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Pommes de terre : l’année de tous les excès climatiques

La récolte des pommes de terre n’est pas une tâche facile cette année. On estime une perte de 10 % de rendement pour le département.

80 % des arrachages sont aujourd’hui effectués dans la Somme.
80 % des arrachages sont aujourd’hui effectués dans la Somme.
© Camille Lefranc



«L’année n’est pas facile pour les pommes de terre», relève Jean-Michel Damay, producteur de pommes de terre et président de la section pomme de terre à la FDSEA. Exploitant agricole à le Plessier Rozainvillers, Jean-Michel Damay cultive des céréales, des pommes de terre, des betteraves et des protéagineux. La production de pommes de terre, c’est ce qui l’anime le plus. «Cette année, sur environ 40 % de la surface agricole utile de l’exploitation, nous avons planté des pommes de terre», confie-t-il.

Une année difficile
«L’année ne fut pas de tout repos pour les pommes de terre», ra­conte le producteur. Rappelez-vous. Dès le début de la campagne, le développement des pommes de terre n’a pas été ménagé. Une fois plantées, les conditions météorologiques ont été exécrables, avec une pluviométrie dense entraînant, dans certains cas, la perte de surfaces de pommes de terre alors inondées. En parallèle, ces fortes précipitations ont induit une forte pression mildiou durant plusieurs semaines. «Le mildiou s’était installé sur la végétation. Il pleuvait tous les jours ou tous les deux-trois jours. Il était donc difficile de rentrer dans les parcelles et d’agir correctement contre le mildiou», explique le producteur de pommes de terre.
Néanmoins, Jean-Michel Damay a su, au sein de ses parcelles, maîtriser le mildiou qui n’est pas sans frais par rapport à l’an dernier, engendrant un surcoût de production à l’hectare estimé à 300 €. La plante n’a pas été fortement im­pactée et a donc suivi un développement normal avec huit à dix jours de retard à compter du mois de juin. L’arrivée du temps sec par la suite a vite permis de rattraper ce retard, mais aussi de limiter les risques de recontamination par le mildiou.

Conditions d’arrachage compliquées
Commencé depuis plus d’un mois maintenant, et bien avant pour les pommes de terre primeurs, les arrachages, qui signent la fin du cycle de cette production, se déroulent dans un contexte tout autre : la sécheresse. «Pour ma part, les arrachages de pommes de terre se terminent», dit Jean-Michel Damay. Et, de ma­nière générale, pour le département, on estime aujourd’hui que 80 % des arrachages de pommes de terre ont été effectués.
«Depuis le début du mois d’août, nous avons eu très peu d’eau, les buttes ont séché et sont devenues dures comme du béton», explique-l’agriculteur. Il est difficile d’arracher dans ces conditions sans endommager le matériel mais aussi les tubercules.
Ainsi, un bon nombre de producteurs de pommes de terre irriguant ont arrosé leurs parcelles avant de pouvoir sortir les pommes de terre. «Du jamais vu à la mi-octobre», disent certains producteurs. Généralement, quelques averses tombent vers la mi-septembre et permettent d’arracher dans de bonnes conditions.
Ainsi, une fois la terre humide, celle-ci est plus friable, remonte sur les tapis de l’arracheuse sans percuter les tubercules, et permet même de réduire aussi les coups à ce niveau-là. L’interrogation demeure donc pour les parcelles non irrigables et non irriguées comme pour celles des fécules, par exemple.

Qualité et quantité
«Du point de vue de la qualité, visuellement, nous avons un beau produit lorsqu’il est récolté dans de bonnes conditions», raconte Jean-Michel Damay. Toutefois, les à-coups de végétation ont pu engendrer, dans certaines parcelles, des pommes de terres difformes ou crevassées. Au niveau des rendements, «il faut compter environ 10 % de perte par rapport à l’an passé», rapporte Jean-Michel Da­may.
Espérons à présent que la pluie fasse une brève apparition afin de terminer correctement les chantiers d’arrachage pour l’ensemble des pommes de terre. La question est : quand vont-ils pouvoir finir d’arracher ?

Quelques chiffres
L’Europe des cinq (Allemagne, Belgique, France, Pays-Bas et Grande-Bretagne) :
+ 4,8 % de surface de pommes de terre emblavée, 6 % de chute de rendement, soit au total 1,6 % de baisse de production estimé par rapport à l’an passé
En France : + 5,8 % de surface emblavée cette année et 10 % de perte de rendement estimé


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Attention aux coups sur les pommes de terre lors des arrachages


Difficile cette année de récolter des pommes de terre sans coups. Retour sur les endommagements mécaniques observés sur des tubercules.

Les conditions de récolte des pom­mes de terre, cette année, favorisent les endommagements mécaniques sur les tubercules. Si ce n’est pas un critère de réception en féculerie, cela en est tout autre pour les pommes de terre de consommation. En transformation industrielle, les coups reçus par le tubercule lors de son arrachage sont préjudiciables à la qualité des produits finis, conduisant à des pertes de matière première et entraînant des coûts de production élevés.  
Coups externes et internes  Les endommagements mécaniques sur les tubercules, ou encore appelés plus communément les coups sur les tubercules, correspondent à des altérations du tubercule dues à l’exercice d’un choc ou d’une pression. On distingue deux types d’endommagement : les endommagements externes et internes. Les premiers sont à l’origine d’un choc et se caractérisent visuellement par des blessures, griffures, etc., sur le tubercule. Les endommagements internes, eux, sont le résultat d’un choc ou d’une pression conduisant à un noircissement interne de la pomme de terre. Souvent invisible à l’extérieur, le noircissement apparaît quelques heures, voire quelques jours après que se soit produite la lésion. Cette année, avec le temps sec de ces dernières semaines, lors des arrachages, des mottes de terre remontent dans les tapis des arracheuses et vont venir percuter les tubercules provoquant des coups sur celles-ci. Or, ces blessures, même superficielles, constituent une des causes principales de dé­gradation de la qualité. En conservation, elles augmentent les pertes des poids et d’amidon. Elles constituent également une porte d’entrée privilégiée pour différents agents de pourriture (phoma, fusarium, pectobacterium...). 
Limiter les risques   Nous pouvons aujourd’hui jouer sur certain facteurs, comme le choix variétal (certaines variétés sont connues pour être plus ou moins sensibles aux chocs mécaniques), exclure les parcelles à cailloux, préparer le sol de manière à limiter la formation de motte et limiter les chocs mécaniques. Il faut aussi  tenir compte de la corrélation de la teneur en matière sèche (abondante cette année) et la sensibilité au noircissement. En particulier cette année, lors des arrachages, il est fortement con­seillé, pour ceux qui le peuvent, d’irriguer leurs parcelles pour limiter la présence des mottes, de faire attention au choix du matériel et de veiller à bien le régler (vitesse des chaînes d’arrachage, hauteurs de chute, vitesse des convoyeurs, etc).  
C. L.

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