Nouveau directeur à la tête de l’usine Roquette de Vecquemont
Le 1er septembre dernier, Arnaud Dupont, ingénieur chimiste de formation, a pris les rênes du site de Vecquemont, en lieu et place de Frédéric Smagghe.
Roquette et Arnaud Dupont, c’est une longue histoire. Dix-huit ans que cela dure, et ce n’est pas près de s’arrêter. Originaire du Nord, Arnaud Dupont part à Toulouse pour intégrer l’Ecole nationale supérieure de chimie, où il décroche son diplôme d’ingénieur chimiste en 1997. Face à la restructuration des industries chimiques à la même période, fermant de fait la porte à toute opportunité professionnelle, il s’oriente au cours de la dernière année de ses études en agro-ressources. Bien lui en a pris. Après son service militaire, il décroche un poste de responsable de production d’ateliers pilotes dans le groupe Roquette, à Lestrem, près de Béthune.
«Dans ce bateau amiral du groupe», ainsi qu’il le qualifie - et parce que le site emploie 2 800 personnes et traite plus de 6 000 tonnes par jour de blé et de maïs transformées en amidon avec ses dérivés - il gravit les échelons. Il sera ensuite responsable de production de l’unité de Maltitol, puis responsable de glucoserie et, enfin, durant trois ans et demi, directeur de l’unité d’exploitation des polyols. Un poste clé puisque le groupe Roquette est leader sur le marché mondial des polyols.
Si sa mission est alors de conserver les parts du marché dans le monde, et même de l’accroître, il a surtout pour tâche d’optimiser l’outil industriel, de travailler sur la qualité et la sécurité, comme de trouver des nouveaux marchés vers des secteurs de pointe tels que la santé, notamment sur les principes actifs. C’est à ce poste qu’était auparavant Frédéric Smagghe. C’est encore à lui qu’il va succéder à présent en tant que directeur du site du Vecquemont, Frédéric Smagghe ayant été nommé à la tête des opérations du groupe sur la zone des Amériques.
De nouveaux défis à relever
Jusque-là orienté sur des postes de production au sein du groupe Roquette, le voici à présent, pour la première fois, sur un poste de directeur de site. S’il a saisi l’opportunité quand on la lui a présentée, c’est parce qu’il avait envie d’étoffer son expérience et d’élargir son champ de responsabilités. «C’est un beau défi que de gérer une usine dans sa totalité. Outre les nouvelles compétences que je vais acquérir, je trouve aussi intéressant le travail à réaliser avec la coopérative féculière de Vecquemont, la Dreal, les collectivités territoriales et les organisations diverses. Animer les instances au sein de l’usine m’intéresse aussi beaucoup, ainsi que l’autonomie qu’implique ce poste», précise Arnaud Dupont.
Dès juin dernier, il a donc fait la navette entre Lestrem et Vecquemont, quelques jours par semaine, pour déflorer progressivement le terrain. Puis, à compter de juillet, il est venu tous les jours à Vecquemont. Désormais, depuis le 1er septembre, il est seul pilote à bord de cette usine où le travail s’élabore aux débuts des process avec les matières premières et la fécule alors qu’à Lestrem c’est en fin des process qu’ils intervenaient. Mais sortir de sa zone de confort n’inquiète guère le nouveau directeur du site de Vecquemont. Au contraire. Et d’autant que cela réveille aussi l’instinct de chimiste, toujours bien présent en lui.
Objectifs fixés
Dans ce site, où la production annuelle est entre 140 000 et 160 000 tonnes de fécule par an, et qui emploie 125 permanents et 80 saisonniers, le premier objectif qui lui a été fixé est d’augmenter la production pour que l’usine traite un million de tonnes de pommes de terre féculières par campagne à l’horizon 2020-2022. Il manque encore 6 000 hectares pour atteindre le million de tonnes, ce qui implique une augmentation des surfaces de 1 500 ha par an dans le bassin d’approvisionnement, mais aussi une fidélisation des agriculteurs. Cela s’est notamment décliné par la signature d’un contrat d’exclusivité sur dix ans avec la coopérative féculière de Vecquemont (cf. encadré).
Le deuxième axe de développement porte, lui, sur l’amélioration de la performance de l’usine. Pour y parvenir, des actions seront menées pour diminuer la consommation d’énergie (investissement dans différents équipements, récupération de la chaleur, croisement des flux de fluides chauds et de fluides froids, etc.), ainsi que celle des produits chimiques utilisés dans les process de transformation.
Le troisième axe concerne, quant à lui, le volet de la qualité, l’hygiène, la sécurité et l’environnement. Là encore, des investissements sont prévus. Ainsi, de nouvelles zones de chargement de vrac seront équipées de tamisages très fins et de nouveaux barreaux magnétiques, par exemple. Sur l’enveloppe de quatre à cinq millions par an prévue pour les investissements, un tiers sera consommé pour l’amélioration de la qualité et de l’hygiène. Dans ce même axe, tout un travail sera réalisé autour du changement de culture au sein même du site. «Nous devons renforcer la gestion des dossiers alimentaires et être en capacité d’accueillir plus d’audits de clients. De même, des campagnes de communication sur l’hygiène et la sécurité seront développées», explique le nouveau directeur.
Dernier axe, et pas des moindres, se projeter sur le long terme, en étant à l’affût des attentes et des exigences des organismes de tutelle de l’usine pour être toujours en capacité de produire. «Nous devons toujours être en alerte pour être en conformité tant sur les rejets, que sur la qualité de l’eau et les évolutions de la réglementation», précise-t-il.
Bien que la feuille de route soit déjà bien remplie, Arnaud Dupont aimerait bien apporter un autre axe de développement : celui de l’innovation. «Pourquoi pas une innovation dans les process ?» s’interroge-t-il. Avant de poursuivre : «Il faut continuer à innover pour diminuer l’impact environnemental et gagner de nouveaux marchés. Pour ce faire, il faudra trouver de nouvelles transformations afin d’apporter des solutions innovantes à nos clients. Si on est un des leaders sur le marché de fécule, on n’est pas le premier. Pour avancer, il nous faut donc continuer à innover.» On vous le disait : le chercheur en chimie n’est jamais loin.
Un partenariat exclusif entre l’usine et la coopérative
Le 13 juin dernier, un nouveau contrat cadre d’approvisionnement exclusif en pommes de terre féculières, d’une durée de dix ans, a été signé entre l’usine Roquette de Vecquemont et la coopérative féculière de Vecquemont. L’objectif commun est de produire et de travailler un million de tonnes de pommes de terre féculières sur le site de Vecquemont, d’améliorer la performance agricole, ainsi que la performance industrielle du site et de développer la valeur des produits issus de la filière fécule. Le prix des pommes de terre sera étroitement lié à celui de la fécule. L’optimisation de l’utilisation de l’outil industriel permettra de réaliser des gains de productivité qui seront partagés entre les deux partenaires.