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Olivier Varlet : un itinéraire vers la réduction des phytos... sans risque

Des agriculteurs des groupes Dephy témoignent sur leurs pratiques pour réduire l'utilisation des phytos.

© AAP


Malgré une rotation avec des retours de blé fréquents, Olivier Varlet à Mery la Bataille (60) a réussi à mettre en place des pratiques économes et performantes sur son exploitation, dues à une bonne dose de prévention et à des pratiques simples et efficaces : anticiper, la clé pour envisager la réduction d’usage des produits phyto !

La protection intégrée au démarrage
«Tout a commencé avec la démarche MAE qui s’est mise en place sur le BAC (bassin d'alimentation de captage) de Baugy, voilà environ cinq ans, témoigne Olivier Varlet. J’étais intéressé pour prendre des mesures, mais sans savoir où je me situais en termes d’IFT (Indice de Fréquence de Traitement) ! J’ai donc réalisé un diagnostic avec un technicien de la chambre d’agriculture de l’Oise, et là on s’est rendu compte que j’étais déjà quasiment au niveau de la mesure : -35% herbicides et -50% hors herbicides».
Olivier Varlet insiste sur la nécessité de se former pour être à l’aise avec la réduction phyto. La formation «protection intégrée» dispensée par François Dumoulin, de la chambre d’agriculture de l’Oise, lui a permis d’avancer sur deux points clés :
- L’inutilité des traitements anti-méligèthes sur son exploitation : les colzas se remettent très bien des niveaux d’attaque moyens et compensent largement les dégâts, et l’économie d’insecticide permet aussi de conserver les insectes auxiliaires actifs dans les parcelles.
- La gestion des graines adventices par rapport à leur taux de survie dans le sol. Enfouir des graines de chénopode c’est faire du stockage pour trente ans, alors qu’une graine de ray-grass enfouie par un labour sera détruite à 100% en deux années ! Mieux vaut laisser les graines de chénopode en surface et les détruire via du faux-semis ou les désherbages qui suivront dans le blé.
L’accompagnement est nécessaire, notamment via le technicien de la coopérative, qui joue le jeu de la réduction phyto et apporte ses compétences via une observation assidue et son expérience des gains et pertes à attendre de chaque intervention potentielle.

La clé de la réussite : l'anticipation
«Je n’ai passé en MAE que 50% de mes cultures : cela diminue un peu le risque économique, même si jusqu’à présent je n’ai vu aucune différence de rendement entre mes cultures MAE et non-MAE», pointe Olivier Varlet. «Dans le raisonnement technique, il y a des choix préalables à faire dès l’implantation pour se lancer dans des itinéraires adaptés. Tout d’abord le choix de la variété est capital : je choisis une variété tolérante à la septoriose et à la verse, car j’ai besoin de paille, en qualité comme en quantité, et les apports de fumier (une année sur trois) peuvent donner des surprises parfois en fonction de la météo de l’année ! C’est pourquoi je ne m’affranchis pas totalement des régulateurs, surtout sur les blés hybrides.
Les semis de blé sont aussi réalisés pour la plupart après le 20 octobre ce qui me permet de m’affranchir d’un désherbage d’automne. Il n’y a pas de résistances des ray-grass sur la ferme, malgré une présence forte. Un premier passage est fait, et le rattrapage qui est prévu est souvent non-nécessaire. Les ronds de chardons sont gérés au cas par cas en localisé».

Le blé sur blé en protection intégrée est possible
Olivier Varlet l'affirme : «Je ne peux pas vraiment m’affranchir des blés sur blés sur ma ferme. Je sème donc en blé précèdent blé des variétés hybrides qui résistent bien à la septoriose et donnent une assurance au niveau du rendement. Au niveau des rouilles, leur sensibilité supérieure ne s’est pas trop démontrée chez moi ces derniers temps, donc malgré le régulateur nécessaire sur variétés hybrides, les blés sur blé sont parfois meilleurs en IFT !».

Les pratiques mises en place
Olivier Varlet commence par insister sur le désherbage mécanique : «Je bine autant que possible les betteraves. Ainsi en 2013 sur 12 ha j’ai pu biner deux fois et avoir des betteraves assez propres avec 0.80 d’IFT !». Il constate cependant qu'il est difficile d’envisager des réductions fortes d’herbicides sans un équipement performant de désherbage mécanique.
Olivier Varlet n’a pas mis d’insecticides sur blé depuis quinze ans. Pour l’anti-limace c’est pareil, et il a même l’impression que plus on met d’anti-limace, plus on a de limaces à long terme. Ce constat est souvent fait sur les fermes Dephy : parfois on ne doit traiter que les bordures des champs des voisins alors que les cœurs de parcelle se défendent bien…
Olivier Varlet insiste : «les parcelles en protection intégrée réclament un peu plus de surveillance, mais sur certains ravageurs, méligèthes, pucerons, charançons des siliques…, je ne vais même plus voir, car je sais que ça va bien se passer».
Au final, l'agriculteur constate que les rendements sur la ferme sont toujours très réguliers et homogènes entre parcelles : il n’y a jamais de décrochage des parcelles, peut-être un avantage collatéral de pratiques économes ? En effet moins d’applications, c’est aussi moins de phytotoxicité sur les cultures, ce qui peut faire gagner des quintaux.

Un conseil
Olivier Varlet fait d’abord ce constat : «avant de rejeter le principe de réduction d’intrants, chaque agriculteur pourrait faire un diagnostic sur ses pratiques. Beaucoup pourraient être étonnés du fait qu’ils ont déjà des pratiques économes… L’accompagnement est également essentiel : les outils sont là, BSV notamment, les acteurs de l’aval sont aussi prêts, les retours économiques montrent qu’on a rien à y perdre, donc il faut se lancer !».

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