Pomme de terre : le point sur la récolte
La récolte a débuté il y a quelques semaines pour les précoces et se poursuit avec les tardives. Premiers résultats dans la Somme.
Si la campagne n’a pas encore touché à sa fin, d’ores et déjà, force est de constater que «cette année, les rendements risquent d’être plutôt bas, notamment pour les variétés précoces. Une fois cela dit, la récolte des pommes de terre s’avère très hétérogène au sein parfois d’une même parcelle, que ce soit en termes de calibre, de matières sèches ou encore de tubérisation. De même, pour les variétés précoces à demi-précoces, non irriguées, les rendements risquent d'être catastrophiques, car il manque du calibre», raconte Solenne Garson, ingénieur conseil au Groupement d'intérêt technique et économique de la pomme de terre (Gitep), à Estrées-Mons.
En revanche, «en chair ferme, la qualité est bonne. Sur la plupart des pommes de terre, la peau se fait bien. Elle mûrit bien». Du moins, en ce qui concerne les pommes de terre récoltées dans l’est de la Somme, l’Oise et une partie du Pas-de-Calais où le Gitep intervient. Reste que la moyenne sera basse en termes de rendements pour les chairs fermes, «exceptées quelques parcelles qui montrent de très bons rendements».
Pour les consommations lavables, des symptômes de gale commune sont parfois observés (Elodie, Agata...). De même, «attention à la qualité pour les pommes de terre proches du défanage, car là où nous avons eu beaucoup de pluie ces derniers jours, on risque d’avoir des problèmes de lenticelles. Il faudra donc être très prudent lors du défanage pour que les lenticelles ne soient pas trop marquées», précise-t-elle.
En cause : les températures élevées de l’été dans tous ces secteurs. Conséquence : la culture a manqué d’eau cruellement, obligeant les producteurs à irriguer beaucoup plus que d’ordinaire. «Il y a eu un besoin d'eau important cette année compte tenu de la sécheresse.Parfois entre huit et neuf passes d'enrouleur ont été réalisées alors que seulement deux passes d'enrouleur ont suffit l'an passé. Mieux encore, certains n’ont pas eu besoin d’irriguer en 2014», détaille l’ingénieur conseil.
Des matières sèches élevées
Dans ces conditions climatiques de sécheresse, avec des températures dépassant les 27° C, l'eau apportée ne contribue pas au rendement, elle maintient juste la végétation, ce qui peut provoquer des problèmes de repousse et de vitrosité, rendant la commercialisation des pommes de terre plus difficile. Par ailleurs, la sècheresse provoquant des matières sèches hautes, «cela peut entraîner une sensibilité aux chocs plus importante. Il faudra donc être vigilant lors des arrachages», ajoute-t-elle.
De fait, les producteurs devraient tirer leur épingle du jeu avec les variétés tardives. «Celles-ci feront leurs rendements si nous avons de l’eau en fin de campagne, rappelle Solenne Garson. Mais attention il faudra être en alerte sur le mildiou car la protection des tubercules est importante jusqu’à dissécation complète des tiges.»
Contrats pommes de terre : attention à ce que vous signez !
Dans la quasi-totalité des cas, les contrats sont imposés aux producteurs qui, manquant de lisibilité, ne savent pas réellement à quoi ils s’engagent. De plus, qui dit contrats imposés dit contrats non négociés, et donc dit contrats souvent défavorables pour les producteurs. Ils doivent donc être très attentifs au contenu de leurs contrats.
Le contrat en pommes de terre a pour objet de déterminer les conditions et les modalités selon lesquelles le producteur s’engage à produire, stocker et livrer des pommes de terre à l’acheteur qui, quant à lui, s’engage à en prendre livraison à la date convenue, et à les payer au prix également convenu. Il détermine les obligations de chacun et fixe les règles du jeu. Un contrat, ce n’est pas seulement un prix et une quantité. Les autres dispositions contractuelles sont tout aussi importantes (durée, marchandise, livraison, chargement et transport, agréage, responsabilité et transfert des risques, réserve de propriété, résiliation ou résolution, force majeure, arbitrage, annexes, etc.).
Il n’est jamais bon de signer un contrat dans la précipitation. Il faut bien le lire, et surtout le comprendre dans son intégralité avant de le signer. Il ne faut pas hésiter à demander des explications à son cocontractant, et surtout à discuter avec lui des points qui ne vous conviennent pas. N’hésitez pas également à vous rapprocher de personnes compétentes en la matière pour faire analyser vos contrats avant de les signer, et dans certains cas les améliorer. Un contrat lu, compris et négocié est bien meilleur qu’un contrat qui vous est imposé !
Sonia Salmistraro - Fdsea 80