Rhinopneumonie : les chevaux confinés eux aussi
Une épidémie de rhinopneumonie touche des chevaux dans plusieurs départements situés aux portes des Hauts-de-France. Point de situation
et précautions à prendre.
Une épidémie de rhinopneumonie touche des chevaux dans plusieurs départements situés aux portes des Hauts-de-France. Point de situation
et précautions à prendre.
C’est en Espagne, à Valence, sur un site qui accueillait plusieurs centaines de chevaux à l’occasion d’une compétition internationale début février, que le virus serait apparu. Fièvre, puis difficultés respiratoires et parfois neurologiques : la myeloencéphalite - EHV1, communément appelée rhinopneumonie, fait rage. Pendant la compétition, le soigneur Bastien Houel a assisté à des scènes de chaos. «Les vétérinaires n’arrêtaient pas, du matin au soir. Ils étaient en train de donner des soins à un cheval et on en entendait un autre 10 mètres plus loin en train de se débattre. Le cheval était couché par terre avec les membres en l’air entrain de pédaler dans tous les sens», raconte-t-il au micro d’Europe 1. À ce jour, dix chevaux sont morts, indique le Réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine (Respe) dans son dernier communiqué daté du 9 mars. Aucun sur le territoire français.
Pour ralentir la progression du virus, la FFE (Fédération française d’équitation) a décidé de suspendre toutes les compétitions nationales et internationales jusqu’au 28 mars. La règle est désormais prolongée jusqu’au 11 avril. En France, on dénombre une quinzaine de foyers confirmés dans des écuries de chevaux rentrant de Valence, dans les départements du Calvados, Charente-Maritime, Corrèze, Gironde, Haute-Savoie, Hérault, Indre et Loire, Manche, Mayenne, Rhône, Seine-et-Marne, d’autres sont en cours d’investigation dans d’autres départements.
En Hauts-de-France, on est également sur le qui-vive. «Quelques écuries de la région participaient au concours espagnol en question et se sont mises en quarantaine. En attendant, toute compétition et tout rassemblement est interdit. Nous avons annulé tous les stages», assure Édith Cuvelier, présidente du CRE (Comité régional d’équitation) Hauts-de-France. Le comité conseille également fortement aux propriétaires d’équidés qui ont leurs chevaux chez eux de ne pas les transporter dans d’autres écuries. La filière est habituée à la rhinopneumonie, puisque des cas sont signalés chaque année. «La maladie se manifeste sous trois formes : respiratoire, la plus fréquente, nerveuse et abortive. Ce qui est exceptionnel cette année, c’est que c’est la forme nerveuse, beaucoup plus rare, qui s’est déclarée.»
La vaccination…
La vaccination contre les herpèsvirus existe bien pour les chevaux, bien qu’elle ne soit pas obligatoire, y compris pour les concours internationaux. Le vaccin n’est pas efficace à 100 % mais «même si des chevaux correctement vaccinés ont pu montrer des signes cliniques, notamment neurologiques, la vaccination reste une mesure efficace de lutte collective contre la maladie», assure le Respe. Pour l’animal vacciné, elle permet d’en limiter les symptômes, principalement pour les formes respiratoires et abortives, et surtout la quantité de virus excrétés. Pour l’ensemble de la population équine, la vaccination limite donc la diffusion de la maladie et sa circulation au sein des groupes.
Des recommandations s’appliquent à l’ensemble de la filière, toutes activités confondues. Il est conseillé pour les chevaux déjà vaccinés, en bonne santé, n’ayant pas été en contact avec des foyers, dont le rappel vaccinal remonte à plus de six mois, de procéder à un rappel. Pour les chevaux non vaccinés et non exposés, une vaccination peut également être envisagée, mais n’aura que peu d’effets en pleine épizootie. Pour les chevaux exposés qui peuvent être en phase d’incubation, la vaccination est déconseillée et n’aurait que peu d’effets.
… et les gestes barrière
En cas de suspicion, «il est important d’isoler, autant que faire se peut, les chevaux suspects, de limiter les mouvements de chevaux dans et hors de la structure et de suivre la température de ces animaux pendant au moins une semaine (période d’incubation)», conseille le Respe. Il convient, enfin, de contacter un vétérinaire pour qu’il examine ces chevaux.
Pour Édith Cuvelier, le contexte lié à la pandémie de Covid-19 présente un avantage (il en faut bien un) : «les gens sont désormais habitués aux gestes barrière et ils prennent vite de bons réflexes avec leurs chevaux». Il est conseillé de se laver les mains entre chaque manipulation de cheval et de ne pas mélanger le matériel (pansage, harnachement…). Bref, de limiter tout contact direct ou indirect entre les chevaux.
Les cavaliers pro à pied
Pas de problème de santé, donc. Mais la trésorerie trinque. «Avec les mesures liées au Covid-19, les compétitions de niveau amateur, auxquelles participent nos clients, sont de toute façon annulées. Mais les épreuves pro et jeunes chevaux avaient toujours lieu. Nous comptions dessus.» Cinq chevaux de quatre ans ont déjà été retirés de l’écurie par leur propriétaire, faute de pouvoir les valoriser en concours. Deux autres doivent partir la semaine prochaine. La commercialisation des chevaux plus vieux est retardée. Les stages animés dans des écuries qui faisaient venir des cavaliers extérieurs sont annulés. Idem pour les sorties d’entraînement qui étaient prévues avec les clients propriétaires. Une épidémie en cache une autre, et les impacts sont décuplés.
Des règles différentes selon les disciplines
Les courses Trot et Galop, en revanche, sont maintenues à ce stade, «cette population d’équidés étant bien distincte de celle des chevaux de sport et aucun lien n’ayant été identifié avec l’Espagne», justifie le Respe. Des mesures strictes ont également été prises pour éviter tout contact avec des chevaux de sport sur le territoire national. Les chevaux de course sont, de plus, tous vaccinés (obligation depuis 2018).
La saison de monte se poursuit également. Des mesures de précaution doivent cependant être appliquées, notamment pour les centres de reproduction accueillant des chevaux de sport. Pour ceux-ci, la cellule de crise conseille vivement de suspendre leur accueil jusqu’à début avril.