Pluies incessantes et orages violents frappent la campagne
Des orages localisés ont fortement touché des parcelles de la Somme ces derniers jours, notamment dans le secteur de Conty. Plus largement, la pluie qui persiste commence à faire grincer la campagne.
Des orages localisés ont fortement touché des parcelles de la Somme ces derniers jours, notamment dans le secteur de Conty. Plus largement, la pluie qui persiste commence à faire grincer la campagne.
«On aurait dit la fin du monde ! Pendant une bonne vingtaine de minutes, il est tombé 45 mm d’eau, de la grêle, du vent… C’était dantesque», s’étonne encore Olivier Duquet, exploitant à Ô-de-Selle, commune de Tilloy-les-Conty. Ce 21 juin, dans un rayon d’environ 6 km autour de Conty, une impressionnante averse de grêle a causé de gros dégâts sur les cultures. Deux parcelles d’orge de l’agriculteur ont souffert, «mais il y a bien pire que moi», souffle-t-il.
Son voisin, Sylvain Geirnaert, a eu moins de chance. «J’ai rarement vu des parcelles aussi touchées», assure-t-il. Lui possède un tiers de sa SAU dans le secteur concerné. «Le maïs est à terre, et il n’en reste plus que la tige. Les feuilles des betteraves sont tellement déchiquetées qu’on a l’impression d’avoir passé un coup de broyeur dedans. Pour les céréales, c’est plus difficile à voir, mais on aperçoit déjà des taches blanches et les grains avortent», constate-t-il. Même ses parcelles de pommes de terre pourraient souffrir, car les coulées de boue entre les buttes empêchent le passage d’un engin, alors que la pression mildiou se renforce. «Heureusement, j’ai fait le choix d’assurer toutes mes cultures pour la grêle depuis mon installation en 2006, et pour les aléas climatiques depuis quatre ans.»
Toutes les parcelles du secteur sont touchées, et connaissent des pertes de l’orde de 20 à 100 % selon la culture
Olivier Rayez, technicien de plaine à la coopérative Noriap dans ce secteur, a multiplié les constats de dégâts dans les cultures. Il atteste : «Toutes les parcelles du secteur sont touchées, et connaissent des pertes de l’orde de 20 à 100 % selon la culture.» Il ne reste plus rien du tout du sarrasin, cultivé en agriculture biologique pour la multiplication de semences. «Les féveroles et les pois ont aussi beaucoup trinqué, avec en moyenne 70 % de pertes.» En céréales, l’escourgeon, qui était presque à maturité, a été le plus impacté. Quant au maïs, même si certains ont conservé leur épis, «le fait qu’il soient coupés va causer le développement de champignons.» Les betteraves, elles, devraient pouvoir refaire des feuilles, mais seront arrachées plus tardivement.
D’autres orages ont touché la Somme les jours suivants. Ce lundi 28 juin, en fin de journée, de fortes averses ont notamment impacté le secteur nord ouest, entre Saint-Riquier et Auxi-le-Château. «Ce sont principalement les parcelles de lin qui ont subi. Presque tout est versé, et j’ai constaté des lins brisés», note Simon Buleux, technicien de plaine chez Noriap. D’après météo France, les épisodes orageux sont toujours à craindre dans les prochains jours.
Mauvais remplissage des grains ?
Plus largement, cette fin de cycle humide n’est pas l’idéal pour les cultures. «Cela favorise les maladies de fin de cycle», note Philippe Pluquet, responsable du pôle agronomie de Noriap. Le climat pendant le début de la phase de remplissage (jusqu’à grain laiteux) intervient aussi sur la mise en place d'un PS (poids spécifique) potentiel, en déterminant les conditions de formation des enveloppes des grains. «De fortes pluies peuvent nuire au remplissage», prévient Hervé Georges, conseiller à la Chambre d’agriculture de la Somme.
À partir de la fin du remplissage, lors de la dessiccation des grains, les mouvements d’eau dans les grains vont dégrader ce potentiel. Au moment de la moisson, les pluies engendrent des reprises en eau des grains, ce qui dégrade le PS. On considère en général qu’une pluie de 20 mm fait perdre 1 point de PS au blé. Mais la météo est loin d’être une science exacte, et le soleil pourrait refaire son apparition à un moment propice.