Noriap dans les starting-blocks pour rémunérer les pratiques régénératives
La coopérative samarienne fait partie des entreprises pionnières de l’amont à imaginer un système de rémunération qui récompense ses adhérents engagés dans une démarche d’agriculture de régénération.
La coopérative samarienne fait partie des entreprises pionnières de l’amont à imaginer un système de rémunération qui récompense ses adhérents engagés dans une démarche d’agriculture de régénération.
Le contrat n’est pas encore complètement ficelé, «mais on s’approche du final», assurait en ce milieu de semaine Philippe Florentin, directeur général adjoint et directeur de la commercialisation des céréales de la coopérative Noriap. D’ici quelques semaines, Noriap devrait en effet être en mesure de proposer un contrat à ses adhérents engagés dans des pratiques d’agriculture de régénération après avoir convaincu plusieurs de ses clients de participer à l’effort. Combien sont-ils ? «On ne peut pas les nommer pour le moment, mais ils sont plusieurs…», indique-t-on chez Noriap. Selon toute vraisemblance, il pourrait s’agir d’entreprises multinationales, ayant pignon sur rue. Pour la directrice de l’innovation, du marketing et de la communication du groupe Noriap, Nathalie Ternois, «l’agriculture de régénération est quelque chose de nouveau dans les Hauts-de-France, mais d’autres régions ont plus d’expérience». La développer chez nous n’est donc qu’une «question de temps». Pour Noriap, pas question de laisser passer le train ; c’est même tout le contraire : «En tant que coopérative, il est de notre responsabilité d’accompagner les agriculteurs dans une transition», détaille Nathalie Ternois.
Une dynamique profitable à la rémunération
Le principe de rémunération retenu devrait être quant à lui une prime à la tonne de céréales. «Ce sera une manière de rémunérer les efforts des agriculteurs à s’engager dans de nouvelles pratiques, décrit M. Florentin. Ce n’est pas simple à mettre en place puisqu’il faut une volonté des clients à rémunérer quelque chose qui est difficilement quantifiable, mais l’engagement est réel au travers d’un cahier des charges spécifique. Il y a de réels engagements. Ce n’est pas seulement du green washing.» S’il entend les critiques sur le manque de valeur ajoutée associée à d’autres démarches en vogue, Philippe Florentin assure qu’avec l’agriculture régénérative, «les choses sont en train de changer». Pour Nathalie Ternois, le parallèle avec le marché des crédits carbone est évident : «On a aujourd’hui des entreprises de différents secteurs d’activité qui nous sollicitent pour l’achat de crédits carbone. C’est un marché qui est en train de se mettre en place et c’est nouveau. En ce qui concerne la rémunération de pratiques plus durables d’agriculture, la dynamique est aussi lancée.»
Ateliers et formations
Le groupe explique s’intéresser à l’agriculture régénérative depuis 2020, mais la crise du Covid-19 a quelque peu retardé le dossier. Les attentes de la société civile pour des pratiques agricoles plus durables et résilientes face au changement climatique y sont aussi pour beaucoup. «Un peu à la manière du colza bas GES (gaz à effet de serre), certains de nos clients nous ont demandé si nous étions engagés dans l’agriculture régénérative, expose M. Florentin. L’idée a fait son chemin et nous avons embauché un spécialiste. Aujourd’hui, nous nous apprêtons à franchir une étape supplémentaire.» Parmi les adhérents de Noriap, on compterait actuellement un peu plus d’une centaine d’agriculteurs intéressés par cette voie ; un nombre qui grandit régulièrement. Réunis au sein de groupes où ils pratiquent «l’expérimentation participative», ces agriculteurs profitent d’ateliers et de formations proposées par Noriap. L’étape suivante pour la coopérative est de mettre en place les conditions pour capter de la valeur ajoutée supplémentaire. En attendant de pouvoir en dévoiler davantage, Philippe Florentin se veut rassurant : «L’idée n’est pas de contraindre les agriculteurs. Il s’agit d’une démarche comme une autre. On est aujourd’hui capable de proposer différents types de contrats en agriculture conventionnelle ou bio et demain en agriculture de régénération, et c’est ensuite à chaque agriculteur de faire son choix. Il n’y pas une démarche qui prend le pas sur l’autre.»