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Première sortie officielle de la Safer Hauts-de-France

L’assemblée générale de la nouvelle Safer s’est tenue vendredi dernier à Sailly-Saillisel (80) sous un air de nouveautés : au programme, rapport d’activités de la nouvelle entité et régionalisation.

Une table ronde régionale avec de gauche à droite : Damien Carlier (Nord), Séverine Mordacq (Somme), Christophe Galet (administrateur Safer), Benoît Thilliez (Pas-de-Calais), Sébastien Simon (Aisne) et Eric Taisne (Isa Lille).
Une table ronde régionale avec de gauche à droite : Damien Carlier (Nord), Séverine Mordacq (Somme), Christophe Galet (administrateur Safer), Benoît Thilliez (Pas-de-Calais), Sébastien Simon (Aisne) et Eric Taisne (Isa Lille).
© Fanny G.

28 358 : c’est le nombre d’hectares vendus l’année dernière en Hauts-de-France, à savoir
16 023 transactions. Olivier de France, chef de service régional «Picardie» a constaté une légère diminution des surfaces vendues, face à un marché fermé où les prix progressent, avec une prédominance à la vente des terrains occupés.

Pour l’année 2017, sur 28 358 hectares vendus, 73 % sont des terres à destination agricole, 11 % du bois et forêts, 10 % de terres destinées au loisir et au résidentiel, et 6 % de terres à destination de l’urbanisation.

Côté acquéreurs, il est toujours intéressant d’appréhender leur profil : 54 % des terres sont achetées par les fermiers en place, 18 % par des non agriculteurs, 18 % par des agriculteurs non-fermiers en place, ainsi que 10 % des terres achetées par la Safer.

De plus, côté finances, Olivier de France a exposé la hausse du prix des terres occupées de 5 % contre une augmentation de 1 % pour les terres libres d’occupation.

Toutes opérations confondues pour l’année 2017, à savoir, les achats de terres par la Safer et les notifications réalisées par les notaires, le prix moyen de la terre occupée s’élève à 7 492 euros l’hectare, contre 13 317 euros l’hectare de libre.

En plus de la régionalisation, grand chamboulement de l’année 2017, la Safer a été marquée par la gestion de la Sava (Société agricole du Valois et de l’Aisne), exploitation agricole de plus de 750 hectares sur la commune d’Attichy, dans l’Oise, et la réalisation des procédures d’attribution ; opération d’ampleur qui a fait parler d’elle au sein de la grande région.

Des prix de terre en hausse

Par ailleurs, le président a introduit son rapport moral en faisant le constat de l’augmentation du prix de la terre agricole dans la région des Hauts-de-France, contrairement à la tendance nationale. Monsieur Versluys a insisté sur le fait que «le prix du marché est généralement fixé par les agriculteurs eux-mêmes, alors qu’ils estiment souvent que la Safer achète trop cher !». La Safer se veut force de propositions adaptées et efficaces pour la prochaine loi foncière en vue.

Le président a rappelé l’importance et la priorité de l’installation dans la région, avec 35 dossiers d’installations retenus en 2017 très divers : agriculture biologique, maraîchage, élevage, polycultures et viticulture.

De plus, la Safer Hauts-de-France dispose d’un stock de foncier de plus de 2 000 hectares en réserve sur le tracé du Canal Seine-Nord Europe, qui devrait, un jour, voir le jour.

L’assemblée générale a été également l’occasion autour d’une table ronde de faire le bilan de la régionalisation, un an après, et de fixer les objectifs pour l’avenir. Les participants représentant les cinq départements, soulignent la nouveauté avec l’instauration de trois collèges (collectivités, OPA et autres) au sein du conseil d’administration, et avec la participation pour les membres à une formation théorique afin d’être au point sur le fonctionnement des comités techniques et avoir toutes les connaissances juridiques nécessaires à leur prise de fonction.

Un bilan de la régionalisation positif, qui selon Damien Carlier, représentant de la FDSEA du Nord et participant à la table ronde doit se poursuivre en insistant sur le fait que : «La loi sur le foncier en préparation est un enjeu par rapport à la préemption des parts de sociétés, il faut se donner les moyens d’agir pour les installations de demain».

La Safer Hauts-de-France a donc les cartes en mains pour continuer son travail du foncier, son conseil et son assistance technique auprès des agriculteurs, dans un esprit de dialogue, transparence, pluralité et avec cible première, le renouvellement des générations en agriculture par le biais de l’installation des jeunes agriculteurs, conclusion qui fera plaisir à Benoît Thilliez, représentant les Jeunes agriculteurs des Hauts-de-France lors de la table ronde.

Financiarisation de l'agriculture

La tendance à l’agglomération de grandes surfaces met en peril le modèle d’agriculture familiale.

En 2017, 6 900 projets de cession de parts sociales de sociétés agricoles ont été notifiées aux Safer et cédées par 5 220 sociétés, pour un montant d’1,3 milliard d’euros. L’an dernier, première année de décompte, la FNSafer avait dénombré 5 330 projets de cessions de parts de 4 270 sociétés pour 932 millions d’euros. Cela pèse près de 20 % du marché. A priori, les achats par les investisseurs étrangers sont peu nombreux. 107 acquisitions étrangères ont été enregistrées l’an dernier, soit 1,6 % des transactions, mais quand même 9 % de la valeur. Elles sont évaluées à 122 millions d’euros et sont essentiellement le fait d’Européens. Mais «ces chiffres ne comprennent pas les achats d’étrangers via des sociétés immatriculées en France», tient à préciser la FNSafer.

«On est vraiment dans la financiarisation de l’agriculture, juge Emmanuel Hyest. Il n’est pas question de jeter l’ostracisme sur le modèle sociétaire qui est utile quand il est mis en œuvre par des gens vertueux.» L’entrée d’investisseurs dans le capital d’une exploitation peut, en effet, être une opportunité de développement de l’exploitation ou permettre une transmission progressive... Mais le modèle sert aussi à échapper aux radars des Safer avec des montages de plus en plus complexes et opaques. La loi d’Avenir de 2014 a accordé un droit de préemption aux Safer pour les cessions totales mais non partielles. Il suffit donc d’acquérir une majorité d’actions pour prendre le contrôle d’une société, tout en s’abritant de leur droit de préemption.

«La vitalité des territoires est en péril», estime l’organisme. «La tendance à l’agglomération de grandes surfaces au sein d’un nombre limité d’exploitations agricoles se développe. Cette concentration est préjudiciable aux transmissions, aux installations et à la consolidation des exploitations. Elle s’accompagne souvent d’une diminution de la valeur ajoutée et de l’emploi», souligne Emmanuel Hyest.

Au vu de tous ces chiffres, ce qui pourrait être le signe d’une «reprise économique» cache une transformation profonde du modèle agricole et l’abandon du «modèle familial», ce qui met en péril la pérennité de l’agriculture familiale. D’autant plus que le renouvellement des générations sera l’un des grands enjeux des quinze prochaines années.

Stéphane Lefever

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