Pommes de terre : bien maîtriser la thermonébulisation
Appliquer un antigerminatif est une étape cruciale de la conservation des pommes de terre. C’est pourquoi il est important de bien la maîtriser, en la préparant souvent dès la récolte. Le point avec l’ingénieur d’Arvalis Michel Martin, spécialiste stockage et conservation de la pomme de terre.
Appliquer un antigerminatif est une étape cruciale de la conservation des pommes de terre. C’est pourquoi il est important de bien la maîtriser, en la préparant souvent dès la récolte. Le point avec l’ingénieur d’Arvalis Michel Martin, spécialiste stockage et conservation de la pomme de terre.
La thermonébulisation, c’est ce procédé qui consiste à appliquer les antigerminatifs sous la forme d’un brouillard de gouttelettes de quelques microns de diamètre et à le diffuser dans le stockage via la ventilation interne du bâtiment. Avec l’arrêt du CIPC, les producteurs se tournent vers la thermonébulisation pour protéger leurs stockages de pommes de terre. Ce procédé demande de respecter certaines conditions pour un résultat optimum.
De la récolte au stockage
Cinq molécules sont aujourd’hui autorisées en France pour contrôler la germination des tubercules. La première, l’hydrazide maléique est applicable au champ. Elle permet de limiter la pression de germination dans les premières semaines de conservation. Elle limite même les repousses en parcelles les années suivantes. L’éthylène est appliqué par diffusion gazeuse. Les trois dernières molécules (l’huile de menthe, l’huile d’orange et le 1,4 DMN) nécessitent d’être thermonébulisées.
Bien conserver ses pommes de terre passe évidemment par une récolte réalisée dans de bonnes conditions, notamment en limitant les endommagements. Les tubercules doivent être secs et bien cicatrisés, en particulier pour les variétés à peau fine avant tout traitement en stockage. De ce côté, tous les bâtiments ne sont pas adaptés à la thermonébulisation. Pour cela, le système de ventilation et l’étanchéité sont deux facteurs prioritaires à prendre en compte pour réussir ce procédé et pour éviter le risque incendie.
Sans être exhaustifs, quelques points méritent d’être évoqués pour garantir efficacité et bonne sélectivité des produits, comme l’explique Michel Martin, d’Arvalis-Institut du végétal : «Le bâtiment doit disposer d’une étanchéité suffisante pour éviter les pertes de produit vers l’extérieur. Au besoin, un confinement du tas est recommandé si le volume stocké ne représente qu’une petite partie du bâtiment. Pour un tas vrac, un réseau de gaines adapté à la pomme de terre doit être en place pour distribuer le produit au cœur du tas de manière homogène grâce à une ventilation fonctionnant en circuit fermé par intermittence au cours de l’application. Ventiler en circuit fermé pendant au moins les vingt-quatre heures précédant le traitement pour homogénéiser la température du tas et contribuer à un état sec homogène des tubercules avant l’application. N’appliquer du produit que sur des tubercules parfaitement secs et cicatrisés. N’utiliser qu’un thermonébulisateur parfaitement nettoyé. Adopter la bonne température de thermonébulisation en fonction des produits de façon à ce que l’application se fasse avec un brouillard sec, sans risquer une inflammation du brouillard : 180 à 190 °C pour l’huile de menthe et l’huile d’orange, souvent près de 320 °C pour le 1,4 DMN. Les appareils thermiques sont ainsi à proscrire au profit des appareils électriques dont le réglage de la température d’application est possible. Porter les équipements de protection individuelle adaptés (voir étiquettes produits et site ephy.anses.fr).
Fermer hermétiquement le bâtiment pendant au moins vingt-quatre heures après l’application en arrêtant le refroidissement mais en maintenant un brassage intermittent de façon à ce que le produit puisse agir efficacement.»
En résumé, le choix de la dose et des dates d’intervention doit se faire en prenant en compte la température de conservation, l’aptitude à la germination des tubercules (variété, type de production, influence des conditions climatiques en végétation…) et les conditions de récolte (terre adhérente aux tubercules). Une attention particulière à l’évolution du tas doit être apportée par l’agriculteur pour protéger ses pommes de terre au bon moment. «L’efficacité du traitement est lié au bon respect des doses, des dates d’application mais également au maintien rigoureux des tubercules à la température de consigne.»