Nature Grains cherche son repreneur
Voilà trente ans que Francis Mourier dépense toute son énergie dans son entreprise, Nature Grains à Mailly-Raineval. Aujourd’hui, il veut céder son activité de vente d’aliments d’animaux familiers et d’élevage de volailles. Avis aux intéressés.
Francis Mourier a toujours voulu travailler en circuit court, même quand le terme n’était pas à la mode. L’homme qui «beigne dans le milieu agricole depuis l’enfance» s’est installé en 1982.
«60 ha de polyculture à l’époque. Je travaillais aussi avec mon père, qui avait 100 ha et un élevage de porcs à Mailly-Raineval : cent cinquante truies, naisseur-engraisseur et vente des cochons au détail aux charcutiers de la Somme. Nous fabriquions les aliments nous-mêmes», raconte-t-il.
Au fil des années, les mises aux normes qui se sont imposées à l’élevage présentaient trop de contraintes. Francis a eu la possibilité de faire évoluer son exploitation en cultivant, cette fois,
220 ha (blé, maïs grain…), et a pris la décision d’arrêter les cochons. «J’avais tout de même les bâtiments. Je connaissais le stockage et le séchage, et je voulais rester au plus proche des utilisateurs. Et puis cela m’énervait de voir les belges récupérer notre matière première et nous les ramener en petits sacs pour nos animaux. C’était une sacrée perte de marge !» L’idée est née en 1990 : il allait mélanger et conditionner le blé, l’orge, l’avoine, le maïs, les pois et les féveroles qu’il produisait pour l’alimentation des animaux familiers, «du hamster au cheval» en passant par le gibier, avec une grosse partie pour l’oisellerie. Ainsi est née Nature Grains.
De 500 kg à 20 t par jour
Francis Mourier a commencé à faire un peu de vente, sans trop savoir où il allait. «J’ai acheté une mélangeuse et quelques outils de conditionnement, se souvient-il. Je sortais les aliments 500 kg par 500 kg, et j’allais voir chez les concurrents belges pour apprendre le métier et les différentes formules.» L’homme participe à toutes les foires de la région (Montdidier, Abbeville, Plaine en fête…) pour se faire connaître. Très vite, il se fait un réseau de fidèles, auprès des associations d’élevage, de clubs, puis décroche quelques contrats avec des animaleries et des jardineries.
Entre 1990 et 2000, l’activité connaît ainsi un développement exponentiel. «J’ai créé le premier groupement d’employeurs de la Somme en recrutant une personne à mi-temps pour la fabrication et le mélange. Ce salarié occupait l’autre moitié de son temps dans une exploitation voisine. Trente ans plus tard, il travaille toujours ici !» Et puis en 2000, comme un coup de massue, la nouvelle se répand : c’est la crise de la vache folle. «J’ai subi de lourds contrôles. Les règles étaient les mêmes pour moi, petit agriculteur, que pour les multinationales. Pour continuer, il me fallait créer une société à part, avec un numéro d’agrément, et effectuer des mises aux normes coûteuses. J’ai failli arrêter. Et puis j’ai pris la décision d’investir.»
De 4 ou 5 t par jour d’aliments, la production grimpe alors à 10 t par jour. «J’absorbais toute la production de mes 220 ha.» L’équilibre financier est tout juste atteint. Alors, le développement s’intensifie : achat de matériel, embauche de six personnes, dont un livreur, un technico-commercial, une standardiste… La production grimpe à 100 t par semaine. «Ce n’était plus la même dimension. On s’est ouvert aux autres départements picards et même aux départements limitrophes à la Picardie. On servait jusqu’à soixante personnes par jour sur place, et nous gérions de gros contrats, avec quarante jardineries à ravitailler.» Grosse entreprise a néanmoins été synonyme de gros soucis à gérer. «J’ai surtout connu de gros déboires avec le recrutement», confie Francis. Pas facile de gérer les départs des uns et des autres, le passage aux 35 heures et les nouvelles recrues…
Et puis, en 2006, la crise de la grippe aviaire est le coup dur de trop, surtout lorsque 70 % du chiffre d’affaires est réalisé grâce aux animaux à plumes. «J’ai souffert, au niveau de la santé et au niveau familial.» Malgré cette expansion, le professionnel a toujours gardé ses clients directs. «Ils me permettent de rester connecté. Les retours sont directs, et je peux ajuster instantanément.»
Vente directe et diversification
Vers 2010, même si la décision n’est pas facile à prendre, Francis décide donc de faire marche arrière, de réduire la production et les charges, et de se recentrer sur le circuit court. «Cette fois, faire revenir les gens à la ferme est dans l’air du temps.» 20 t d’aliments sont fabriquées chaque semaine. Et l’activité est diversifiée : l’ancienne maternité porcine est transformée en élevage de volailles d’ornement et de poules Rhode Island, Harco, Belle bleu de France, Marans coucou, de poulets de chair, de poulets fermiers, Bleu, Sussex et Greybrow, de pintades, de dindes, de cailles, de canards, d’oies… Entre cinq et huit-mille animaux sont désormais vendus chaque année.
Plus de dettes, car l’équipement est amorti. Un équilibre financier trouvé… Mais à soixante ans, Francis Mourier, aussi occupé par la vie communale (il est maire de Mailly-Raineval), veut passer la main. Son fils a repris l’exploitation, mais ne souhaite pas s’investir dans Nature Grains. Voilà deux ans qu’il cherche donc un repreneur. «Ce n’est pas évident, car c’est un métier très spécifique, qu’il faut exercer avec passion, car chronophage.» Lui verrait bien un couple, qui souhaiterait, en plus de l’affaire, profiter des 5 ha de terrain pour développer une pension pour chevaux, ou des poulaillers mobiles, par exemple. «Il y a de multiples possibilités !»
Conditions de reprise
Prix : 150 000 € pour le rachat du stock existant et du matériel. La reprise comprend une location mensuelle du corps de ferme, sur 5 ha avec pâture et maison d’habitation.
Nature Grains permet de dégager un chiffre d’affaires de 500 000 € par an et détient un fichier de plus de six-mille clients. Francis Mourier s’engage, quant à lui, à transmettre son savoir-faire aux motivés.
Plus d’informations : 03 22 09 73 28 ; 06 10 18 32 75 ; naturgrains.mourier@orange.fr