Plan pollinisateurs : le député Leclabart interpellé
Ce 24 février, une rencontre avait lieu entre les représentants des JA, la FDSEA de la Somme et Jean-Claude Leclabart, député de la quatrième circonscription de la Somme, au sujet de l’évolution du plan pollinisateurs.
Ce 24 février, une rencontre avait lieu entre les représentants des JA, la FDSEA de la Somme et Jean-Claude Leclabart, député de la quatrième circonscription de la Somme, au sujet de l’évolution du plan pollinisateurs.
La disparition des abeilles est multifactorielle. Parmi les causes, leur exposition aux produits phytosanitaires. Le gouvernement s’engage donc dans l’élaboration d’un plan de protection dit «plan pollinisateurs» (cf. p. 10), qui pourrait être approuvé avant l’été 2021. La profession agricole a conscience des enjeux et de la nécessité d’agir, «mais nous buttons sur certains points proposés dans le plan», émet Denis Bully, président de la FDSEA 80, lors d’une rencontre avec Jean-Claude Leclabart, député de la quatrième circonscription de la Somme.
«Nous nous inquiétons fortement de l’évolution de ce plan, puisque l’interdiction de traitement s’étendrait, en plus des insecticides, aux herbicides et fongicides». Les contraintes horaires imposées (3h après le coucher du soleil), seraient «non tenables techniquement, socialement et économiquement». En légumes notamment, les fenêtres météorologiques d’intervention sont courtes et les traitements sont fréquents en période de floraison. «En pommes de terre, comptez quatre traitements contre le mildiou par exemple. Si on ne peut pas intervenir, on ne pourra plus produire de pommes de terre dans la Somme», alerte Raphaël Catteau, membre des JA80, installé à Gentelles. Autre conséquence : un durcissement pour l’obtention des autorisations de mises sur le marché de produits phytos, qui conduirait à des impasses pour la protection des cultures.
L’emploi du temps des abeilles en question
Hélène Cotté, agricultrice et apicultrice à Glisy, pointe les failles que présentent les mesures du plan. «Pour les abeilles, repousser les traitements à trois heures au lieu d’une heure après l’éphéméride n’est pas une solution. Les abeilles rentrent à la ruche dès que le soleil commence à s’effacer. Ces deux heures de plus se feront ressentir le matin, avec des produits encore plus présents.» Quant à des mesures concernant les herbicides et fongicides ? «Je ne comprends pas l’intérêt.» Et d’ajouter : «il faut bien distinguer les arguments des apiculteurs professionnels de ceux des amateurs, qui perdent parfois des colonies entières à cause de leur négligence quant au varroa, et qui mettent ça sur le dos des pesticides.»
Pour le député, «ces arguments en font des angles d’attaque pour défendre votre opinion à l’Assemblée». Il prévient tout de même que, même s’il sait que la plupart des agriculteurs adoptent de bonnes pratiques, «tous doivent faire attention aux conditions de traitement et aux efforts menés dans la réduction des IFT pour être crédibles.» Votera-t-il le texte ou non ? «J’attends de voir le texte définitif ? J’entends en tout cas ces éléments de contradiction», assure-t-il.
NNI et Egalim aussi sur la table
Pour le premier sujet, Denis Bully, président de la FDSEA80, alertait : «Les entreprises agro-industrielles sont en pleine discussion avec les GMS. Pour que le ruissellement de la valeur ajoutée se fasse bien sur tous les maillons de la chaîne, y compris les producteurs, il faut que tout le monde soit autour de la table, et qu’il y ait un gendarme pour garantir le respect des règles.» Jean-Claude Leclabart soulevait, lui, une différence en termes de réussite entre certaines filières. «La loi a été plus bénéfique à la filière lait qu’à la filière viande. Celle-ci a un souci de structuration. Il n’y a qu’à voir au niveau local, avec la disparition des abattoirs.» Pour lui, ces sujets doivent être pris à bras le corps par la profession. Raphaël Catteau, des JA, tempérait néanmoins : «Le lait en a tiré profit, c’est vrai, mais la filière était tellement au plus mal que ça ne pouvait pas être pire !»
Concernant l’utilisation des NNI pour les betteraves, soumise à une dérogation de trois ans avant interdiction, le député «a bien conscience du problème». «Mais aujourd’hui, nous n’avons plus qu’à espérer que la science aille plus vite que ce qu’elle a annoncé. La seule solution valable est celle des variétés résistantes à la jaunisse.»