Non labour sans glyphosate ? Les étudiants du Paraclet planchent
Le lycée du Paraclet, à Cottenchy (80), a répondu à un appel à projet Casdar pour la transition agroécologique. Les étudiants travaillent au semis direct sous couvert, et aux alternatives de destruction sans glyphosate.
Depuis septembre, 30 ha sur les 134 du lycée agricole du Paraclet sont menés en non labour, en semis direct sous couvert vivant. «Nous avons en fait répondu à un appel à projet Casdar*, explique Xavier Bortolin, le directeur. Toutes les classes en rapport avec l’agriculture y participent, puisque les essais sont menés à plusieurs niveaux.» Trois années seront dédiées à l’optimisation des techniques.
Un travail a d’abord été mené sur les types de couvert. «L’enjeu est que chaque culture prenne le dessus sur le couvert, puisque celui-ci ne sera pas détruit. L’idée est que le couvert, en se dégradant, ait un effet fertilisant sur la culture suivante.» Pois protéagineux, semences de trèfle violet, maïs grain, blé tendre, orge de printemps et colza suivront ainsi une rotation. Pour les implanter, un essai de semoirs sera réalisé le 11 mars. Quatre semoirs différents seront testés, et passés à la loupe pour divers critères : étude de la structure du sol suite au passage, régularité et profondeur des semis, consommation du matériel... «Nous cherchons la machine la plus polyvalente», ajoute Xavier Bortolin.
Moins de rendements, moins de charges
Tout l’enjeu repose sur le maintien de la marge brute, critère de survie d’une exploitation. «Nous imaginons que les rendements seront moins importants avec cette technique, même si des agronomes travaillent à la limitation des risques. Mais si nous parvenons à réduire les charges, notamment liées aux phytosanitaires et à la mécanisation, nous serons à l’équilibre.» Cinq micro-parcelles sont aussi délimitées pour tester les tech-niques de destruction des couverts : avec glyphosate (parcelle témoin), destruction mécanique au broyeur, destruction mécanique au rouleau faca, à l’aide du Beloukha, un produit de biocontrôle, et destruction par le gel. «Cette dernière technique est aléatoire, car la météo ne se contrôle pas, consent Xavier Bortolin. Mais si la destruction s’avérait bonne en cas de gel, nous pourrions préconiser de se passer d’intervention les années froides.»
D’autres projets sont menés en parallèle sur ces mêmes parcelles. Les BTS Gemeau (Gestion et maîtrise de l’eau) et Anabiotech (Analyses agricoles, biologiques et biotech- nologique) vont, par exemple, mener un travail sur les mesures des taux de glyphosate dans le sol et l’évolution de ces taux dans le temps. «Nous organiserons régulièrement des temps forts pour rendre compte de nos résultats», promet l’établissement.
* Compte d’affectation spécial «développement agricole et rural», un levier pour accompagner la transition agroécologique de l’agriculture française.
Cinq établissements engagés
En plus du Paraclet, quatre autres établissements se sont engagés dans ce projet Casdar. L’EPL de la Thiérache, à Fontaine-lès-Vervins (02), mène un travail sur les cultures en dérobées dans les prairies. Le lycée agricole et viticole de Crézancy (02) va tester des couverts dans les inter-rangs des vignes, sans utilisation de glyphosate. À Lomme (59), l’EPL des Flandres se penche sur les intercultures et les mélanges d’espèces pour améliorer la structure des sols exploités en maraîchage. Enfin, l’EPL du Pas-de-Calais, à Radinghem (62), expérimente des techniques culturales simplifiées et des semis directs sous couvert. Le lycée de la Somme est le pilote de tous ces projets.