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Apiculture
Panique automnale sur les ruchers samariens

Le GDSA de la Somme tire la sonnette d’alarme sur les ravages du frelon asiatique sur les ruchers installés dans le département avec un risque pour la pérennité de l’activité apicole.

Daniel Boidin (GDSA) et Martin Busschaert (Symbiose) au chevet  de colonies d’abeilles décimées  par le frelon asiatique.
Daniel Boidin (GDSA) et Martin Busschaert (Symbiose) au chevet de colonies d’abeilles décimées par le frelon asiatique.
© V. F.

Jusqu’à cet automne, la présence du frelon asiatique inquiétait peu les apiculteurs, déjà préoccupé par d’autres sujets, dont le varroa. «Mais cette année, on en voit partout. C’est du jamais vu», déplorait en ce début de semaine le président du Groupement de défense sanitaire des abeilles (GDSA) de la Somme, Daniel Boidin. Sur le littoral en particulier ou dans les zones humides, «c’est clairement la catastrophe, poursuit l’apiculteur amateur. Sur la côte, dans un rucher de 10 ruches, 5 ont été détruites». Installé aux alentours du lycée du Paraclet, à Cottenchy, le rucher-école de l’association Symbiose ne fait pas exception. Milieu de semaine, seules 3 ruches sur les 13 installées étaient encore indemnes. «La question, c’est combien de temps vont elles tenir ?», s’interrogeait Martin Busschaert, chargé de missions pour Symbiose, venu installer pièges et portes anti-intrusion à l’entrée des ruches. «Depuis le printemps et jusqu’aux premiers jours de l’automne, nous n’étions pas encore trop embêtés…, souligne Daniel Boidin. En gros, tant qu’il y a des insectes dans la nature, les frelons laissent les ruches tranquilles. Dès qu’il n’y a plus d’insectes, ils se rabattent sur les abeilles.» Et c’est l’hécatombe. Si le frelon asiatique s’attaque ainsi aux abeilles, c’est dans un but alimentaire, l’abeille faisant office de source de protéines pour les larves de frelons.

Un double effet sur les ruches

Les dégâts de la présence de frelons asiatiques autour de ruches sont doubles. «Le premier, constate Daniel Boidin, c’est la prédation. Quand un frelon se met en vol stationnaire devant une ruche, c’est pour attraper des abeilles et il peut aller vite…» La présence du frelon pèse aussi sur l’état physiologique des abeilles : «Elles se regroupent pour faire front et sont stressées. Il faut se mettre à leur place…» D’autant que le frelon est réputé «vicieux» et qu’il peut chasser en groupe de plusieurs individus. Si les butineuses savent se défendre contre le frelon – on peut assister à des scènes où on les voit s’agglutiner autour d’un frelon pour le «chauffer» - cela leur demande une certaine dépense d’énergie. «Et pendant ce temps-là, elles ne travaillent pas…», rapporte de son côté Martin Busschaert. 

 

Une prévention limitée

Face à la prédation du frelon asiatique, les apiculteurs reconnaissent que les moyens de lutte sont limités : «Dans l’idéal, il faut pouvoir repérer les nids (de frelons, ndlr) et les détruire, mais quand ils sont logés dans les arbres ou les haies, ce n’est pas évident», rapporte le président du GDSA de la Somme. La seconde option consiste à installer des pièges : un récipient en plastique avec une ouverture sur le dessus dans lequel on place un mélange de bière et de sirop de fruits à boire (grenadine, fraise, cassis). Bien qu’efficace, la méthode parait dérisoire face à la pression du moment : «Il y a dé-bat sur le rôle du piégeage, mais toujours est-il qu’en ce moment, les prises sont énormes et ce ne sont que des frelons asiatiques», constate M. Boidin. La troisième option consiste à installer des portes de ruche anti-frelon pour restreindre l’entrée dans la ruche. 

La question reste de savoir combien de temps les apiculteurs et leurs ruchers pourront tenir : «On pense que le phénomène s’éteindra avec les premières gelées», estime le président du GDSA, sans certitude. En attendant l’accalmie, la détresse est palpable chez les apiculteurs : «Certains vont être tentés de jeter l’éponge», regrette Daniel Boidin. Encore au chevet des ruches de Symbiose mercredi matin, Martin Busschaert paraissait également inquiet : «Ici (au Paraclet, ndlr), on a de jeunes essaims, de jeunes reines. On n’aurait pas dû avoir de casse pendant l’hiver…, mais on ne maîtrise pas tout quand on travaille avec du vivant.»

 

Du point de vue d’un professionnel, «le défi, c’est d’avoir des colonies d’abeilles fortes» 

Apiculteur professionnel à Bergicourt, Antoine Bequet se montre prudent face à la chasse menée contre le frelon asiatique. «En tant que professionnel, le frelon asiatique est pour moi un sujet anecdotique. Cela représente peu de pertes sur mes ruches, même si j’en constate comme tout le monde.» Pour lui, le «vrai» sujet reste celui de la gestion du varroa, toujours considéré comme ennemi numéro 1 des apiculteurs : «Dans les Hauts-de-France, nous restons relativement épargnés par le frelon asiatique si l’on compare à ce qui se passe dans le sud.» 
Parmi les solutions «techniques» qui permettraient de lutter contre le frelon asiatique, Antoine Bequet reconnait que les solutions sont «peu nombreuses», et pas toujours efficaces. La meilleure réponse reste, toujours selon le professionnel, «de faire en sorte d’avoir des colonies d’abeilles fortes», en misant par exemple sur leur entretien ou la génétique. «On remarque que les frelons asiatiques vont plutôt s’attaquer à des colonies d’abeilles faibles. Notre job, en tant que professionnel, c’est de faire en sorte que nos colonies soient fortes et de s’interroger sur les raisons qui font qu’une ruche va être attaquée plutôt qu’une autre.» Pour autant, Antoine Bequet ne néglige pas le risque «frelons» et appelle à ne pas le prendre à la légère : «On a tous peur de se faire piquer avec des réactions qui peuvent être violentes», admet-il. Et d’ajouter : «Il ne faudrait pas que cela devienne un problème de santé publique.»
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