait rassurer Erwin Pardon, président de McCain Europe continentale, ce 2 février, lors de l’assemblée générale du Gappi (groupement de producteurs de McCain) en visioconférence. Les investissements se poursuivent auprès des usines, notamment aux Pays-Bas, et dans les filières du food service, de la restauration rapide, de la livraison et du commerce électronique, «des activités du futur». Sous entendu, les producteurs de pommes de terre peuvent se projeter dans le temps avec leur industriel.
Malgré tout, la baisse des prix est notable. «Pour la campagne 2020, elle est de 5,60 €/t en moyenne», précise Bertrand Achte, président du Gappi. La variété Fontane est celle qui subit la plus grosse chute, avec - 8,60 €/t par rapport à 2019. Il faut dire que le printemps 2020 était inédit : «Nous avons dû fermer temporairement nos usines. Un surplus de pommes de terre jamais connu jusqu’alors a été mis en vente, et les prix se sont effondrés. Nous avons collaboré au maximum avec les producteurs pour gérer ces volumes, et nous avons démontré que nous étions un partenaire fiable.» Ce surplus aurait coûté «des dizaines de millions d’euros» à McCain. Pour les prix, l’industriel a donc cherché «le compromis entre risques commerciaux et fiabilité pour les producteurs».
Aujourd’hui, la situation est toujours complexe. «Les clients de la restauration hors foyer sont fermés et, bien qu’en augmentation, les ventes en supermarché ne compensent pas cette perte», justifie Erwin Pardon. Le responsable estime que les quatre prochains mois seront encore turbulents, et table sur une amélioration en mai, pour un retour à la normale cet été. «Mais mon optimisme doit être mesuré, car la crise est incertaine.» L’industriel a donc adopté une stratégie de crise : mesure de sécurité pour tous les employés, notamment dans les usines, pour assurer la continuité du travail, programme de préservation des liquidités et capacité à récupérer des volumes de vente rapidement pour générer du revenu.
Si le Gappi mise sur une réduction des surfaces emblavées en 2021 - «nous devons les ajuster pour éviter de saturer le marché», martèle Bertrand Achte -, Mc Cain veut pouvoir être prêt dès que les affaires reprendront. «Nous devons maintenir notre part de marché. Pour couvrir les coûts fixes, les usines doivent aussi tourner au maximum.» Pour rappel, 15 427 ha étaient emblavés en 2020-2021, et 16 623 ha sont censés l’être en 2021-2022. Les volumes produits devraient néanmoins être réduits, puisque la plupart des contrats seront fixés à 35 t/ha, contre 40 t/ha jusque-là. Les conditions climatiques rendent de toutes façon la production délicate ces dernières années. En 2020, la sécheresse de l’été puis l’automne très humide avaient même eu un impact sur la qualité de certains lots.
Une prime agriculture durable
Le climat, et par extension l’impact de la culture de pommes de terre sur l’environnement, est d’ailleurs un sujet crucial chez McCain. «Après la crise Covid-19, il faudra gérer la crise climatique, et celle-ci sera encore plus impactante. C’est un enjeu existentiel», prévient Erwin Pardon. Sur ce point, l’industriel entend renforcer ses liens avec les producteurs. «L’agriculture durable devient une nécessité.» Une prime agriculture durable de 3 E/t pour les contractants 100 % McCain est donc instaurée. Pour la prochaine saison, elle sera reversée aux producteurs qui utilisent l’OAD Mileos et qui auront implanté un couvert de trois espèces pendant trois ou quatre mois (surcoût de 35 E/ha par rapport à de la moutarde). Pour les irriguants, il faudra aussi utiliser un OAD irrigation ou un système de localisation de l’azote. Pour les non irrigants, il s’agira d’implanter une jachère fleurie sur 0,5 % de la surface contractualisée. L’année suivante, la localisation de l’azote et l’OAD d’irrigation seront obligatoires pour les irriguants, et la localisation de l’azote sera obligatoire pour les non irriguants. En 2023-2024, à ces critères s’ajouteront l’utilisation d’un matériel Barbutte dans les parcelles en dénivelé (pente de plus de 3 %) ou celle d’un OAD fertilisation.
De son coté, McCain assure s’engager à son niveau, avec par exemple la sélection de variétés plus productives et plus résiliantes. «Sans le travail de nos équipes sur ce sujet, nous en serions encore à cultiver de la Bintje et de la Fontane uniquement», note Christian Vanderheyden, directeur approvisionnement chez McCain. Ces «pratiques responsables» doivent faire l’objet d’une communication à grande échelle auprès des clients et des consommateurs.