Noriap : préconisations variétales et techniques pour les semis
Noriap a organisé une dizaine de réunions après-moisson en août. L’occasion pour la coopérative de faire le point sur la moisson de 2018, présenter les premiers résultats d’essais variétaux
et donner les
préconisations pour
les prochains semis.
«Un cru sec et lourd», voilà comment la coopérative agricole Noriap décrierait la moisson de cette année, s’il fallait le faire en quelques mots. Rappelez-vous, dès le mois de juin, les moissonneuses-batteuses étaient de sortie pour battre les premières parcelles d’escourgeon, puis, très vite après, sont arrivées les récoltes de blé, colza, orge de printemps… Au 31 juillet, tout était quasiment terminé. «Du jamais vu», dit la coopérative. Enfin, pas depuis 1976.
Les conditions météorologiques étant restées au beau fixe durant toute la moisson, les grains récoltés sont secs, avec une moyenne de 12,8 % d’humidité. La qualité est également au rendez-vous, avec de bons PS (poids spécifiques) et de la protéine. Un seul petit bémol, néanmoins, sur le taux d’impuretés dans les colzas, qui est légèrement en hausse, cette année à 2,86.
Côté rendements, c’est très hétérogène en fonction des secteurs et un peu décevant. De manière générale, «l’ensemble des céréales accuse une baisse de tonnages», explique Philippe Pluquet, responsable technique productions végétales chez Noriap. Toutefois, cette baisse de production, qui n’est pas que départementale, ni française, mais européenne, a engendré une hausse du prix du blé.
Mais comme chaque année, la moisson à peine terminée, il faut déjà repenser à la prochaine. Quelles variétés implanter ? Quelles sont les nouveautés,
etc. ? Questions auxquelles la coopérative a répondu lors de ces différentes réunions après-moisson.
Orge d’hiver : choix variétal
Pour l’orge d’hiver, le producteur doit, avant tout, se poser la question suivante : «quelle orientation pour mon orge d’hiver, brassicole ou fourragère ?», développe Philippe Pluquet. Pour les variétés brassicoles, les variétés classiques et connues sont de nouveau conseillées cette année. Il s’agit d’Etincel et de Casino, et sont à implanter de préférence dans les bonnes terres. D’autres variétés sont également en cours d’observation et pourraient être classées brassicoles. «Elles valent la peine d’être essayées comme la variété Visuel, plutôt conseillée dans les terres crayeuses, la variété Margaux ou encore Kws Faro», poursuit le responsable technique. Concernant les variétés fourragères, la coopérative conseille la variété Quadriga : «elle reste une valeur sure».
Côté technique, Philippe Pluquet attire l’attention des adhérents et rappelle qu’à partir de cette campagne, l’utilisation des néonicotinoïdes et par conséquent du gaucho, est interdite. Deux solutions s’offrent alors aux producteurs selon Noriap. La première est d’opter pour des variétés tolérantes à la Jaunisse nanisante de l’orge, JNO, comme les variétés Amistar et Margaux. La seconde, pour les variétés sensibles à la JNO, Noriap préconise la mise en place de systèmes d’observations, soit l’introduction dans les parcelles de cuvettes ou de plaques jaunes qui permettront de définir la présence ou non de pucerons dans la parcelle et de les dénombrer. En présence de pucerons, Noriap conseille d’intervenir chimiquement, une première fois au stade 1 feuille ou 2 feuilles avec du Decis Protech, Sentinel Pro ou Lambdastar. Une seconde intervention peut être nécessaire avant le tallage, «mais veillez à appliquer un produit différent du premier», rappelle Philippe Pluquet. Pour rappel, les conditions favorables aux vols des pucerons sont une température extérieure supérieure à 12°C, un temps ensoleillé et l’absence de vent.
Colza : nouvelle variété
Pour le colza, une nouvelle variété fait son entrée au catalogue, à côté des variétés référentes comme Dk Extenso, Christiano, Architect, etc. Il s’agit de la variété Temptation. Semée dans toutes terres, elle est tolérante Tuyv et affiche, cette année, dans les essais, un rendement de 110 % par rapport aux témoins.
Fortement marquée, cette année, par l’attaque des altises, la coopérative en profite pour revenir sur les stratégies de lutte à adopter. Agronomiquement, «il faut favoriser une pousse rapide des colzas, avec l’apport de matière organique en interculture et une implantation soignée», explique Philippe Pluquet. Autre solution : associer une plante «compagne», comme la féverole à hauteur de 15 à 18 grains/m² ou le mélange Symbio couv (vesce érigée + fénugrec) au colza. Les essais menés, jusqu’à ce jour ont montré que cette association amenait une efficacité intéressante contre les altises adultes et apporterait entre 1,5 et 3 qx/ha supplémentaires. Chimiquement, Noriap préconise l’utilisation des produits type Boravi WG ou Patton N aux pyréthrinoïdes simples.
Blé : des variétés à réessayer
En blé, le catalogue est plus étoffé. Aux côtés des variétés référentes comme Fructidor, Lyrik, Expert, RGT Libravo, Nemo, Rubisco ou encore Matheo, décevante par ailleurs cette année, les nouvelles variétés proposées en 2017 ont fait leurs preuves et sont de nouveau conseillées pour cette année. C’est le cas de Chevignon, variété de premiers semis, classée BPMF, dont les résultats d’essais affichent des rendements au-delà des témoins et de bon PS. Maori, variété classée VRM, à semer en terre de limon, réalise, cette année, un rendement de 105 % par rapport aux témoins. Hyclick, variété hybride, classée BPMF, est aussi de nouveau conseillée cette année. Et enfin, Filon, variété BPMF de seconds semis, proposée également au catalogue en 2017 et de nouveau conseillée cette année, mais pas en terres de sable.
Dans les variétés à essayer, Noriap préconise en variété de premiers semis : KWS Extase, blé BPMF, qui réalise en moyenne sur les deux dernières années un rendement de 107 % par rapport aux témoins. Pour les variétés de seconds semis, la coopérative propose d’essayer la variété Tenor qui affiche un rendement de 106,6 % par rapport aux témoins, la variété Hynvictus, blé hybride, BPMF, conseillée en terres sableuses et Unik, blé BPMF, à semer en terres limoneuses, avec un rendement moyen au cours des deux dernières années de 98,8 % par rapport aux témoins.
Après le soja, le lupin
«Réduire notre dépendance aux protéines végétales», voilà l’un des objectifs que s’est fixé la coopérative, qui a conduit à la mise en place des essais de culture de soja mais également de lupin. Le lupin, plante légumineuse, est décrite par de nombreux experts comme une excellente alternative au soja et au maïs. Elle est également plus rentable, riche en protéines et présente plusieurs avantages : elle ne demande pas d’apport d’engrais azoté et très peu de traitements insecticides et fongicides. Le lupin s’implante plutôt dans des sols pauvres et acides, se sème entre le 15 février et le 15 mars, pour une récolte fin septembre. Le rendement espéré se situe entre 30 et 40 qx/ha.