Pour trouver de meilleurs résultats, Tereos affiche un nouveau cap
Le groupe coopératif sucrier et amidonnier Tereos veut rapidement tourner la page d’un exercice 2020-2021 qui voit ses chiffres s’améliorer encore trop doucement selon son président. La poursuite de l’amélioration de la situation financière de l’entreprise
s’accompagne d’une restructuration interne et d’un retour aux fondamentaux.
Le groupe coopératif sucrier et amidonnier Tereos veut rapidement tourner la page d’un exercice 2020-2021 qui voit ses chiffres s’améliorer encore trop doucement selon son président. La poursuite de l’amélioration de la situation financière de l’entreprise
s’accompagne d’une restructuration interne et d’un retour aux fondamentaux.
Comment va la coopérative Tereos ? Ce n’est pas encore la grande forme et les résultats ne sont pas encore «suffisants» pour le président de son conseil de surveillance, Gérard Clay. À l’occasion de la présentation de ses résultats annuels pour la période 2020-2021, mardi 2 juin, les responsables du groupe Tereos ont affiché de nouvelles ambitions : «Tereos tourne la page de sa stratégie de volume et de croissance externe», a ainsi dévoilé Philippe de Raynal, le président du directoire de Tereos. Autrement dit, l’entreprise aux 12 000 coopérateurs, présente dans les secteurs de la betterave, de l’amidon, des produits sucrants et renouvelables et la production d’alcool s’engage à revenir à ses fondamentaux pour améliorer sa profitabilité. Sur l’exercice 2020-2021, le chiffre d’affaires a beau s’établir à un peu plus de 4,3 milliards d’euros (- 4 % à taux de change courant) avec un Ebitda ajusté à 465 millions d’euros (+ 11 %), le résultat net de l’entreprise s’établit à – 133 millions d’euros, «impacté notamment par 76 millions d’euros de dépréciations d’actifs», détaille la direction du groupe. L’endettement reste à un niveau (trop) élevé de 2,533 milliards d’euros, bien qu’il soit en baisse (- 24 millions).
Des résultats encore insuffisants
Pour justifier son Ebitda en hausse (+ 11 % à taux de change courant, et + 29 % à taux de change constant), les responsables de Tereos avancent plusieurs facteurs favorables. D’abord, ont rappelé Philippe de Raynal et Gwenaël Eliès, directeur financier, il y a eu «le redressement des prix du sucre européen, l’amélioration des cours du sucre mondial et des prix de l’alcool-éthanol, une campagne record au Brésil», mais aussi plus près de chez nous «une baisse des coûts d’énergie en Europe et des progrès opérationnels réalisés dans l’ensemble des divisions». Mais le groupe sait d’ores et déjà que la progression de ses résultats opérationnels «devrait marquer une pause» au cours du premier semestre de son exercice 2021-2022. L’objectif précédemment communiqué d’un Ebitda entre 600 millions et 700 millions d’euros sera atteint avec deux trimestres de décalage, soit à fin septembre 2022 sur douze mois glissants.
En résumé, même si la coopérative Tereos a «fait des progrès» selon son directeur financier, «ils ne sont pas suffisants pour avoir un résultat à l’équilibre. Notre levier d’endettement est en baisse, mais il reste trop élevé par rapport à nos métiers». Gérard Clay parle lui «de résultats insuffisants», avant d’évoquer la nouvelle stratégie sur la base de laquelle il a fondé son projet de mandature après son élection à la tête du conseil de surveillance de Tereos le 18 décembre 2020.
Une nouvelle stratégie
Le déploiement de la nouvelle stratégie – elle intègre des objectifs d’excellence commerciale, de l’organisation, et des outils industriels - devrait ainsi s’établir en deux temps : une première phase (2021-2022) pour «améliorer la rentabilité du groupe, sa compétitivité et réduire son endettement pour le passer en dessous de la barre des 2 milliards», explique Philippe de Raynal. La seconde, à l’horizon 2023-2024 pour «développer des relais de croissance». Et le président du directoire de l’assurer : «Nous allons nous appuyer sur les atouts du groupe… parce qu’il y en a.» La série d’audit qui avait été commandée par la nouvelle équipe dirigeante auraient porté ses fruits. Pour Philippe de Raynal, «ces audit ont permis de mettre en avant des leviers importants de progression sur le plan commercial et industriel». Dans le volet optimisation de la stratégie industrielle du groupe Tereos, ses dirigeants écartent, en revanche, toute fermeture d’usine ou rapprochement avec une autre entreprise : «Il n’est pas question de fusion (avec Cristal Union, ndlr) ou de fermer des usines», assure Gérard Clay. Ouvrir le capital de l’entreprise, comme cela avait aussi été un temps évoqué fait désormais «partie du passé».
Enfin, en matière de gouvernance de l’entreprise, le président du conseil de surveillance écarte pour l’heure tout changement dans les statuts, comme cela a pu être évoqué, sans y renoncer : «La plupart des coopératives fonctionnent avec un conseil d’administration. Ce n’est pas le cas de la nôtre qui fonctionne avec un conseil de surveillance et un directoire. Ce n’est pas la meilleure façon de faire, mais c’est un sujet que nous mettrons sur la table rapidement.» «Dans les faits, souligne Gérard Clay, nous fonctionnons davantage comme s’il s’agissait d’un conseil d’administration avec des élus impliqués et des échanges plus directs.» Une manière de faire chère au président de Tereos qui trouvera à s’exprimer prochainement lors d’une série de rencontres territoriales avec ses associés-coopérateurs. «Nous sommes bien une entreprise coopérative et c’est pour cela que nous voulons renforcer le lien avec nos coopérateurs», a-t-il dit. Lucide sur les attentes des producteurs, il explique attendre de la nouvelle feuille de route qu’elle permette «une meilleure rémunération de la betterave» ; tout en restant peu disert sur le prix qui sera proposé pour la prochaine campagne. «Tout dépendra de la façon dont se comportera le marché, défend Philippe de Raynal. On ne sait pas aujourd’hui, à moins d’annoncer un prix politique.» «Un prix politique, renchérit Gérard Clay, nous n’en voulons pas. Nous ne sommes pas là pour vendre du rêve, mais plusieurs éléments nous font penser que nous serons en mesure de rémunérer plus la betterave à l’avenir.» Au-delà des 25,3 € par tonne de la campagne 2020-2021.