Phytos : le déploiement du contrat de solutions s’accélère
Le 7 novembre, les membres du bureau de l’association Contrat de solutions, ont présenté un point d’étape du déploiement des solutions proposées dans le contrat, ainsi que les perspectives et les événements à venir. L’objectif est ainsi de toucher le plus rapidement possible un grand nombre d’agriculteurs.
assure Denis Velut, trésorier de l’association.
Des membres du bureau de l’association Contrat de solutions, représentant la diversité des partenaires engagés dans cette «aventure de plus de deux ans», ont réalisé un point d’étape sur le déploiement de ce contrat qui ambitionne de proposer des solutions alternatives à l’utilisation de produits phytosanitaires. «Notre objectif est de rechercher, expérimenter et proposer des solutions innovantes», précise Denis Velut, trésorier de l’association. Tous les six mois, le Contrat de solutions s’enrichit de nouvelles fiches ; douze fiches viennent d’ailleurs de s’ajouter, ce qui porte à soixante-neuf le nombre de solutions proposées. «Ensemble nous nous donnons les moyens d’agir», ajoute Denis Velut. Il souligne ainsi l’engagement de tous les acteurs dans les territoires, pour combiner les solutions et permettre aux producteurs de se les approprier. Un travail de communication avec, notamment, la création d’un site Web et d’une newsletter, a donc été mené pour faire connaître le contrat au sein de tous les réseaux. Afin de toucher tous les agriculteurs dans tous les territoires au-delà de ces réseaux, un chargé de mission «déploiement du Contrat de solutions» a été recruté. Pour amplifier le déploiement sur le terrain, l’association a construit des plans d’actions régionalisés. En 2020 ils seront testés dans quatre régions pilotes (Normandie, région centre, Pays de la Loire, et Paca) pour affiner la méthode de travail. En fin d’année, deux rendez-vous ont été définis afin de parler directement aux producteurs et aux citoyens.
Un déploiement en bonne voie
Afin de suivre le déploiement du Contrat et des solutions qu’ils proposent, l’organisation a défini, pour chaque fiche, des indicateurs, qui devraient s’actualiser annuellement. Éric Thirouin, président de l’association, a présenté les premières données recueillies. Il constate une progression significative de l’utilisation de différents outils d’aide à la décision, pour optimiser les traitements contre les maladies. Ainsi, les surfaces couvertes par les outils d’aide à la décision pour le traitement anti-mildiou sur pomme de terre (fiche 14 du contrat) a progressé de 10 % en un an (+ 10 000 ha). L’objectif est de couvrir 90 % des surfaces d’ici cinq ans. Pour les outils d’aide à la décision pour optimiser les traitements contre le mildiou et l’oïdium sur vigne (fiche 15), on note une progression des connexions de 20 % en glissement annuel, entre 2017 et 2018. Enfin, 60 000 hectares supplémentaires (+ 14 % en glissement annuel) ont été couverts par les outils d’aide à la décision pour optimiser les traitements contre les maladies du blé (fiche 46). L’objectif fixé est un triplement des surfaces pilotées par ce type d’outils à cinq ans (objectif commun avec le plan de filières Intercéréales). «L’utilisation de ces outils permet de réduire en moyenne et selon les cultures d’environ 20 % les traitements», insiste Éric Thirouin.
Les indicateurs montrent aussi une progression de l’utilisation de variétés résistantes ; ainsi, les surfaces plantées avec des variétés de pommes de terre résistantes au mildiou (fiche 5) sont passées de 6,8 % des surfaces acceptées en 2018 à 7,59 % en 2019 (1 760 hectares de plants). Concernant les variétés de betteraves tolérantes aux maladies foliaires (fiche 8), on note une augmentation de 3 % en un an des surfaces. 40 % des surfaces étaient donc concernées par ces variétés en 2018, contre 37 % en 2017. Le déploiement constaté est cohérent avec l’objectif fixé de 50 % des surfaces cultivées avec des variétés tolérantes en 2021. Enfin, Éric Thirouin se félicite de l’amplification de l’utilisation des produits de biocontrôle. On remarque, par exemple, un très fort développement de l’utilisation du soufre pour lutter contre la septoriose du blé (fiche 29) avec une multiplication par deux des surfaces couvertes et une atteinte de l’objectif fixé pour 2025.
Des solutions en phase avec l’actualité
Le président se réjouit donc du bon déploiement de ces solutions et il précise que «ce contrat est dans le juste, dans le vrai, au cœur de l’actualité agricole. Nous répondons aux attentes des consommateurs», insiste Éric Thirouin. Il rappelle que la fiche 36 du contrat prévoit la signature de charte de bon voisinage afin de renouer le dialogue avec le riverain sur le sujet de l’utilisation de produits phytosanitaires, une manière «de trouver des solutions convenables pour tous, agriculteurs et citoyens». Il regrette cependant que des consignes politiques aient empêché la signature de la charte dans de nombreux départements. Le sujet du glyphosate n’a pas été évité non plus par le Contrat de solutions. La fiche 20 présente donc des solutions pour éviter l’utilisation de produit en viticulture. Dans cette fiche, les alternatives, en particulier le désherbage mécanique, ont été identifiées. Denis Velut précise aussi que les surcoûts sont de l’ordre de 150 à 650 € par hectare, selon la densité du vignoble. Il indique aussi que la valorisation économique apparaît difficile. La fiche met donc en avant les situations d’impasses, le besoin d’accompagnement financier et le besoin de temps, notamment pour disposer du matériel et de main-d’œuvre formée. «Nous n’éludons aucune question, nous proposons des solutions concrètes plutôt que des interdictions», conclut Éric Thirouin.