Pénibilité du travail : une priorité au Domaine de Moismont
Pour diminuer le phénomène de turnover, Bernard Nicolai et son équipe d’arboriculteurs fruitiers mettent en place des conditions de travail les plus optimales possibles pour la centaine de saisonniers qui sera embauchée dans les vergers début septembre.
Des périodes difficiles à vivre dans les vergers, après des épisodes de grêle ou de gel, puis deux dépressions chez les collaborateurs du Domaine de Moismont, à Vron : ceci à créé un déclic chez Bernard Nicolai, gérant des 72 ha de pommiers et poiriers. «Nous remettons entièrement notre système en cause, pour faire en sorte de réduire la pénibilité au travail.»
Il faut dire que les vergers sont très gourmands en main-d’œuvre. Cinq personnes sont en CDI aux vergers, à temps plein, et quinze autres le sont pour emballer les fruits. A cela s’ajoute une centaine de saisonniers, en septembre et octobre, lors de la cueillette, ce qui représente une quinzaine d’ETP (équivalents temps plein) sur l’année. «La main-d’œuvre équivaut à 55 % du chiffre d’affaires global», assure Bernard Nicolai. Et le mot d’ordre est «zéro salarié étranger, le maximum d’employés locaux.»
Mais le professionnel en est conscient, les tâches sont physiquement difficiles. Le bac de 10 kg, porté 35 heures par semaine, fait souffrir les épaules des cueilleurs rémunérés au Smic horaire. Peu tiennent les deux mois de cueillette annuelle. «L’année dernière, nous avons encore connu un turnover élevé. Souvent, la moitié ne reste pas. Pour nous, employeurs, c’est un véritable stress.»
Depuis trois ans, l’équipe travaille donc à améliorer les vergers pour faciliter la cueillette. «Nous taillons les arbres de plus en plus courts pour que les cueilleurs n’aient pas à aller chercher les fruits loin dans l’arbre. Nous avons aussi investi dans deux plateforme de 40 000 euros chacune, bien plus confortables que les échelles.» Les fruits à défaut sont retirés avant la cueillette, pour faciliter davantage la tâche.
Et cette année, une innovation sera apportée. Les salariés bénéficieront d’une séance d’échauffement musculaire tous les matins, imaginée avec l’aide d’un ergothérapeute et d’un kinésithérapeute, pour réduire les courbatures. «Tout grand sportif s’échauffe et, pour nous, la compétition est quotidienne !»
Autre révolution : depuis la précédente saison, les salariés ne sont plus payés à la tâche, mais à l’heure. Un dispositif coûteux (30 000 euros de plus pour l’employeur en 2017, mais une année particulière avec les gelées précoces), qui permet néanmoins de privilégier la qualité du travail plutôt que le rendement.
Donner un sens au travail
Mais surtout, Bernard Nicolai met un point d’honneur à ce que le travail ait du sens pour chaque employé. «Ils sont des maillons de la chaîne. Chacun apporte sa contribution au travail de l’année et doit être valorisé pour cela.» Après un entretien individuel, une demi-journée de visite de l’exploitation est donc organisée avant de cueillir la première pomme. «Nous expliquons l’histoire du domaine, notre philosophie et la nature des tâches qui leur seront confiées.» Un moyen, aussi, d’éloigner les moins motivés.
Pour encadrer les saisonniers, toute l’équipe de permanents bénéficie d’une formation de «management positif». «Responsabilité et réactivité, respect et considération, l’équipe d’abord, l’écoute active et “pas de problème, que des solutions“, sont nos slogans.» Car une bonne ambiance au travail réduit la pénibilité.
La convivialité est donc renforcée. Les matins frisquets, les travailleurs ont droit à un petit déjeuner offert. La pause du midi est un moment d’échanges. Bernard Nicolai aimerait d’ailleurs rénover la salle de pause pour la rendre plus accueillante. Des détails primordiaux, car «les saisonniers sont nos premiers ambassadeurs. S’ils gardent un bon souvenir de leur passage au Domaine de Moismont, ils en parleront autour d’eux». Avis aux intéressés, les recrutements débutent !