Plants de pommes de terre : de l’innovation à l’accompagnement des producteurs
A travers le Comité Nord, qui constitue un maillon essentiel
de la filière plants de pommes de terre, les producteurs contribuent largement aux activités de recherche
et d’innovation.
«Le Comité Nord a pour principaux objectifs l’accompagnement technique des producteurs et la mise en œuvre des règles relatives à la certification des plants. Ces dernières ne sont en aucun cas des contraintes, mais constituent bien des atouts, gages de la qualité de nos produits», a rappelé Jean-François Roussel, qui présidait pour la seconde année consécutive l’assemblée générale du Comité Nord Plants de pommes de terre, le 28 janvier dernier, à Amiens. Ce dernier a souhaité rappeler que l’inspection des plants restait le premier métier des salariés du Comité Nord. Sur 12 333 hectares de plants présentés durant la campagne 2014-2015, pas moins de 12 121 se sont révélés conformes à la certification Soc. Le Comité a d’ailleurs décidé de renforcer son lien au terrain en 2016, en embauchant quatre inspecteurs supplémentaires.
Grâce aux prélèvements réalisés par les inspecteurs Soc, les laboratoires d’Achicourt (62) et de Bretteville (76) ont réalisé 1 006 045 tests Elisa, plus de 800 000 tests aux organismes de quarantaine (Clavibacter et Ralstonia), et 33 955 tests aux nématodes à kyste. Notons que les agréments DGAL ont également été obtenus pour un certain nombre d’analyses. Grosse nouveauté en 2015 : le lancement du nouveau règlement technique annexe (RTA), dont les dispositions encadrent la certification des plants de pommes de terre. Il en résulte, notamment, la mise en place de nouvelles classes nationales pour l’étiquetage, et des normes françaises plus poussées que celles définies par l’Europe, «gages d’excellence pour l’export», selon Jean-François Roussel.
Recherche et Développement : bon cru en 2015
Le Comité Nord a poursuivi ses travaux en termes de Recherche et Développement, au travers de l’EARL Sipre (Semences innovation protection recherche environnement), dont il est seul membre. Deux volets d’étude ont été privilégiés : l’amélioration variétale et la protection des plantes.
La création variétale est une fois encore apparue comme une priorité stratégique au cours de cette campagne. L’objectif est d’obtenir des variétés adaptées aux nouvelles contraintes des producteurs. En 2014, trois variétés ont été inscrites au catalogue (Alizée, Malice et Stronga), et deux demandes d’attribution de variétés hybrides ont été acceptées en octobre 2015. Pour 200 variétés, pas moins de 360 000 boutures ont été produites, dont 50 tonnes de génération Go. Pour rappel, l’année précédente avait été «anormalement» exceptionnelle, avec 411 000 boutures produites.
Côté protection des plantes, le Comité Nord a renforcé ses activités de recherche appliquée et a beaucoup progressé dans le domaine du biocontrôle. Un programme «Jambe Noire» s’est, entre autres, intéressé aux moyens de détection par analyse PCR des six bactéries responsables de la maladie, ou encore à l’impact de l’irrigation dans l’expression de la «Jambe Noire». La demande des producteurs est forte dans le domaine du biocontrôle, la demande des producteurs est forte et la recherche devrait se poursuivre en 2016. Un programme sur les nématodes vient d’ailleurs d’être lancé.
Vers un renforcement des partenariats
«Depuis plusieurs années, notre fil conducteur est le développement de partenariats multiples et solides, l’objectif étant de nous adapter au contexte réglementaire de plus en plus exigeant et d’accompagner nos producteurs vers le progrès technique», s’est enthousiasmé Dominique Fagot, directeur du Comité. Il a rappelé que le Sifre avait noué de forts liens avec les trois autres obtenteurs au sein de l’ACVNPT depuis 1995. Le réseau a notamment pour objectif de fournir des géniteurs de résistance au mildiou, nématodes, virus Y et Erwinia. Il participe également à des actions de recherche avec l’Inra.
L’EARL est également l’un des membres conservateurs du réseau de ressources génétiques Solanum, aux côtés de l’Inra, du Gnis, ou encore de la FN3PT, l’objectif du réseau étant l’obtention des sources des gènes d’intérêt pour les croisements. Par ailleurs, des travaux de recherche sont engagés de manière directe avec l’Inra, concernant la résistance au nématode Pallira, avec la RD3PT, sur la mise à disposition des outils de sélection assistée par marqueur ou encore avec FranceAgriMer sur le thème de la gestion de l’eau et de la sécheresse. Enfin, le programme «Agriculture et agri-Food Canada», qui étudie la résistance au doryphore depuis 2005, est en nette progression.
Quelles perspectives en 2016 ?
«Les recherches que nous menons au travers du Sifre sont essentielles pour accompagner nos producteurs. A court terme, nous devons le leur prouver, en leur proposant des retours sur investissement», a annoncé Jean-François Roussel. En 2016, les recherches devraient donc se poursuivre et s’orienter de manière plus concrète vers de la recherche de solutions aux différentes problématiques rencontrées par les producteurs, notamment en termes de protection des plantes ou encore de maîtrise de la germination lors du stockage.
Les opportunités en production féculière devraient se poursuivre. Durant la campagne 2015, les contrats féculiers ont été en hausse, puisque le Comité Nord en a enregistré pas moins de 39 974 tonnes.
Le Comité Nord devrait également continuer d’appeler l’Etat à prendre ses responsabilités concernant les plants de ferme, et à trouver des solutions pour sortir les producteurs de l’impasse dans laquelle ils se trouvent en termes de lutte contre les taupins, depuis l’interdiction d’utilisation du Mocap.
Enfin, le Comité devrait poursuivre son développement à l’international, un des objectifs résidant dans l’adaptation des cahiers des charges étrangers aux pratiques françaises et, donc, l’ouverture de nouveaux débouchés. En effet, de nombreuses visites de délégations étrangères ont encore une fois été organisées en 2015, en collaboration avec la FN3PT, le Gnis, la DGAL ou encore les collecteurs.