Olivier Parcy ou la tradition familiale des charolaises
Olivier Parcy a repris l’élevage de charolaises de son père, en 2005, à Fontaine-sur-Somme. Histoire d’une passion.
La charolaise, chez les Parcy, «c’est historique. J’ai baigné dans l’élevage tout petit. C’est une race calme, docile et rustique que j’aime tout particulièrement. Et, sur le plan génétique, il y a plein de choses à faire avec elle. Aujourd’hui, elle est en perte de vitesse, car cette race présente une masse osseuse très importante. Or, la filière viande préfère avoir moins d’os et une meilleure valorisation de la viande en raison de l’évolution de la consommation. Aussi pas mal d’éleveurs s’en détournent-ils. Moi, je ne changerai pas. Le troupeau a été monté il y a presque quarante ans.Toute une génétique a été mise en place. Casser tout ce travail pour aller voir ailleurs ne présente aucun intérêt», déclare Olivier Parcy.
Mais avant de reprendre l’exploitation familiale et de la développer, Olivier a pris, avant, quelques chemins de traverse. Nous sommes en 1992, date de la mise en place de la Pac. Olivier vient de terminer son BTS de technico-commercial en produits carnés et plats cuisinés, et son service militaire. «Où va l’agriculture ? Que va devenir ce métier porté désormais par des subventions ?», s’interroge le jeune homme d’alors.
L’incertitude des lendemains le fait dévier de son choix initial. «Alors que j’avais dit jamais la banque ou l’assurance, j’ai intégré un cabinet de courtage, à Amiens, spécialisé dans l’assurance», dit-il en riant. L’univers lui plaît d’autant plus que le directeur est fils de paysan et que le portefeuille qu’il gère est en lien avec le monde agricole. Un monde qu’il ne quitte pas plus quand il n’est pas au travail, puisque il passe ses week-ends et ses vacances à la ferme pour donner un coup de main à son père. De plus, tous ses amis sont du milieu, et il ne varie pas les plaisirs quand il épouse Fabienne, en 1996, fille d’agriculteur.
Le rachat du cabinet de courtage par un financier, puis l’âge de la retraite approchant pour son père, et son beau-père, Olivier décide de changer de braquet et revient à ses premiers amours. Le 28 octobre 2005, celui-ci abandonne son costume cravate et sa mallette pour revêtir la combinaison et les bottes d’agriculteur.
La «famille» s’agrandit
Les débuts sont éprouvants tant sur le plan physique que financier. Mais Olivier s’accroche. L’exploitation comprend alors une centaine de charolaises, dont une trentaine de mères, et 60 ha de cultures. Si sa passion pour l’élevage se développe, le travail de plaine l’intéresse beaucoup moins. A contrario, les amis avec lesquels il met en commun du matériel et le travail en plaine, Romuald Caure et Matthieu Pégard, ont, eux, peu d’inclinaison pour l’élevage, même s’ils en font.
Comme tout se passe bien entre eux, le trio décide de créer un Gaec intégral en mai 2013 : Olivier gère l’élevage, Romuald et Matthieu la plaine. Le lait, que produisait l’élevage de Romuald, est arrêté, par souci de main-d’œuvre et engagement financier trop lourd pour les mises aux normes. Matthieu, lui, vend ses blondes d’Aquitaine en 2014, remplacées par des charolaises. Le trio se trouve alors à la tête de 270 bêtes sur deux sites, l’un à Fontaine-sur-Somme, l’autre à Laleu, à quelques kilomètres d’Airaines, et 405 ha de cultures. Fabienne assure avec Olivier la partie administrative, et est conjointe collaboratrice. Se greffe au groupe un salarié à temps partiel.
En parallèle, après un grave accident de la route de Fabienne, en 1999, le couple décide d’ajouter une nouvelle corde à son arc, en créant des chambres d’hôtes dans la maison des arrière-grands-parents d’Olivier en 2002. «L’idée de valoriser des bâtiments m’a toujours botté. Cela me permet de rencontrer des gens d’horizons très différents avec lesquels on peut discuter de tas de sujets, comme de parler de mon métier. C’est, pour moi, une façon de voyager tout en restant chez moi», commente-t-il. Deux ans plus tard, le couple fait aussi table d’hôte le soir. Mais la grande passion reste avant tout l’élevage.
Un «virus» partagé
Olivier est aussi sélectionneur. La moitié de son troupeau est en insémination artificielle, l’autre en monte nature, avec achat de taureaux à forte valeur génétique. Chaque bête est accouplée avec un taureau bien spécifique. «Tous les accouplements sont raisonnés. Une partie de nos vaches est en contrat avec le centre d’insémination. De plus, le troupeau est inscrit à l’Upra (livre génétique du charolais, le Herd Book Charolais, ndlr). C’est passionnant la génétique. En travaillant bien et en suivant de près son troupeau, on peut obtenir de très bons résultats, même si la génétique n’est pas une science exacte», précise Olivier. Une passion qu’il traduit également dans son engagement comme président de l’association charolaise Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Et une passion qui fait des émules puisque sa fille aînée, Cloé, est en 1re bac pro production animale et ne rêve que d’élevage depuis toute petite. Quant à la cadette, après de longues années de désintérêt sur le sujet, le virus commence aussi à la gagner peu à peu, «même si elle ne se voit pas au milieu des bêtes comme l’aînée», relève-t-il.
Si l’avenir présente bien des zones d’ombre avec une volatilité des prix toujours plus grande, il ne s’inquiète pas outre mesure. «Il va falloir réfléchir à nos investissements, développer des activités telles que la pomme de terre fécule et la prestation de services. A nous de nous adapter aux nouveaux marchés et être bons», dit-il.
Gaec du Bois Roland
- 405 ha : betterave sucrière, pomme de terre fécule, lin textile, colza, blé, orge d’hiver, pois sec, luzerne, prairies
- 270 charolaises et 101 vêlages cet hiver