Moisson 2020 : des prémices encourageants
Quelques batteuses sont sorties des hangars dès le 24 juin pour récolter les parcelles les plus précoces de la Somme. C’est quatre jours plus tôt que la précédente campagne.
Ce jeudi 25 juin, Stéphane Routier est sur les chapeaux de roue : «Le plus délicat, dans la moisson, est la mise en route, confie-t-il. Il s’agit de régler correctement la machine et de tout faire bien, car c’est tout même le résultat d’un an de travail !» L’agriculteur installé à Aumatre, en-dessous d’Oisemont, est en plein dedans : il récolte sa première parcelle d’escourgeon, «une variété Etincel, précoce, dans une terre blanche», avec une semaine d’avance par rapport à l’année dernière. La moisson a en réalité démarré la veille, avec une première benne réceptionnée à la coopérative Calipso d’Oisemont. En 2019, elle avait débuté le 28 juin, soit quatre jours plus tard.
Quelques kilomètres plus au sud, près d’Hornoy-le-Bourg, Christophe est lui aussi au volant de sa batteuse. La mission du jour : battre 3,20 ha de trèfle incarnat (semences fourragères). «Je roule à 1,5 km/h car il s’agit de toutes petites graines, très fragiles.» Un simple pluie peut égrainer le tout, alors il fallait absolument récolter avant les orages.
Premiers résultats encourageants
Du côté des coopératives, les premières bennes d’escourgeons livrées sont plutôt encourageantes. Des adhérents de Noriap ont moissonné les 25 et 26 juin, et un peu le 30 juin, entre les gouttes, dans les secteurs précoces : les terres de craie autour d’Amiens et la vallée de la Selle, semées avec des variétés précoces. «En termes de rendements, c’est une agréable surprise, car certaines parcelles atteignent les 100 quintaux/ha», assure Philippe Pluquet, responsable technique productions végétales. Certaines parcelles dégringolent néanmoins à 60 qx/ha. «Le rendement est lié à deux facteurs principaux : la capacité des sols à drainer l’excès d’eau de l’automne et de l’hiver, puis la réserve hydrique dont disposaient ces sols pendant le printemps sec.» La qualité, elle, est «correcte», et le PS (poids spécifique) est «plutôt bon».
Antoine Dennetière, directeur d’exploitation chez Calipso, prévient : «les premiers résultats ont très peu de valeur, car ils ne sont pas représentatifs de l’ensemble des parcelles.» À la coopérative Abbevilloise, les 24 et 25 juin, à peine 3 % de la récolte d’orge d’hiver sont entrés dans les silos de Crécy-en-Ponthieu, Saint-Riquier, Ailly-le-Haut-Clocher, Franleu et Oisemont. C’est ce dernier site qui a collecté le plus gros volume avec 7 à 8 % de la récolte du secteur. «On attend désormais le retour du soleil pour poursuivre la moisson.» Certainement en début de semaine prochaine.
Gare aux feux de champs
L’été dernier, les pompiers de la Somme sont intervenus 583 fois en campagne, pour des feux d’espaces naturels et dans des parcelles agricoles. «La semaine de canicule du 21 au 26 juillet aura vu 1 400 hectares brûlés avec un pic de 800 hectares, le 25 juillet», précise la préfecture. Cette année, un système d’alerte par SMS est donc utilisé pour informer les agriculteurs d’une situation à risque, ou de la mise en place d’une mesure de suspension des travaux de battage, pressage ou de broyage.
La préfecture livre ses conseils de bonnes pratiques pour lutter contre les feux de récoltes : adapter les horaires de travail en moissonnant de préférence tôt le matin ou en soirée ; ne pas couper les récoltes à ras afin d’éviter les frottements de moissonneuses avec des pierres ; disposer de tous les moyens de lutte contre les départs de feu sur les engins agricoles (extincteurs...) ; moissonner avec la plus grande prudence, en étant accompagné d’un tracteur avec une tonne d’eau et/ou un tracteur doté d’une herse pour créer des coupe-feux ; détourer la parcelle et déchaumer perpendiculairement au sens du vent entre les parcelles.
Pour agir lors d’un feu de récolte, les gestes suivants sont recommandés : ne prendre aucun risque et appeler immédiatement le 18 en précisant le lieu, le type de récolte, le vent sur zone et si possible l'importance du sinistre ; utiliser les extincteurs avec prudence et seulement sur un feu naissant ; humidifier le terrain avec une tonne à eau ; déchaumer sans prise de risque àenviron 200 m du front des flammes.