Pariez, encouragez, frissonnez à nouveau à l’hippodrome
Fermés au public depuis la reprise des courses hippiques le 11 mai dernier, les hippodromes ont enfin ouvert leurs portes aux spectateurs le 11 juillet.
Une victoire acclamée par les applaudissements des (nombreux) spectateurs. Voilà la meilleure des récompenses pour les drivers et jockeys. Depuis le 18 juillet, les hippodromes de la région, comme partout en France, peuvent enfin ouvrir leurs portes au public. En Hauts-de-France, les premières réunions de trot avaient lieu à Abbeville (80) et à La-Capelle (02) ce 12 juillet.
«Ça fait vraiment plaisir, on retrouve enfin nos sensations», se réjouit Jérémy Koubiche, driver et entraîner installé à à Sailly-au-Bois (62). Sans ce public, puisque les courses ont repris le 11 mai à huit clos, le passage de la ligne d’arrivée restait sans saveur. «Quand il n’y a personne, les courses ont peu d’enjeu. Cette fois, on est plus que motivés, car on ne travaille plus à perte», ajoute Jérémy Koubiche. Le professionnel renouera avec son fidèle public amiénois ce dimanche et compte bien le satisfaire : «cette année est bonne, mes chevaux cumulent plus de victoires que l’an dernier à la même époque», souffle-t-il.
Anthony Muidebled, entraîneur-driver de Saint-Maxent (80), partage lui aussi la joie de retrouver les turfistes qui le connaissent bien. «J’étais à Abbeville dimanche 12 juillet, et au Touquet ce 14 juillet (pour la fête de l’hippodrome, ndlr). Il y avait beaucoup de monde, même le port du masque obligatoire ne les ont pas freinés.» Cette frénésie l’a porté vers le haut, puisque le samarien a remporté le Prix de la ville du Touquet avec Driango de Nile, bel hongre alezan de sept ans. Son plaisir, surtout, est de pouvoir échanger au bord de piste. «Nous retrouvons des habitués. Ils se renseignent sur la forme des chevaux, veulent connaître les chances que l’on a… C’est une partie agréable de notre métier.» Lui prendra le départ à l’hippodrome de Bernay (27) ce dimanche.
«Voir, sentir et ressentir»
Glaner quelques conseils auprès des drivers, observer la démarche de chaque cheval, enregistrer ses pronostics au guichet puis vibrer pendant la course et exploser de joie lorsque le pari s’est avéré le bon : c’est tout cela qui avait manqué à Pierre Destac. L’homme, passionné de courses depuis son plus jeune âge, a enfin retrouvé les sensations qui lui avaient tant manqué ce dimanche, à l’hippodrome d’Abbeville. «Avant le confinement, je ne manquais jamais un rendez-vous, alors dès que j’ai pu y retourner, j’y suis allé sans hésiter», assure le jeune retraité. La dématérialisation ? «Le problème est dans le mot. Nous avons besoin de matériel : de voir, de sentir, de ressentir. Parier sur internet ou dans un bar-PMU n’a aucune saveur pour moi.»
Pour l’occasion, il avait emmené son petit-fils de dix ans, Jean, lui aussi muni de son masque. Ce n’était pas sa première course, mais c’était la première fois qu’il soufflait un bon pronostic à son grand-père. «J’étais sûr que Hotebo allait gagner et il l’a fait», se réjouit-il encore. Son driver isarien, Pierre-Yves Verva, l’a en effet mené jusqu’à la victoire du prix Courtoise automobile Suzuki. Jean attend désormais impatiemment le prochain jour de courses à Abbeville, samedi 25 juillet.
Les hippodromes respirent à nouveau
Pour les dirigeants des hippodromes, ce retour des parieurs en nombre redonne de l’espoir. «Je me souviendrai de ma première année de présidence», rit jaune Dominique Delannoy, président de l’établissement d’Abbeville. Cinq rendez-vous ont lieu chaque année dans ce «petit» hippodrome, qui accueille environ cinq à six cents personnes à chaque fois. Heureusement, les dates programmées pendant le confinement ont toutes été reportées, et non annulées. «Plusieurs rendez-vous auront lieu un samedi au lieu d’un dimanche, alors que le dimanche attire plus de monde, mais on moins, tout n’est pas perdu.»
Le protocole sanitaire à mettre en place engendre des frais supplémentaires : entrées et parkings séparés pour le public et les chevaux, barrières aux guichets pour le respect des distanciations sociales, mise à disposition de gel hydroalcoolique… Heureusement, le passionné est parvenu à conserver ses sponsors, «une des plus grosses rentrées d’argent pour nous». Il n’a plus qu’à croiser les doigts pour que les turfistes viennent en nombre. La première journée d’ouverture, ce 12 juillet, laissait présager une belle saison.
Des Hommes de chevaux passionnés
Carole Savreux, directrice de l’hippodrome d’Amiens, tient, elle, à remercier les hommes de chevaux. «Durant le confinement, nous nous sommes plus que jamais aperçu de la force de caractère et de l’énergie débordante des professionnels des courses», témoigne-t-elle dans un communiqué. Pour la première course réouverte au public, ce 18 juillet, le Petit Saint-Jean tient à marquer le coup : «une pluie d’applaudissements sera organisée en faveur de ces hommes et ces femmes, derrière lesquels se cachent des histoires passionnantes.»
Prochaines courses de trot dans la Somme
Amiens (80)
18 juillet, 19h : Trot régional
7 août, 11h30 : Trot premium
Abbeville (80)
Samedi 25 juillet : Trot régional
Dimanche 16 août : fête de l’Hippodrome
Samedi 29 août : Trot régional